Le coût de l'olive


Avec une production moyenne d'environ 5.5 millions de tonnes par an, l'Espagne est le premier fournisseur mondial d'olives (FAO), loin devant l'Italie et la Grèce. De tels chiffres laissent forcément une trace dans l'environnement, et en Andalousie, première région productrice d'olives espagnoles, l'impact de cette culture saute aux yeux. Il suffit de parcourir la route entre Grenade et Séville pour constater la suprématie de l'olivier. La succession monotone des oliveraies avec leur terre mise à nue anéantit tout effort d'imagination de ce qu'a pu être le paysage originel de cette région. Au-delà de l'érosion des sols, il faut ajouter l'épuisement des nappes phréatiques par l'irrigation et la pollution par les fertilisants et les traitements phytosanitaires, inhérents à cette culture intensive.
Et pourtant, en bordure des champs, la résistance des messicoles s'organise, menée par les vipérines, les chardons et les coquelicots.

Papaver rhoeas
Echium sp
Scolymus hispanicus

Un 18 avril autour de la lagune de Fuente de piedra

Située à 400 mètres au dessus du niveau de la mer et isolée de la Méditerranée par 50 kilomètres de cordillère bétique, la lagune de Fuente de piedra, la plus grande d'Andalousie, est en réalité un grand lac salé qui recueille les eaux de ruissellement d'un bassin d'un peu plus de 150 km2. Ce bassin a la propriété d'être endorhéique, c'est-à-dire que ses eaux ne peuvent s'échapper que par évaporation.
À Fuente de piedra, malgré la dimension respectable de l'étendue d'eau (6,5 km de long sur 2,5 de large, pour une profondeur de seulement 50 centimètres), les 470 millimètres de précipitations annuelles ne suffisent pas à compenser l'évaporation estivale et les 1300 hectares du lac disparaissent entre le mois de juillet et les premières pluies d'automne.


Aussi improbables que paraissent les conditions de vie en raison de l'absence d'eau ou de sa salinité fluctuant entre 9 et 220 grammes par litre (à titre d'exemple, celle de l'eau de mer est d'environ 35 g/l), cet écosystème abrite la plus grande colonie de flamants roses d'Espagne et la deuxième d'Europe. Les quelques 12000 échassiers y trouvent suffisamment de zooplancton pour nourrir leur progéniture jusqu'à l'assèchement du lac. Aussi, quand on le visite en avril et que l'on constate la diversité de la faune, notamment aquatique, on a peine à imaginer que le paysage puisse se transformer au point de ne laisser voir qu'une croûte de sel.

Lapin de Garenne
Émyde lépreuse