Un 26 décembre dans le boisé Du Tremblay

Juste avant la neige, une petite ballade matinale entre loup et chien, ou plutôt entre Chouette rayée et Épervier de Cooper.


Lapin ou lièvre ?

Quand on croise dans la nature un petit quadrupède avec des longues oreilles, le premier réflexe est de dire qu'on a vu un lièvre; probablement parce que le lapin est plus associé à la domestication que le lièvre. Pourtant, j'ai vu plus de lapins à queue blanche que de lièvres d'Amérique. 

En hiver, il n' y a pas de confusion possible. Le lapin garde sa livrée brune tandis que le lièvre la troque pour une blanche plus adaptée à la neige. Mais quand on n'a que leurs traces pour les identifier, il ne reste plus que la taille des empreintes, la longueur de foulée et la largeur de la piste pour les distinguer et comme un gros lapin vaut un petit lièvre, le doute est permis. Dans tous les cas, la forme en Y du groupe d'empreintes est la signature de ces deux représentants de la famille des léporidés, qui se déplacent par bonds; la tête du Y donne la direction du déplacement. 

Dans les photos suivantes, toutes les dimensions correspondent à celles d'un lapin à queue blanche. Nous sommes dans une forêt mixte du Parc national du Mont-Tremblant, dans les Laurentides.

Le lapin se déplace vers la droite selon la séquence suivante: il pose successivement ses deux pattes antérieures (à gauche) pour atterrir du bond précédent, puis les postérieures (à droite) croisent les antérieures et se posent pour préparer le bond suivant. C'est l'allure du lapin qui sait où il va; le bond rapide. Sur le repère, les grands carrés font 1 cm de côté et les plus petits, 5 mm.
Il sort du bois au fond et vient vers nous,...
...nous passe entre les jambes et tourne à droite.
Et puis, avant de traverser le chemin de randonnée sur la droite, il s'asseoit (les postérieures à gauche des antérieures, l'une à côté de l'autre) pour vérifier qu'il n'y a pas de danger.
Pour les photos de droite et ci-dessous, il s'agit d'un autre animal. Si les dimensions correspondent à celles d'un lapin, l'écartement des coussinets digitaux des pattes postérieures fait plutôt penser à un lièvre.
Par ailleurs, les antérieures se posent côte à côte; ce qui traduit le bond lent du lapin prudent ou qui hésite sur le chemin à suivre.

Carte postale du Mont-Tremblant

L'hiver est aux portes de Montréal; nous l'avons trouvé au Parc national du Mont-Tremblant, à 2 heures de route vers le nord. 1510 km2 pour nous seuls ou presque; en trois jours, nous n'avons rencontré que quatre écureuils roux, deux geais bleus, deux pics chevelus, un pic mineur et une dizaine de mésanges à tête noire. Pour ce qui est de nos congénères, à part nos traces sur lesquelles nous sommes parfois repassés, rien à signaler. Sans le craquement de la neige glacée sous nos pieds et le claquement épisodique du bois causé par le soudain refroidissement, nous pouvions entendre le silence.

De nos jours, on ne peut plus prétendre être surpris par la météo. N'empêche, les premiers -20°C ne sont jamais très agréables et les premiers kilomètres à pied parcourus dans cette température comptent double. Le souffle est plus court quand le cœur est occupé à vous réchauffer. Heureusement, les capacités d'adaptation du corps humain sont fascinantes et le même effort le lendemain, à -15°C, vous fait transpirer.

L'eau le sait bien: si tu ne bouges pas, tu meurs
Même à dos de gouttelettes, la COVID ne peut pas voyager très loin par -20

Je ne me plains pas. Ce froid, je l'ai choisi et je fais partie de ceux qui peuvent s'en extraire en ouvrant une porte et en réglant un thermostat. Et si je veux me faire accroire que je suis encore capable d'une vie sans artifice, je peux toujours alimenter mon fantasme en jetant dans le foyer une ou deux bûches qu'une machine a coupé pour moi dans une forêt lointaine.

Geai bleu

Dans le sous-bois, il y avait de la neige, peut-être une quinzaine de centimètres. Pas assez pour les raquettes et c'est tant mieux, car si certains y voient une activité de loisirs "le fun" à pratiquer sur des sentiers tapés et retapés, personnellement je n'y vois qu'un moyen de locomotion nécessaire pour s'éloigner de ces mêmes sentiers sans être avalé par la neige. Il y en avait quand même assez pour que la vie s'y imprime et pour se pratiquer à la lire. Mais ce sera l'objet d'un autre billet.