En allant cueillir des patates

Ce qu'on appelle le Champ de patates ou le Champ du diable, ou encore la Pièce-des-Guérets, est une intriguante coulée de galets sur le flanc du Mont Rigaud à quelques kilomètres de Montréal. D'après les géologues, ce serait une moraine de fond, c'est-à-dire un tapis de roches entrainées par un glacier et sur lequel il s'écoule. Toutefois, d'après la légende mise en rimes par le poête Zéphirin Mayrand, il s'agirait plutôt de l'oeuvre du diable. À vous de vous forger une opinion, je me contente d'exposer les faits !

Douze mille années n'ont pas suffi à la végétation pour effacer les traces laissées par le glacier; c'est peut-être ce qui est le plus impressionnant.

Quoi qu'il en soit, on a érigé une croix au sommet du Mont Rigaud...au cas où. 
Si elle a conjuré le sort, elle n'a pas empéché le fléau des spongieuses de s'abattre sur la forêt de chênes. Nous y étions le 4 juillet, mais on se serait cru au début du printemps. Heureusement, les chenilles passent et les feuilles repoussent. Et puisque la spongieuse est partout cette année, même dans nos jardins, ne vous précipitez surtout pas chez votre fournisseur de pesticides. Les arbres ont moins à craindre de la chenille que nous des insecticides.

La spongieuse n'a rien laissé...
Mais le chêne n'a pas dit son dernier mot

Le docteur Folamour fait du jardinage

Le parc de l'île de la Visitation est l’îlot au centre. Montréal est à droite, Laval à gauche. 

Avant-hier, je me promenais au parc de l'île de la visitation, sur la rive nord de Montréal. Je regardais vers l'île de Laval de l'autre côté de la rivière des prairies et me réjouissais de voir la rive si boisée dans un milieu urbain pourtant densément peuplé, jusqu'à ce que je remarque une trouée dans les arbres. 

J'ai d'abord pensé à un glissement de terrain, mais ces sphères vertes sur le terrain...c'était bizarre. Ce n'est qu'en zoomant avec mon appareil photo que j'ai compris que le docteur Folamour, après avoir survécu à la bombe, s'était installé à Laval (Québec) et s'était reconverti dans le paysagement. Survivra-t-il à l'érosion du sol, au réchauffement planétaire et à la pollution des eaux ? Il s'en fout, il vit son rêve.

À ce propos, moi aussi je vais vivre mon rêve; je pars sur l'île aux Basques avec ma blonde, une île sans eau, sans électricité et sans internet au large de Trois-Pistoles. J'en ai déjà parlé ici et j'en reparlerai sûrement à mon retour.

Escapade en Estrie (2/2)

Le mont Pinacle surplombe le lac Lyster; on y monte par un sentier à l'ombre d'une érablière.

Après la tourbière de Johnville et ses sabots de la vierge (voir le billet précédent), la route nous a conduit au mont Pinacle qui, comme l'acception géologique du terme l'indique, est un piton rocheux au coeur des Appalaches québécoises. Situé près des lignes américano-canadiennes, nous avions prévu d'y monter pour admirer la vue sur les Appalaches états-uniennes; un peu comme si nous jetions un coup d'oeil par-dessus la clôture. 

Du mont Pinacle, on a une vue sur le Vermont (EUA)

Avec ses 675 mètres d'altitude, le mont Pinacle n'est peut-être pas très impressionnant, mais il a une très longue histoire à raconter. En fait, le piton d'aujourd'hui fait partie d'un vieux pluton (le pluton Averill) mis au jour par l'érosion glaciaire. Comme tous les autres de son espèce, il est né d'une poche de magma qui remontait du manteau terrestre et s'est cristalisée avant d'atteindre la surface.

Cela s'est produit il y a environ 400 millions d'années au cours de la deuxième des trois phases d'érection des Appalaches: la phase acadienne qui correspond à la collision entre le continent Laurentia et le microcontinent Avalonia. À cette époque, la subduction des plaques a produit de nombreux plutons que l'on retrouve tout au long des Appalaches jusqu'à Terre Neuve. Une carte visible ici montre les plutons de l'est du continent américain en rouge et donne un aperçu de l'ampleur du Averill (Av). À cheval sur le Québec et le Vermont; il mesure environ 21 km de large au niveau de la frontière.

À l'ordovicien (480 millions d'années), Iapethus a atteint son ouverture maximale. Le continent Avalonia s'écarte de l'ancien supercontinent Rodinia et commence sa migration vers le nord.
Au silurien (440 miliions d'années), Iapéthus se referme. Avalonia est entré en collision avec le sud de Baltica et se dirige vers Laurentia. Un arc d'îles volcaniques créé au coeur de l'océan Iapéthus par le mouvement des plaques est déjà entré en collision avec Laurentia; c'est la naissance des Appalaches.
Au dévonien (400 millions d'années), la rencontre entre Laurentia et Avalonia élève les Appalaches et fait disparaître définitivement Iapéthus; la côte orientale de Laurentia est alors baignée par l'océan Rhéïque, mais cela "ne durera pas".   

Les cartes sont extraites du site PALEOMAP: 
Scotese, C.R., 2002, http://www.scotese.com, (PALEOMAP website).
Mais trêve de blabla géologique et revenons aux choses sérieuses. 
En redescendant du mont Pinacle, nous avons croisé la route d'une paruline bleue descendue de son érable pour venir nous pousser la chansonnette et sur le lac Lyster, en contrebas, il y avait un couple de plongeons huards qui profitait de l'heure matinale pour faire le tour de son domaine avant l'invasion des motomarines et des pontons à moteur.