Un premier octobre À North Bay (Ontario)

Escale à North Bay, une petite ville ontarienne sans autre charme que ses zones de conservation de la nature arrachées aux promoteurs immobiliers et aux industries locales; encore un endroit où l'on mesure sa virilité - c'est valable pour les femmes aussi - à la taille de son pick-up et au bruit que fait son moteur. À North Bay comme ailleurs, j'ai l'impression que même les pieds dans l'eau et les toits emportées par  des tornades, on se lamentera sur le dérèglement climatique sans soupçonner que l'on y est pour quelque chose.

Après avoir trouvé un motel au bord du lac Nipissing, nous allons nous dégourdir les jambes dans un petit parc résidentiel juste à côté. Sur la rive, il y a justement un "flock" de pipits d'Amérique en migration qui se ravitaillent dans le gazon, un grand chevalier, un grèbe esclavon et cinq cygnes trompettes au large. C'est pas si mal, North Bay.

Grand Chevalier

Un 29 septembre à Nédélec (Témiscamingue)

Nous avions entendu parler d'un sentier d'interprétation à Nédélec ayant pour thème les plantes médicinales. C'était la fin de la journée, il faisait gris et les plantes, un 29 septembre, c'est comme plus trop la saison. Mais bon, la curiosité et mon intérêt pour ce genre de sujet... J'ai finalement réussi à convaincre ma blonde d'aller y faire un détour. 

L'endroit avait quelque chose d'étrange avec des paons et des faisans dans une volière en ruine, des "lapins de compagnie" qui courraient en liberté dans un décor de forêt boréale mixte, mais tout ça pour une noble cause alors...j'en ai profité pour récupérer quelques graines d'asperge et de mauve.

Les fruits de l'asperge

Au retour, ma blonde me dit qu'elle vient de voir quatre grues du Canada dans un champ au bord de la route.  Nous les avions entendues en vol dans la matinée sans les avoir encore vues malgré le fait que le Témiscamingue est une place réputée pour l'observation de la grue en migration. 

Demi-tour pour faire des photos. Elles sont bien là, mais pas toutes seules. Il y en a des centaines (nous avons arrêté le compte à 300) dans le champ, en groupes familiaux de 3 à 5, et il en arrive d'autres pour une halte migratoire. Finalement, le détour valait la peine.

Grues du Canada

Sur la terre des faucons et des Algonquins

Aujourd'hui, nous devions aller faire le sentier des cascades quelque part au sud du village de Laforce. Après quelques kilomètres de belle piste, nous finissons par trouver l'accès pour finalement nous rendre compte après une cinquantaine de mètres de marche que le sentier a été rendu à la nature. Il ne reste qu'un gazébo, une table à pique-nique et quelques graffitis d'ados.

Au Témiscamingue, l'automne est commencé.

Qu'à cela ne tienne, nous décidons d'aller voir à quoi ressemble le bout de la route et le village de Winneway qui en marque la fin. Sur le chemin, nous croisons plusieurs crécerelles d'Amérique et faucons émerillons perchés sur les fils électriques. Nous n'en avons jamais vu autant que depuis que nous sommes au Témiscamingue. Nous avons également pu observer le faucon pélerin.

Faucon émerillon
Crécerelle d'Amérique

Sur le point d'arriver, nous sommes arrêtés par un poste de contrôle que nous ne nous attendions pas à trouver là. Trois jeunes gens souriants et sympathiques en sortent et nous demandent en anglais ce que nous venons faire là. Ils nous apprennent alors que nous arrivons dans la communauté de Winneway, territoire de la première nation algonquine Long Point. L'objectif du contrôle est de confirmer notre état vaccinal en montrant notre vaxicode. Quant à la raison de notre visite, la simple curiosité de voir à quoi peut ressembler le bout de la route fait sourire les jeunes, mais nous rend plutôt mal à l'aise, ma blonde et moi.

Ce malaise, nous le ressentons à chaque fois que le hasard de la route nous mène à une réserve. Impossible de surmonter ce sentiment de culpabilité d'appartenir au camp de l'oppresseur (et pourtant, je ne suis pas né sur ce continent et cette histoire n'est pas la mienne), de faire partie de ceux qui ont massacré les Premières Nations, qui ont inventé le concept de réserve pour ostraciser les survivants et qui continuent à les exclure et à les maltraiter. Alors, nous sommes allés au bout de la route, sans plaisir, et nous sommes retournés sur nos pas.