Un phoque à Longueuil

Pendant que ma blonde est partie faire tourner des ballons sur son nez à Montréal, je passe l'aspirateur en jetant quelques coups d'œil par les fenêtres. 

Au sous-sol, nous avons un beau poste d'observation qui donne une vue sous la terrasse. Le vent n'y souffle pas, la neige ne s'y accumule pas et la chaleur qui s'échappe toujours un peu de la maison en fait un endroit presque confortable pour la faune. Ce matin, le soleil froid (-28°C ressenti) a poussé les tourterelles à s'y rassembler. 

Le dernier des goglus

Un drôle de nom pour un oiseau avec un drôle de chant. C'était au mois de mai dernier dans le Parc national de Plaisance et cela faisait presque une éternité que je n'avais pas vu un goglu des prés

Si vous en croisez l'été prochain, profitez-en, car lui aussi à tendance à disparaître. Au cours des 40 dernières années, ses effectifs ont chuté de 88 % et il est maintenant classé dans les espèces menacées. Les raisons de ce déclin ne sont pas à chercher bien loin. L'oiseau niche dans les prairies que nous nous sommes accaparés pour en faire des prés. L'oiseau s'en satisferait, mais l'agenda de l'agriculteur industriel est incompatible avec celui de la perpétuation de son espèce et une fauche trop hâtive détruit les nids.

Il y aurait bien des solutions. Par exemple, on pourrait retarder la fauche, laisser une parcelle aux oiseaux ou contourner les nids. Elles fonctionnent dans d'autres pays, avec d'autres espèces d'oiseaux. Ce ne sont pas des mesures faciles à implanter, car il faut fixer des prix et les comptables ne comprennent la valeur de la biodiversité pour les rendements que lorsqu'elle a disparu.          

Ne rien faire, c'est encore mieux

Dans le jardin, il y a quelques bouquets d'asters plantés de-ci de-là pour fleurir le début de l'automne. La plupart sont indigènes, mais il y a aussi quelques variétés horticoles (une erreur d'amateur d'aster). Habituellement, je rabats les tiges ligneuses après les premiers gels à une dizaine de centimètres du sol en prenant soin de les couper en biseau acéré pour "emm.." les écureuils (façon Macron avec les antivax) qui viennent enterrer des glands ou déterrer des bulbes. Ça ne sert à rien, mais ça me fait du bien de les imaginer se piquer le museau.

Cette année, poursuivant mon chemin sur la voie du non-interventionnisme en nature et aussi parce que je trouve un certain charme à ces tiges mortes balayées par le vent, j'ai laissé un bouquet intact. J'ai très bien fait; les oiseaux se bousculent pour venir manger les graines, pourtant minuscules, qui tombent sur la neige et pour y trouver refuge contre le vent et l'épervier qui passe. C'est décidé, l'année prochaine, je généralise.