Éthologie (à deux sous) des mangeoires

Après le verglas de cette nuit, je suis allé vérifier si les mangeoires anti-écureuils n'étaient pas bloquées par le gel; le principe de fonctionnement étant qu'un animal trop lourd ferme l'accès aux graines en faisant coulisser les perchoirs vers le bas.

Comme à chaque fois, je me suis laissé captiver par le manège des oiseaux, observant les hiérarchies et les stratégies qui règlaient leur trafic. 

La loi première qui semble être la même que chez les humains - preuve que ces derniers ne sont pas encore parvenus à s'extraire de leur condition animale - est celle du plus gros ou du plus fort. Selon cette règle, les roselins familiers s'imposent sur les chardonnerets jaunes. 

Le va-et-vient des mésanges à tête noire, pourtant plus petites, mais indifférentes aux autres, pourrait infirmer cette règle. En réalité, elles ne sont que l'illustration d'un corollaire. La force et la taille ne valent rien; elles ne sont ni bonnes, ni mauvaises, mais ne dépendent que de la volonté qui les anime. Or, ceux qui connaissent les mésanges savent qu'elles n'ont peur de rien. D'ailleurs ne viennent-elles pas manger dans nos mains ?

Une seconde loi est celle du nombre et de l'union. Si les chardonnerets jaunes profitent d'une absence des roselins pour accéder aux mangeoires et s'ils ne sont pas divisés par leurs querelles intestines, ils peuvent tenir la position un certain temps.

Enfin, en observant les interactions entre les mâles (en rose) et les femelles (en brun) des roselins familiers, j'ai eu l'impression que leur société était plutôt égalitaire ou légèrement matriarcale en ce qui a trait aux relations entre les sexes.  

En regardant par la fenêtre

Il y avait la mésange bicolore dans le sureau, tout près de la maison, et cet épervier, probablement de Cooper, avec sa calotte plus foncée et le liseré blanc bien marqué au bout de la queue. Lui et moi nous sommes regardés droit dans les yeux, un privilège réservé aux prédateurs que nous sommes tous les deux.

En effet, pour percevoir le relief et évaluer les distances avec suffisamment de précision pour capturer une proie, il faut être doté d'une vision stéréoscopique, c'est-à-dire être capable d'envoyer au cerveau deux images légèrement décalées du même objet. Le chevauchement des deux champs visuels lui permet ainsi de faire des calculs savants qui lui fournissent la mesure précise de la distance de la proie, de l'effort à fournir pour l'atteindre et de la probabilité de réussir. Si la proie est trop éloignée, les chances qu'elle s'échappe augmentent et l'apport d'énergie d'une capture ne compensera peut-être pas la dépense de la poursuite. Tout est à prendre en considération.

À l'autre bout de la chaine alimentaire, la proie, en l'occurrence la mésange bicolore, n'a pas besoin de connaître la distance du prédateur. Tout ce qu'elle veut, c'est être avertie de sa présence et pour ça, il faut être capable d'embrasser le paysage en un seul regard. Inutile d'avoir des yeux tout le tour de la tête, un de chaque côté suffit à lui procure un champ de vision XXL.

Moi évidemment, avec ma vision de prédateur, je n'avais d'yeux que pour la mésange. Je n'avais pas vu arriver l'épervier. C'est elle qui m'a alerté de sa présence en se figeant contre la branche du sureau.

Joyeux Noël à toutes et à tous

J'espère que vous avez reçu les cadeaux que vous attendiez. Moi, j'ai reçu un virus. Je ne sais pas comment je l'ai attrapé, mais puisqu'on fête la nativité, fruit de l'immaculée conception, j'imagine que tout cela a un sens. La bonne nouvelle, c'est que je ne suis pas enceint de la COVID.

Pour terminer ce billet festif sur une note positive, je vais vous donner un truc de pro de la rénovation pour connaître la qualité de l'isolation thermique de votre maison. Ce n'est pas compliqué; il suffit de disposer quelques tourterelles tristes dans votre jardin. Si elles viennent se coller contre les murs, cela signifie que votre maison est mal isolée.