Un 29 mars dans le Boisé du Tremblay

Au boisé, c'est bel et bien le printemps; seule la température refuse encore de l'admettre. À ma grande surprise, les grenouilles des bois et trois rainettes crucifères chantaient déjà, probablement pour se réchauffer. C'est tôt et les 10 centimètres de neige qu'on nous annonce en fin de semaine devraient les aider à remettre leur pendule à l'heure

Canard colvert

Dans les mares à peine dégelées, les colverts retrouvent leur quartier d'été et nous nous attendons à retrouver les "nôtres" d'un jour à l'autre. Les premiers migrateurs sont arrivés: un urubu à tête rouge et quelques bruants chanteurs encore aphones et furtifs qui préfèrent trotter dans ce qu'il reste de la végétation que se percher dans le vent glacial pour revendiquer leur territoire.

Boisé du Tremblay

Autre nouvelle importante: ça y est, les bûcherons ont enfin décidé d'effacer les marques qui avaient été faites sur les frênes morts. Les peupliers faux-trembles, les bouleaux gris, les aubépines et autre ligneux de première ligne se réjouissent de ce nouveau terrtoire qui leur est offert. Espérons que les nerpruns et autre envahisseurs barbares venus de l'Est n'en aient vent.

En parlant d'envahisseurs, il y en a quand même un, courageux, que j'ai eu plaisir à retrouver. Il s'agit du tussilage, le second à fleurir le long du chemin, après les masques chirurgicaux bien sûr.

Tussilage

Espéré et redouté

Première semaine autour de 15°C. Au Québec, le printemps ne prévient pas. Il réussit même à surprendre l'hiver qui ne peut que battre en retraite dans la débacle la plus totale.

Au jardin, la neige se retire et c'est le moment du bilan, tant espéré et craint à la fois: quelles plantes ont survécu ? Ou pour être plus précis: quelles plantes les campagnols ont-ils laissé ?

Des orifices et des fantômes de galeries qui n'annoncent rien de bon

Cette année, la  fonte a révélé un réseau important de galeries creusées entre sol et neige, ainsi que plusieurs nids tapissés de mes plantes déchiquetées. La Sauge officinale, une vieille souche ligneuse que j'avais depuis des années, ne s'en remettra pas, et ma lavande, des graines qui venaient de France et que j'avais réussi à faire survivre à plusieurs hivers, a pris un méchant coup.  Des envies de génocide m'ont traversé l'esprit, mais ce serait peine perdue, et surtout beaucoup trop risqué pour les autres espèces, surtout notre tamia rayé déjà très actif. 

Nid parfumé à la sauge, un "must" chez les campagnols

De toute façon, la disparition de la couverture neigeuse suffit généralement à faire refluer les "Attila" vers le bois et à stopper les dégats. Sinon, j'interviendrai. Et puis, l'hiver prochain, j'ouvrirais peut-être la porte au renard... au risque de laisser entrer le lapin. 

Lavande, Aurone, tout ce qui est ligneux se mange; tout ce qui est herbacé sert de litière  

Des traces....

...d'une vie disparue depuis 465 millions d'années. Nous sommes au parc régional de Saint-Bernard-de-Lacolle, à quelques kilomètres d'un précédent billet.

Même époque (le formation de Beauharnois),  même paysage (une mer chaude et peu profonde), même vie (des animaux fouisseurs) dont il ne reste que les terriers fossilisés.