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Compost d'hiver

Composter a de nombreux intérêts à condition bien sûr de pouvoir disposer du compost, c'est-à-dire d'avoir un jardin ou de connaître des personnes qui en auront l'usage. Personnellement, je l'utilise pour engraisser mon jardin de fardoches (comme l'a gentiment baptisé une journaliste de passage), et ma jungle d'intérieur. J'y trouve deux avantages: (1) économiser l'achat de composts commerciaux emballés dans du plastique et (2) réduire considérablement le volume de mes poubelles en retirant de l'enfouissement global tous mes déchets d'origine végétale, papier compris.
Composteur extérieur
Ainsi, pendant la moitié de l'année la plus clémente, soit de mai à octobre, j'envoie les déchets de cuisine, de boîte aux lettres et de rédaction (préalablement déchiquetés) dans un composteur extérieur fait à la main avec quelques chutes de bois. Le reste du temps, j'utilise un composteur d'intérieur également fait main. Dans le premier, les déchets organiques sont transformés en humus par la multitude de micro-organismes et d'invertébrés décomposeurs qui vivent dans le jardin. Dans le second, le travail est effectué par des lombrics.
Attention, on ne parle pas ici de n'importe laquelle des 6000 à 7000 espèces de vers de terre recensées dans le monde. Non, il est question de l'extraordinaire Eisenia foetida, mieux connu sous le nom de ver du fumier.
Ce lombric originaire d'Europe fait partie des espèces de vers épigées; ce qui signifie qu'il passe toute sa vie dans les couches superficielles du sol. D'autres espèces peuvent être endogées (vivant et se nourrissant en profondeur) ou anéciques (se nourrissant en surface et vivant en profondeur) comme le ver de terre commun (Lumbricus terrestris)
Introduit en Amérique du Nord, Eisenia foetida a fini par s'installer là où les conditions lui étaient favorables. Je ne pourrais pas dire s'il s'est naturalisé au Québec, car les températures hivernales descendent bien en deça des 5°C qu'il est capable d'endurer. En tout cas, dans mon composteur extérieur, il n'a jamais franchi le cap de l'hiver. Quoi qu'il en soit, Eisenia foetida est très recherché par les adeptes du vermi-compostage, une popularité qu'il doit à sa voracité, à sa rapidité de digestion et à sa facilité d'élevage. 

Eisenia foetida

Faire son compost à l'intérieur est à peine plus compliqué que de le faire à l'extérieur. Inutile de s'inscrire à un atelier ou d'acheter un manuel technique, il faut essayer et se tromper. Les deux principales difficultés sont de trouver un contenant adéquat et de se procurer des vers.
Composteur intérieur
L'utilisation de 3 bacs (les 2 supérieurs pour le compost) permet
de récupérer le compost fini sans perdre les lombrics. Lorsqu'un
des bacs est prêt à être vidé, on ajoute les déchets dans le bac vide.
Les vers vont migrer grâce à des orifices qui auront été percés
entre les deux et on pourra vider le bac plein après quelques jours.
En ce qui concerne le contenant, il doit être:
  1. résistant à l'humidité
  2. muni d'un système de drainage pour récupérer le "thé de compost", un liquide brunâtre, transparent et inodore qui s'accumule au fond du composteur et qui risque de noyer les lombrics.
    L'apparition de ce "thé de compost" après quelques semaines est un signe de santé des vers et de bon fonctionnement du composteur. Riche en nutriments, il peut être utilisé pour arroser et fertiliser les plantes. Pour le récupérer, le plus simple est de se procurer deux bacs emboîtables, de percer des orifices dans le fond du bac supérieur et de les recouvrir de moustiquaire pour retenir le compost et laisser percoler le liquide.
  3. opaque, car les lombrics sont des travailleurs de l'ombre; ils n'aiment pas la lumière. Toutefois, si le contenant est transparent, il suffit de le recouvrir de tissu ou de carton d'emballage de la bonne dimension, ou encore de l'enfermer dans un placard.
Concernant les vers, si on peut s'en procurer gratuitement en Europe - il suffit d'aller gratter le tas de compost de son voisin jardinier ou le tas de fumier de son voisin agriculteur pour en ramasser - c'est une autre histoire au Canada. Ici, le meilleur moyen d'en acquérir  est de passer par la filière "plus-c'est-bio-plus-c'est-cher", qui vous en vend 500 grammes, litière incluse, au pris de 40 $ environ. Un petit conseil avant de les introduire dans leur résidence définitive: il est préférable de s'assurer en les étalant dans un contenant provisoire qu'ils ne sont pas accompagnés d'autres invertébrés indésirables qui pourraient avoir envie de proliférer en dehors du composteur (drosophiles, cloportes, perce-oreilles ou autres).




On nous ment

Depuis que Miss Météo nous a annoncé le printemps, il y a une semaine, chaque matin, mes graines et moi regardons par la fenêtre avec la ferme intention d'investir le jardin.


Manifestement, on s'est moqué de nous. 

Les océans se vident ...


... plus vite que nos assiettes se remplissent. Notre consommation galopante, la surpêche et la pollution les transforment en désert liquide. Bien sûr, j'en avais entendu parler, mais j'habite loin de la rive et ce n'est qu'une goutte de plus dans l'extinction globale des espèces. Ce n'est qu'en travaillant à la mise à jour d'une encyclopédie des aliments que j'ai vraiment pris conscience du désastre. Consignes de l'éditrice: évoquer les problèmes de la surpêche et indiquer les choix éco-responsables en matière de consommation de poisson. Facile, je vais parler de l'aquaculture et des poissons d'élevage. C'était sans compter sur l'avidité de mes congénères: hormones de croissance, antibiotiques, contamination aux métaux lourds, défrichage des mangroves, accumulation des excréments dans l'environnement.
La solution serait de se limiter, mais comme tout le monde, même si je n'en ai besoin que d'un, j'en achète deux; c'est tellement plus avantageux. Comme les autres, je manque de courage. Plus on me facilite la vie, moins je la trouve facile. Je ne m'abaisse plus à arracher un pissenlit et je préfère respirer les vapeurs d'essence dans le sillage de ma tondeuse plutôt que de la pousser en silence; j'aime le bruit des moteurs. Je coupe les arbres qui cachent ma maison et je fais installer l'air climatisé. Je n'aime pas me sentir à la merci des éléments: tempêtes de neige, de pluie, de vent, d'étudiants, de foulards, alouette...C'est quoi une alouette ?       

Gros-père

Quand écrire 10 lignes vous demande tout un effort, quand tout geste prend des allures de montagne à soulever, c'est la dépression saisonnière. Rien de bien grave, mais il va falloir attendre encore jusqu'au 10 janvier avant que ma glande pinéale comprenne que les jours rallongent. En attendant, je vais me forcer pour présenter Gros-père. 


Gros-père, c'est le nom qu'on a donné à un vieux chat errant et borgne, mangeur d'oiseaux et de tamias rayés que nous n'avons pas pu nous empêcher de prendre en pitié. Il n'est pas rancunier, car, plus jeune, je le chassais du jardin. Je pressentais en lui un redoutable chasseur; ce que sa longévité et ses cicatrices n'ont pas démenti.
Aujourd'hui, nous essayons de l'aider à passer à travers la mauvaise saison sans en faire plus que de lui offrir de l'eau et de la nourriture. Nous avons renoué quelques liens d'amitié respectueuse. Jamais il ne franchit le seuil de la porte; il aime trop sa liberté. Nous sentons que la fin se rapproche et quand il n'est pas au rendez-vous, nous l'imaginons couché au pied d'un arbre dans le bois, reposant là où il a aimé vivre. Mais, il n'en finit pas de nous surprendre et il réapparait toujours sur le pas de la porte. 
Vivement le printemps !

Signe des temps


Vu à Tours (France) et ailleurs, cette nouvelle tendance à vouloir priver les arbres d'une dimension. Faut-t-il y voir la traduction d'une rectitude (pour ne pas dire rigidité) morale ou la volonté de nous tailler un monde à notre mesure, finalement assez limitée. Est-ce beau ?
"Regagnez les rangs où vous serez abattus. Nous ne tolèrerons aucun écart."  Une vision de l'avenir ? L'avenue semble toute tracée.

Carte postale de Hollande

Alors que Curiosity atterrissait lourdement sur Mars pour y chercher des traces de vie à grand renfort de propulsion nucléaire, mes pieds nus trébuchaient sur la plage de Scheveningen aux Pays-Bas et j'y trouvais de la vie. Des Corneilles noires (Corvus corone corone) et des naturistes eurent ainsi l'occasion d'observer le passage d'un naturaliste.


Les séjours impromptus et brefs dans des pays à découvrir sont toujours une grande source de frustrations, tant il y a de choses à voir. Dans les vieux pays, le choix entre nature et culture est difficile et la richesse de la culture l'emporte souvent sur la nature, depuis longtemps façonnée. On parcourt l'Histoire en déambulant dans les vieux centres-villes et les musées et, ce faisant, on observe ce que les résidents ne voient plus; la faune et la flore alentours, grande source d'émerveillement pour les yeux neufs des visiteurs du "Nouveau-Monde".
J'aurai l'occasion de revenir plus tard sur quelques observations d'oiseaux très communs en Europe, mais je ne peux m'empêcher de livrer quelques impressions des Pays-Bas; impressions tronquées d'un touriste pressé, qui ne connait de la langue que deux versions de "bonjour" et de "merci". Il faut donc s'en méfier.
Les gens d'abord. Le principal sentiment que m'a inspiré ce pays est que je pourrais y vivre. J'y ai trouvé une grande tolérance. Pas une tolérance feinte comme en Amérique du Nord, qui est plutôt une indifférence favorisée et entretenue par les distances et l'espace. Non, une tolérance sincère qui résiste à l'épreuve de la promiscuité d'une population dense habitant un territoire restreint.
L'été y est bercé par des prestations musicales gratuites livrées dans les parcs municipaux ou sur les canaux, où tout le monde se retrouvent dans une ambiance conviviale, sans bousculade, pour profiter de l'instant.

   
La nature ensuite. Vu d'en haut, je retiens l'immense plage rectiligne que constitue la côte, la faible densité du couvert forestier et l'omniprésence de l'eau. Vu de mon mètre soixante dix, je me considère chanceux d'avoir pu vivre au sec par moins 8 mètre sous le niveau de la mer. Pour le reste, J'ai toujours eu le sentiment que la nature était plus loin de l'humain en Europe qu'en Amérique du Nord. C'est évidemment une question d'histoire, d'occupation et de transformation du territoire. Pour les oiseaux, il faut dire que la période entre la fin de la nidification et le début des migrations était mal choisie. Aussi, je ne m'attendais pas à grand chose et, même si elles sont banales pour un observateur européen, j'ai quand même fait de belles, longues et surprenantes observations.


Autre élément important du décor hollandais, c'est le sable qui se décline autant sous la forme naturelle de plage (il n'y en a qu'une, mais elle est longue), de dunes et de digues protectrices, que sous la forme artificielle de pavés. D'une grande diversité de formes, de coloris et d'agencement, ils sont omniprésents dans le paysage urbain.          

Invitation au voyage

Des broméliacées, une orchidée, Kokopelli l'esprit voyageur et fertile, des geckos qui grimpent aux murs, autant d'impérieuses invocations pour l'esprit anasazi qui, ce matin, chevauchait un rayon de soleil.

Musique: extrait de Dreamscapes - Canyon People, de R. Carlos Nakai

D'est en ouest

En route vers l'Alberta, deux choses sautent aux yeux en survolant les plaines: l'absence d'arbres et l'ominprésence de l'eau, qu'elle court à travers la prairie ou qu'elle s'enferme dans ses dépressions.
L'arrivée à Calgary ressemble à n'importe quelle arrivée dans une ville nord-américaine. Au centre, les temples de l'économie libérale ont remplacé les églises de l'ancien monde. Autour, les banlieues sur lesquelles ces nouvelles tours de Babel appuient leur vaine tentative de gratter le ciel.

Si je t'attrape...

Une rencontre inattendue ce matin, dans le jardin: une sangsue en ballade. Sortait-elle du bassin, du bois innondé ? Mystère.
Je ne pourrais préciser l'espèce; il y en a environ 650 dans le monde et à peu près 60 au Canada. Leur taille varie entre 1 et 20 centimètres; celle-là en faisait 6 à 8.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les sangsues:
  • elles font partie du phylum des anélidés (les vers), le phylum se situant entre le règne (animalia) et la classe (clitellata).
  • elles sont hermaphrodites.
  • elles peuvent être aquatiques, marines ou terrestres.
  • elles ne sont pas toutes hématophages et celles qui le sont peuvent avoir un intérêt médical.
  • la meilleure façon de les enlever n'est pas celle qu'on voit au cinéma (sel, mégot ou fumée de cigarette, alcool, vinaigre et autre substance chimique). Elles risquent de régurgiter et d'infecter la plaie, car leur estomac peut contenir des bactéries. La meilleure méthode est de glisser un ongle ou un objet mince et plat sous la bouche (le côté pointu), et une fois la bouche détachée, de tirer dessus pour décoller le pied (l'autre extrémité). Comme elle sécrète un anticoagulant, le sang peut continuer de couler pendant un temps. Il faut aussi éviter de se gratter après, c'est l'autre façon de s'infecter.
En cherchant des informations sur l'espèce, j'ai lu sur des forums qu'au Québec une espèce, dont je tairai le nom pour éviter de lui attirer des ennuis, pouvait s'attaquer à l'homme. S'attaquer ? Ayoye, comme dans "partir en guerre" ou comme dans "tu passes par là, j'te suce" ?