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Résupination

Ça y est. Comme chaque année à cette époque, mon orchidée se résupine; c'est-à-dire qu'au fur et à mesure que ses fleurs s'épanouissent, elles tournent sur elles-mêmes d'environ 180 degrés. Dans la photo ci-contre (cliquer pour l'agrandir), les deux fleurs du bas de l'épi ont achevé leur rotation tandis que celle du haut qui s'est ouverte plus tard en a accompli cinquante pour cent. 

La résupination n'est pas propre aux orchidées, mais elle est caractéristique de cette famille de plantes. La rotation s'effectue au niveau du pistil, l'organe sexuel femelle de la fleur qui sert aussi de lien avec la tige florale.

Hé oui, c'est une autre particularité des orchidées. Le pédoncule vert de la fleur d'orchidée n'en est pas un; c'est le futur fruit. Vrillé pour placer la fleur épanouie dans une position avantageuse pour les pollinisateurs, soit le pétale extravagant (ou label en botanique) vers le bas, il revient à sa position initiale une fois la fécondation faite. 

Pendant que j'y suis... Si, dans vos conversations de Noël, votre belle-mère se met à vanter les extraordinaires grappes de fleurs de son orchidée, vous pourrez toujours lui dire qu'elle se trompe, parce que pour faire des grappes, les fleurs puis les fruits doivent avoir des pédoncules, comme les raisins. S'ils ou elles n'en ont pas, le terme botanique approprié pour décrire l'ensemble des fleurs est l'épi.

Résupinée
En pleine résupination
Pas un pédoncule, mais un pistil

Un 29 septembre au bord du lac Boivin (Québec)

Galane glabre, mais pas partout

Dimanche dernier était une belle journée d'automne que nous avons mise à profit pour aller au Centre d'interprétation de la nature du lac Boivin

La thélyptère des marais: une fougère aussi hydrophile que l'onoclée sensible 

L'endroit est agréable pour se promener en famille, nourrir les écureuils roux, les tamias rayés et les mésanges à tête noire. C'est un plaisir qu'il ne faut pas bouder, surtout si on a des enfants, et cela se sait. D'ailleurs, s'il n'y avait ce trottoir de bois qui longe la rive marécageuse de la rivière Yamaska et qui donne accès à la flore et à la faune aquatique, je ne sais pas si j'y viendrai chaque année. Il y a beaucoup trop d'humains et le carcajou en moi fuit le contact avec cette espèce. En tout cas, c'est ce que prétend ma blonde après que je lui ai lu, un soir de camping autour du feu, le chapitre qu'a consacré Serge Bouchard à cet animal dans son bestiaire, un livre dont je recommande vivement la lecture.  

Un grand pic juvénile (plumes brunes et mohawk incomplètement rouge) 
Cinquante pas auparavant, je me plaignais de ne pas avoir vu de troglodyte des marais depuis longtemps.

Bref, si la journée était belle, elle sonnait quand même comme un été qui s'achève ou un automne qui n'ose pas encore afficher ses couleurs. À l'exception des galanes et de quelques asters, tout était défleuri et les canards semblaient avoir déserté les lieux. Ils n'étaient pourtant pas dépourvus de vie, comme nous avons pu le découvrir une fois nos sens ajustés au diapason de la nature. J'ai même pu revoir ce martin-pêcheur qui m'accompagne si bien dans mes sorties que j'en ai fait mon animal-totem. 

Un lapin à queue blanche qui nous a fait longtemps hésiter pour un lièvre d'Amérique

Le prunier noir

Le 7 mai 2024

Ce printemps, j'ai eu le plaisir de trouver un prunier noir (Prunus nigra) en me promenant dans le boisé du Tremblay. Seul prunier indigène au Québec, il n'est pas rare, mais n'est pas non plus très abondant. On le trouve autour des Grands Lacs, jusqu'au sud du Manitoba vers l'ouest et jusqu'à la côte atlantique vers l'est.

Comme je voulais goûter à ces prunes, je l'ai visité régulièrement. Ce fut long, très long, mais ça en valait la peine. Le fruit de couleur orange, presque rouge, est juteux et sucré à condition de le cueillir bien mûr.   

Le 11 août 2024 et pas encore assez mûre

Fini les vacances

Je m'aperçois que je n'ai rien écrit depuis le mois de juin. C'est probablement une conséquence des grandes vacances dont j'ai profité, entre autres, pour rénover, approfondir mes connaissances des fougères, découvrir la Nouvelle-Écosse et accumuler du matériel photo pour alimenter ce blog.

Mais le temps passe et, hier, deux signes m'ont été envoyés pour me rappeler que la rentrée et l'automne étaient arrivés : (1) les colchiques commencent à fleurir et (2) j'ai attrapé une souris dans la maison. 

S'il y a une chose sur laquelle on peut se fier pour annoncer l'automne, ce sont bien les souris ; aussi fiables que les fourmis pour le printemps. Malheureusement, elles ne survivent pas à leur présage. Attirées par les raisins de la vigne vierge qui grimpe le long des murs, je suppose qu'elles apprécient la chaleur qui se dégage des briques et se disent qu'il serait bon de passer l'hiver en dedans. Comme les souris sont d'excellentes grimpeuses, elles finissent toujours par trouver un chemin pour s'introduire. Avant, nous avions des chats qui se chargeaient de réguler la population, mais ils ont fait disparaitre les tamias. Maintenant, c'est moi qui me charge de rétablir l'ordre : quelques pièges à des endroits stratégiques à l'extérieur que je pose le soir et désamorce le matin jusqu'à ce que je n'en attrape plus. Ça dure environ un mois et le problème est réglé jusqu'à l'année suivante.   

Le mont chauve

À une heure et demie de Montréal vers l'est, il y a de belles promenades à faire dans le parc national du Mont-Orford. Ce parc protège quelques sommets des contreforts des Appalaches qui culminent à 850 mètres et des poussières grâce au mont Orford.

Cette fois-ci, nous avons choisi de suivre le sentier qui mène au sommet du mont Chauve en passant par la porte de derrière à travers l'érablière qui couvre ses flancs. "What a beautiful day !" comme disent les randonneurs Terre-Neuviens en guise de salut. Vraiment ! Et pour le clou de la ballade, j'hésite encore entre le pékan, la paruline à gorge noire et le ginseng à trois folioles.  

Au sommet, on a un beau de point de vue sur une partie du chapelet des collines montérégiennes, ces intrusions magmatiques provoquées par le sursaut d'activité périodique du point chaud sur lequel dérivait la plaque nord-américaine. De gauche à droite, les monts Brome, Shefford, Yamaska et Saint-Hilaire dans la brume. Aux jumelles, on pouvait même voir le Mont-Royal.
L'osmorhize de Clayton essaie de se faire passer pour une fougère, mais il suffit d'y regarder de près pour éventer son stratagème.
Papillon tigré du Canada
Cypripède acaule ou Sabot de la Vierge
Le ginseng à trois folioles, sans vertu connue et donc beaucoup moins menacé que son congénère à cinq.
Une paruline à gorge noire occupée à ramasser du matériel pour construire son nid.

Troisième jour de marathon

Au refuge Marguerite d'Youville, les érables sont en fleurs, mais beaucoup de vieux arbres ont souffert du vent. Si seulement les bûcherons pouvaient éviter de les couper au pied... 

Aujourd'hui, sur l'Île Saint-Bernard, c'était frette malgré le soleil et tranquille; la faute au vent du nord qui nous amène le froid et cloue les oiseaux au sol. Il y avait quand même quelques mésanges bicolores - c'est la place pour les voir en dehors de notre jardin - et un couple de grands pics qui préparaient leur nid dans un vieux tronc. 

Demain, dernier jour de marathon avec la grande baie du parc d'Oka...si elle existe encore. 

En sortant et en passant inévitablement par la boutique, ma blonde m'a fait un beau cadeau.

Un 16 octobre sur le mont Saint-Bruno

Nous sommes le 16 octobre et l'automne ne semble pas vouloir s'installer sur le mont Saint-Bruno. Si on se fiait à l'ombre que projettent les feuilles encore vertes des chênes et des érables, on pourrait se croire en été. Heureusement, la floraison de l'Hamamélis de Virginie est là pour remettre les pendules à l'heure et, cette année, elle est spectaculaire.

Nous allions aju bois pour chercher une chouette rayée et un merlebleu de l'Est; nous y avons trouvé un roitelet à couronne dorée et quelques canards branchus qui naviguaient en pères peinards sur la petite mare avec des bernaches.


Last call

Bourdon fébrile

Au jardin, les actées à grappes (Actaea racemosa) sont les dernières à fleurir. Le bal est ouvert par une variété horticole dont j'ai oublié le nom, mais qui se caractérise par ses organes chlorophylliens (tiges, feuilles et sépales) teintés de rouge. La sauvage, entièrement verte et native d'à peine plus au sud (nord des États-Unis et Ontario), lui emboîte le pas et ne parvient à fleurir que depuis quelques années seulement. Il y a 5 ou 6 ans, peut-être, les boutons étaient fauchés par les premiers gels.

Ce signe supplémentaire du réchauffement climatique n'est pas pour déplaire aux butineurs, même si cette oasis de nectar les oblige à une certaine promiscuité.

La version sauvage de l'actée à grappes attend son tour
La guêpe à taches blanches
Polistes fuscatus
La guêpe commune
L'abeille domestique

Le goût de l'été

Le boisé des douze, à Saint-Hyacinthe, a toujours autant à offrir aux visiteurs. Cette fois, il nous a permis d'observer des physostégies de Virginie que je n'y avais vu auparavant. Ces fleurs de la famille des lamiacées sont suffisamment rares au Québec pour être susceptibles d'être désignées menacées ou vulnérables. Ont-elles été introduites ou sont-elles spontanées ? 

Il y avait aussi ces Argus bleus, des papillons européens qui ont été introduits accidentellement dans la région de Montréal au début des années 2000.

Et puis tous ces fruits qui donnent à l'été cette saveur sucrée ou acidulée selon ce à quoi l'on goûte.

Les premières observations de ce papillon européen ont été faites en 2005 autour de l'aéroport de Mirabel.  
De vraies pommes "bio"
Les fruits du rosier: excellents à condition de ne pas croquer trop en profondeur à cause des nombreuses graines 
La ronce odorante et sa framboise
Et le pimbina trop âpre avant les premières gelées

L'attente a porté fruit

Il s'est écoulé 64 jours entre ces deux photos du Cerisier de Virginie qui pousse derrière la clôture.


 

Indigènes de l'ombre

Dans un jardin, il y a toujours un coin de clôture, un bord de cabanon, un dessous de patio ou un pied d'arbre qui ne voit jamais le soleil. Habituellement, on y plante des hostas, ces espèces de grosses laitues vivaces originaires des pays du soleil levant, du muguet de mai que l'on finit par arracher quand il devient envahissant ou du gazon que l'on resème chaque année parce qu'il refuse obstinément les soins palliatifs qu'on lui prodigue. 

Ce fut le cas dans notre jardin avant que nous décidions, pour le bien de notre environnement, de réintroduire des autochtones. Ainsi, au fil des années, sous un micocoulier parti d'une graine, la Violette du Canada, l'Asaret du Canada, l'Actée rouge, l'Arisème petit-prêcheur et la Tiarelle  stolonifère se substituent progressivement aux hostas, dont j'ai arraché l'avant-dernier pied, l'automne passé.

Comme je retrouve des spécimens à des endroits où je ne les avais pas plantés, je suppose que ces introductions plaisent à la faune locale qui se charge de propager les graines. À ce propos, comme chaque année, j'ai encore arraché quelques jeunes plants de chênes que l'écureuil gris avait semé en prévision de l'hiver. J'irai bien les planter dans le bois, mais dès que mon voisin me voit me pencher derrière ma clôture, il sort avec son appareil photo et se met à m'aboyer des gros mots.     

Au jardin, lorsqu'on échappe un chapelet de graines, on se retrouve rapidement avec un paquet de petits-prêcheurs qui prônent la reconversion au sauvage.  
Qui aurait cru que la violette du Canada pouvait être une plante envahissante ? 
Après avoir failli disparaître sous un bombardement de pesticides sur la pelouse du voisin, la talle de gingembre sauvage s'est finalement reconstituée. 
L'actée n'affiche son rouge qu'en été, lorsque ses fruits sont mûrs. Le reste du temps, elle est blanche et/ou verte.
La délicate tiarelle gagne un peu plus de terrain chaque année, mais elle est encore sous surveillance, car la compétition est rude.