Un bouquet de gazon

Carex houblon

Pourquoi pas ? Les vaches les broutent, les banlieusards les tondent, mais les herbes sont des plantes qui fleurissent comme les autres quand on les laisse pousser.

Certes, ce ne sont peut-être pas les plus spectaculaires, mais chacune des 12000 espèces de poacées (ex-graminées) et des 4000 espèces de cypéracées a un charme particulier qui la distingue des autres.

Rubanier à gros fruits
Carex pédonculé


Et le printemps ?

Nonobstant le centimètre de neige que la météo nous annonce pour demain, il suit son cours et on commence à voir du vert à travers la neige. Les premiers quiscales bronzés sont arrivés hier, les bernaches sillonnent le ciel, le premier bruant chanteur a chanté et le tamia, sorti de sa torpeur, fait la navette entre son refuge et la mangeoire. Il ne vient pas encore quand on l'appelle. C'est une habitude qu'il faut reprendre chaque année et c'est très bien ici; le sauvage doit le rester.   

La rencontre de 2021

C'était le 30 juin, notre dernier jour sur l'île aux Basques, dans le bas du fleuve. C'était un jour de brume, de celle qui mouille comme de la pluie et qui incite à attendre le bateau au chaud, au coin du poêle. Mais voilà, il fallait que j'aille récupérer le piège photographique que j'avais sanglé à un arbre en bordure de ce que j'avais pris pour une piste d'orignal.

Pourtant, chaque matin, l'indicateur de prise de vue me signifiait que je m'étais trompé. Et encore, ce matin, je repartirai bredouille. L'île a beau être toute petite et les orignaux imposants, nous n'en aurons vu que des traces: le broutage des buissons, les empreintes de sabots, quelques excréments, un bruit de galop dans le bois lors d'une marche sur la rive et un flanc dans une trouée de la végétation. 

Dernier retour vers le refuge, je regarde par terre au cas où j'aurais manqué une plante et j'entends ma blonde derrière moi chuchoter d'un ton stressé: "Jean-François, à droite". M..., il est là, À une quinzaine de mètres. Il broute et relève à peine la tête pour évaluer le danger. Trop près pour le fixer, je baisse les yeux pour ne pas l'inquiéter et je recule tranquillement, histoire de nous laisser à tous les trois une marge de manœuvre. Nous avons pu constater à Terre-Neuve, la patrie des orignaux, que malgré leur taille, ces animaux peuvent détaler comme des lapins quand ils sont surpris. Aussi, prudence.

Il avance, nous reculons. Nous comprenons que nous sommes sur son chemin. Alors, avant qu'il soit complètement sur le nôtre et que nous nous empêchions mutuellement de passer, nous décidons de le croiser pour lui laisser le champ libre en avançant d'un pas décidé, mais pas précipité, et en le surveillant du coin de l'œil. Voilà, c'est fait. On peut maintenant profiter du spectacle.

Tout pour la milpa

Graines de haricot, de courge et de maïs, tout est prêt pour essayer la milpa ou la culture des trois sœurs. Technique de culture précolombienne, la milpa consiste à semer le maïs qui sert de tuteur au haricot, qui, lui, enrichit le sol en azote, pendant que la courge limite l'évaporation du sol et maintient une certaine fraicheur. 

Il ne reste plus qu'à trouver de la place. 

L'île de la Visitation humaine

À droite de la retenue: le niveau plus ou moins originel de la rivière des Prairies où viennent frayer les dernières aloses savoureuses qui remontent de l'océan et le lépisosté osseux. Au fond à gauche: le barrage hydroélectrique 

Il ne reste rien des rapides parsemés d'îlots de la Rivière-aux-Prairies. Juste une croix rappelant la mort de Nicolas Viel, missionnaire récollet, et de Ahuntsic, son compagnon d'aventure, qui s'y sont noyés le 6 juin 1625 en revenant de leur séjour chez les Hurons des Grands-Lacs. Tout a été englouti par la construction du barrage hydroélectrique, en 1925. 

Il ne reste pas grand-chose, non plus, de Sault-au-Récollet, un de ces villages qui ont fait le commencement du Québec; tout juste un nom de quartier de Montréal, une digue et quelques ruines de moulins.

Les ponts abritent parfois d'intéressantes galeries d'art.   

L'île de la Visitation animale

Bihoreau gris

Lorsque nous habitions à Montréal et que nous voulions voir des bihoreaux gris, nous nous rendions en fin de journée sur le petit pont qui mène à l'Île-de-la-Visitation. 

L'année dernière, les circonstances m'y ont ramené et ils sont toujours là. Peut-être y sont-ils depuis toujours, rêvant des temps meilleurs dépeints dans les vieilles histoires transmises de génération en génération. 

Marmotte commune
Grand héron
Hirondelle bicolore
Canards noirs
Bernaches du Canada
Pigeon biset

C'est officiel

Le printemps est arrivé avec les premiers carouges à épaulettes. L'année dernière, c'était le 11 mars.

L'île de la Visitation végétale

Érable de l'Amour

L'année dernière, j'ai redécouvert le parc nature de l'Île-de-la-Visitation sur la rive nord de Montréal, au bord de la rivière des Prairies disparues. J'ai trouvé qu'il avait bien vieilli et que la végétation exotique n'y était pas étrangère.

Érable de l'Amour toujours
Toit vert de mousse
Herbe à puce
Luzerne
Alliaire officinale et Syndrome de Stockholm
Consoude officinale
Coronille bigarrée
Herbe aux écus: une autre officinale

Le parc du Tremblay

Hier, nous nous promenions dans le boisé du Tremblay et constations la poursuite de sa transformation en un espace de moins en moins naturel. Après avoir ouvert des avenues pour les promeneurs de chien, planter des bancs pour y déposer des cannettes en aluminium ou des tags, reverdi les bas-côtés avec des végétaux pas toujours indigènes, on coupe aujourd'hui les frênes morts et, dans la foulée, quelques peupliers faux-trembles vivants.

Pour les frênes, c'est évidemment une question de sécurité, même si le tronc de certains tient dans ma main. Pour les autres, je ne sais pas, mais ce sont des vieux...et on n'aime pas les vieux. 

Pour parachever l'aménagement, on coupe les troncs au ras su sol pour être sûr qu'aucun animal xylophile ou "xylodépendant" ne les utilisera et on les réduit en paillis; ce qui ne devrait pas aider les tapis d'hépatiques, de claytonies et d'érythrones à se remettre du piétinement des bucherons et de leurs engins.

Curieuse humanité ! Hier, on se frôlait sans masque sans avoir peur d'attraper une maladie qui a fait 6 millions de morts dans le monde. Aujourd'hui, on a peur d'un arbre mort qui a toutes les chances de ne pas nous tomber dessus.

Tiens, en parlant de "xylodépendant", au cours de notre promenade, nous avons croisé l'épervier brun qui chasse régulièrement dans le jardin. Cela fait deux jours que la porte-fenêtre est secouée par ses attaques contre les tourterelles qui viennent se faire chauffer sur la terrasse. Avant-hier, nous avons eu le temps de le voir partir avec l'une d'entre elles. Ce coup-ci, il avait attrapé un tamia rayé.

Cliquez sur la photo et regardez ce que tient l'épervier

Et en parlant de tamia, il y a deux jours, à la même date que l'année dernière, j'ai pu apercevoir un de ceux qui habitent le jardin. Ce fut bref, le temps d'un aller-retour sous les mangeoires d'oiseaux, mais avant qu'il plonge à l'abri de la neige, j'ai eu le temps de l'identifier comme étant "grande-queue". Ça sent le printemps et nous commençons à penser à nos canards, car la date de leur arrivée approche.


Fruit ou légume ?

Les fruits sont des organes caractéristiques des plantes à fleurs (les angiospermes). Les mousses et les fougères n'en produisent pas; elles ne font même pas de graines (c'est dire comme elles sont peu évoluées). Quant aux conifères (les gymnospermes), ils font bien des graines, mais elles sont nues, sans fruit pour les protéger ou les disséminer.

Si l'on ne se fiait qu'à l'usage que l'on en fait, un fruit pourrait se définir comme un produit végétal comestible, souvent charnu et plus ou moins juteux, qui se distingue du légume par son goût sucré et par la place qu'il occupe dans notre alimentation. Ainsi, le concombre et la courge sont des légumes; la pomme et la pêche, des fruits; les noix, les noisettes et tous les produits comestibles et cassants sont des fruits secs.

Le botaniste, lui, voit les choses différemment.  Après avoir longtemps disséqués et examinés les fruits, il en est arrivé à une classification plus objective et plus précise, basée sur leur développement et leur morphologie. 

Pour le botaniste, les légumes n'existent que dans nos assiettes. Au delà, il ne peut s'agir que d'une racine, d'une feuille ou d'un fruit.

Avant d'aborder cette classification, il faut rappeler qu'un fruit est le résultat de la pollinisation d'une fleur. Une fois la fleur fécondée par le pollen, les ovules qu'elle contient se transforment en graines (les embryons) et l'ovaire qui entoure les ovules se transforme en fruit. Ceci est une règle générale qui connait quelques exceptions évoquées plus loin.

Anatomie des fleurs
1: Pédoncule. 2: Réceptacle floral. 3: Sépale. 4: Pétale. 5: Étamine (l'ensemble des étamines forme l'androcée ou appareil reproducteur mâle). 6: Ovaire ou carpelle. 7: Style. 8: Stigmate. 9: Ovule. L'ensemble [6+7+8+9] forme le pistil ou gynécée ou appareil reproducteur femelle.  
I: Fleur avec un seul ovaire et un seul ovule (la cerise). II: Fleur avec un seul ovaire et plusieurs ovules (le haricot). III: Fleur à plusieurs ovaires soudés (la tomate). IV: Fleurs à plusieurs ovaires libres (la framboise).
Une fleur avec un seul ovaire (I et II) ou avec plusieurs ovaires soudés (III) produit un fruit simple contenant une graine (la cerise) ou plusieurs (la tomate), selon le nombre d'ovules. Une fleur avec plusieurs ovaires libres (IV) produit un fruit multiple comme la framboise ou la mûre.

Un fruit est composé de trois couches concentriques formant le péricarpe. De l'extérieur vers l'intérieur, on trouve:

  • l'épicarpe (du grec epi: sur, dessus) 
  • Le mésocarpe (du grec mesos: milieu)
  • L'endorcarpe (du grec endo: dans)

Anatomie d'un fruit charnu
1: Graine. 2: Endocarpe. 3: Mésocarpe. 4: Épicarpe. L'ensemble [2+3+4] forme le péricarpe.

Suivant l'aspect du péricarpe, on distingue deux types de fruits: 

1. Les fruits charnus (drupes et baies) qui se caractérisent par un péricarpe épais et charnu: le raisin, la cerise, mais aussi l'aubergine.

Dans les fruits charnus: l'épicarpe correspond à la peau, plus ou moins mince et souple; le mésocarpe correspond à la chair, plus ou moins épaisse et juteuse et l'endocarpe peut être composé de tissus mous se confondant parfois avec le mésocarpe ou extrêmement durs.

2. Les fruits secs (akènes, samares, nucules, caryopses, gousses, capsules, siliques, etc.) se caractérisant par un péricarpe mince et sec à maturité qui entoure les graines: la noisette, la pistache et la cacahuète, mais aussi le haricot.

Outre ces deux grandes catégories, on trouve quelques exceptions à la règle voulant que les fruits soient le résultat de la fécondation d'une fleur et de la transformation de l'ovaire. Ce sont : 

3. Les fruits parthénocarpiques ou fruits apyrènes qui se développent de façon spontanée ou stimulée (par l'industrie agroalimentaire) sans qu'il n'y ait de fécondation et qui ne produisent donc pas de graines: la banane, le concombre, certaines variétés d'agrumes (orange, clémentine) et de pastèques (melons d'eau).

4. Les pseudo-fruits ou fruits complexes, appelés aussi faux-fruits. Ce sont des fruits dont le péricarpe charnu vient de la transformation d'autres pièces florales que l'ovaire. Ils peuvent être issus de la transformation d'un ensemble de fleurs (une inflorescence) qui deviennent charnues et se soudent entre elles pour former une infrutescence, comme l'ananas et la figue. Ils peuvent aussi être le résultat de la transformation concomitante du réceptacle floral et de l'ovaire comme le melon, le concombre et d'autres plantes de la famille des cucurbitacées, ou uniquement du réceptacle floral comme la fraise, la pomme, la poire et d'autres plantes de la famille des rosacées.

Bien que la pomme et la fraise fassent partie de la même famille de plantes, leurs fruits se forment différemment. Dans les deux cas, la chair (faux-fruit) vient de la transformation du réceptacle floral. Par contre, dans la pomme, le "vrai fruit" (ovaire) correspond à la partie plus coriace au cœur de la pomme (le trognon) qui entoure les graines (les pépins), alors que dans la fraise, les "vrais fruits" sont les petits grains verts et durs (des akènes) à la surface du faux-fruit, qui contiennent chacun une graine.   

Alors, pour résumer:

  • Les légumes n'existent que dans la cuisine.
  • Quand un fruit contient de la pulpe, cela peut être un fruit charnu ou un pseudo-fruit.
  • Quand il n'en a pas, c'est un fruit sec. 
  • Quand il n'y a ni graines, ni noyaux (encore faut-il les reconnaître), c'est un fruit parthénocarpique. 

Un 5 mars sur le mont Saint-Bruno

Un bouquet de conifères à l'écart des coureurs, des fat bikes et des chiens, si on allait jeter un oeil, des fois que...une chouette rayée ferait le plein de vitamine D.