Un 22 février dans le boisé du Tremblay

Tilia sp

Il fallait que ce soit l'hiver et qu'il soit en fruits pour que je remarque ce tilleul au bord du chemin. S'agit-il du tilleul d'Amérique (Tilia americana) ou de l'un de ses deux congénères européens : le tilleul à grandes feuilles (T. platyphyllos) ou son hybride, le Tilleul d'Europe (Tilia x Europea = Tilia cordata x Tilia platyphyllos). Un truc de plus à vérifier au printemps.

Quoi qu'il en soit, les tilleuls ne constituent plus une famille à part entière. Ils ont été adoptés par les mauves, les roses-trémières et les guimauves et ont rejoint les malvacées.

Un 21 février au parc de Pointe-aux-prairies

Parc-nature de Pointe-aux-prairies

Ce matin, nous sommes allés chercher des hiboux et des chouettes dans le secteur des marais du parc-nature de Pointe-aux-Prairies. La lumière était belle, la température presque douce, mais la neige trop haute pour sortir des sentiers sans raquettes et nous n'avons rien vu à part un grand pic qui appelait le printemps à grands coups de bec sur un arbre creux.

Parc-nature de Pointe-aux-prairies

Au retour, Doug la tourterelle triste du jardin prenait un bain de soleil sur le bord du patio. Pour lui aussi, ça sent le printemps. Depuis une semaine, il a recommencé à chanter et cette année encore, Daisy s'est fait prendre au piège.

Parc-nature de Pointe-aux-prairies

Jardiner autrement

Lotier corniculé
Lotier corniculé
Encore 20 cm de neige aujourd'hui et 10 de plus après-demain, mais je m'en moque, je prépare mon printemps au jardin en relisant les notes de l'année dernière, prises en prévision de ce moment:

  • Déplacer le trèfle rouge, le mélilot jaune, le lotier corniculé et les autres fabacées vers le centre du jardin, plus ensoleillé.
  • Vérifier si le parterre de gingembre sauvage se remet bien de l'arrosage d'herbicide du voisin et le protéger avant le prochain arrosage
  • Vérifier si l'ail des bois s'est multiplié
  • Arroser plus assidûment les trois espèces d'eupatoire pour favoriser leur reprise après leur déménagement de l'automne dernier 
  • Marquer l'emplacement des sanguinaires du Canada qui se sont échappées en vue de les regrouper avec les autres dans le carré des papavéracées.
  • Surveiller la germination des nouvelles introductions: l'Onagre bisannuelle, le Panais sauvage/cultivé et surtout la Physostégie de Virginie.
  • etc, etc...
Asclépiade commune
Asclépiade commune 

Vous l'aurez peut-être remarqué, mais au jardin, il n'y a que des sauvages, nous inclus. Cela fait partie des conditions pour avoir le droit d'y entrer : 

  • être indigène (comme ma blonde) ou naturalisé (comme moi)
  • être vivace ou se resemer toute seule
  • être utile: soigner, se manger ou sentir bon
  • ou être en danger en dehors du jardin 
Chez nous, pas d'annuelles aux couleurs aussi vives qu'éphémères, qu'il faut racheter tous les ans à des producteurs qui minent directement ou indirectement l'environnement par leur besoin en eau, en énergie et en pesticides. La Terre n'en veut plus; elle n'en peut plus. Pareil pour les vivaces tellement modifiées que les insectes ne savent plus où trouver le nectar, s'il y en a.

Il y a tant de belles plantes indigènes qu'il faudrait être fou pour aller voir ailleurs. Attention, cela ne veut pas dire qu'il faut se promener avec sa pelle et aller arracher tout ce qui nous fait envie. Non, pas du tout,  si on veut se garder un futur, on attend la graine ou le fruit et on ne fait pas une razzia. Dix graines, c'est presque déjà trop car on se croit seul, mais on est un millier à être passé par là et à avoir eu la même idée, et l'espèce va s'éteindre. Il n'y a qu'à voir aujourd'hui où nous a conduit ce genre de comportement égocentrique. 


Un p'tit coup d'éco-déprime

Signalisation outrancière, excréments de chien, la nature livrée aux banlieusards


Je reviens d'une promenade dans le boisé du Tremblay dans lequel je ne vais presque plus. L'accès officiel n'est pourtant qu'à 253 pas de chez moi, mais je ne sais pas...chaque ballade me laisse une impression de plus en plus persistante d'amertume. 

Quand je pense, qu'il y a seulement 4 ans, j'écartais les branches pour me frayer un chemin et que mes seules rencontres étaient des renards roux et des cerfs de Virginie. Depuis, on a ouvert un chemin à grands coups de tronçonneuses et aujourd'hui, il est tellement fréquenté qu'il a fallu installler des bornes d'appel d'urgence pour rassurer les joggeuses matinales. 

Pourtant, au départ, l'idée était bonne; il s'agissait de protéger le boisé des promoteurs immobiliers, une idée qui, on s'en doute bien, n'a pas germé dans la cervelle d'un conseiller municipal. Non, on la doit à Tommy Monpetit, un résident extrêmement courageux et amoureux de son coin de pays qui, à force de persévérance, a réussi à convaincre la ville de Longueuil qu'il y avait un intérêt à préserver ce milieu naturel. Encore merci, Tommy ! 

Longueuil a donc décidé de valoriser le boisé (on sait bien que la nature ne vaut rien sinon); une façon nécessaire de faire valoir une décision courageuse. La ville s'est donc lancée dans un projet de réserve naturelle (qui a probablement été abandonné) et d'aménagement d'un sentier multfonctionnel où se cotoieraient dans un respect mutuel: les joggeurs, les cyclistes, les promeneurs de chien et les autres. Ambitieux et intéressant projet pourtant voué à l'échec ! Il ne faudrait pas connaître le québécois moyen (c'est probablement valable pour quelques autres nationalités), une sous-espèce en danger du nord-américain moyen, dont la vie repose sur les trois principes fondamentaux suivants:

  1. J'ai le droit, je le fais.
  2. Si ce n'est pas moi qui le fais, ce sera un autre.
  3. Au plus fort, la poche; ce qui pourrait se traduire en français international par : la loi du plus fort est la meilleure.

En corollaire, toute invitation ou remarque pour reconsidérer un geste qui porte atteinte au bien-être commun (comme le port du masque ou une invitation à baisser le son, par exemple) est considérée comme une atteinte aux libertés individuelles.

Conséquences: un an après l'ouverture du sentier, les vélos, plus gros, plus rapides et plus forts qui négligeaient la présence des piétons, étaient interdits et les panneaux dictant aux autres usagers les comportements adéquats à adopter fleurissaient aux entrées: pas de feu, pas de chasse en dehors de la période réglementaire, pas de véhicules à moteur, pas de cueillette, pas de circulation après le coucher du soleil , etc. Aujourd'hui, quatre ans après, le boisé ressemble de plus en plus à un parc à chiens avec des traces d'urine tous les 15 mètres quand ce n'est pas un sac d'excréments trop lourd à porter jusqu'à la poubelle. On assiste également à une multiplication des sentiers "sauvages" qui prennent curieusement naissance au pied des panneaux invitant à rester sur le chemin officiel. Moi qui aime sortir des sentiers battus, je n'aurais pas été contre un peu de délinquance en la matière, si ce n'avait été le nombre des indélicats et la pression qu'ils exercent sur le milieu naturel. 

Répétez ce genre de comportements et cette non-conscience écologique à l'échelle d'une planète et vous comprendrez mieux mon petit coup d'éco-déprime.  

L'homme qui a vu l'ours

Vous connaissez peut-être un homme qui a vu l'homme, qui a vu l'homme,..., qui a vu l'ours et qui a une histoire extraordinaire à raconter. Personnellement, j'ai du en voir 5, peut-être six, des rencontres extrêmement fugaces et je n'ai pas grand chose à en dire, mis à part le fait que ce n'est pas un animal que j'aime renconter quand je suis loin d'un abri.

Je n'ai pas de belles photos d'ours. Ils ont toujours été trop éloignés ou suffisamment près pour que mon premier réflexe ne fut pas de prendre mon appareil photo 

Les ours sont plus forts que moi (entre 115 et 270 kg pour une hauteur à l'épaule d'environ 1 mètre), mieux armés (cinq paires de bonnes griffes contre un Opinel n°9 et un bâton de marche); ils courent plus vite (des pointes à 55 km/h) et il grimpe mieux aux arbres. À mon avantage, ils sont plutôt végétariens, ont appris que les humains peuvent être dangereux et préfèrent nous éviter. N'empêche, grâce à leur excellent flair , ils savent aussi quand nous transportons de la nourriture et peuvent avoir du mal à résister à une bonne odeur de barre tendre aux noix et au miel, surtout à la sortie d'une longue hivernation en mars ou en avril (les ours n'hibernent pas) ou à son approche à la fin-novembre ou en décembre.

Il est question ici de l'ours noir (Ursus americanus), le plus commun en Amérique du Nord. L'autre représentant québécois de la famille des ursidés est l'ours blanc (Ursus maritumus) qui ne vit que dans l'extrême Nord et à l'aquarium de Québec (si on peut parler d'une vie).

Traces de griffe
En nature, il n'est pas fréquent d'en rencontrer; je parle de rencontres fortuites, pas organisées en les appâtant comme le font certaines pourvoiries. On trouve parfois des excréments, des empreintes ou des marques de griffes sur un tronc d'arbre. Est-ce parce qu'ils sont rares ou parce qu'ils sont discrets ?

Dans un rapport du Ministère des forêts, de la faune et des parcs du Québec (ici), on peut lire que leur densité est estimée à un plus de 2,4/10 km2 dans le sud de la province et à un peu moins de 0,3/10 km2 dans le nord. Il est également mentionné que 9343 signalements ont été enregistrés entre 2006 et 2010. Dans 85 % des cas, il s'agissait d'un ours qui passait simplement par là. Dans 11 % des cas, il a fait quelques dégats, peut-être en grattant un peu fort à la porte ou en s'asseyant sur le capot de la voiture. Certains ont causé des dommages agricoles (3,3 %), très peu ont chargé ou attaqué un humain (0,8 %). Souvent, l'ours avait été attiré par des ordures ménagères, de la nourriture et des odeurs de cuisson (54 %), des arbres fruitiers (14 %) ou des mangeoires d’oiseaux (12 %).

Les excréments peuvent aussi ressembler à une bouse circulaire remplie de graines ou de restes de fruits; cela dépend de la saison et du régime 

Toutes les violettes ne le sont pas

Viola sororia
Ce qu'il y a de bien avec la violette, c'est que c'est une valeur sure, facile à reconnaître: une rosette de feuilles plus ou moins en forme de cœur, une fleur qui sort au printemps en même temps que nous, qui porte le nom de sa couleur et qui a une forme caractéristique avec ses deux pétales supérieurs, ses deux pétales latéraux et son pétale inférieur plus large et prolongé en éperon vers l'arrière. Qui ne sait pas reconnaître une violette ?

Viola adunca
Le problème est qu'une violette peut en cacher une autre. Rien qu'au Québec, elles sont 23 espèces à porter ce nom. Par ailleurs, si on se contente de regarder les violettes, on passe à côté des originales de la famille: les jaunes et les blanches, sans parler de la tricolore, mieux connue sous le nom de pensée depuis qu'elle a eu recours à la génétique pour promouvoir sa carrière internationale. Mais elle a beau renier ses origines, son ancêtre sauvage (Viola tricolor) est bien vivant. Je l'ai même rencontrer une fois dans l'infractuosité d'un trottoir de Montréal.

Viola pubescens

Par conséquent, si reconnaître le genre Violette (Viola) est une chose, identifier l'espèce en est une autre.

J'ai essayé plusieurs clés d'identification. Celles qui mettent l'accent sur la couleur des fleurs laissent toujours un doute; la perception des couleurs et de leurs nuances variant d'une personne à l'autre. Idem pour celles qui mettent l'accent sur la forme des feuilles; la différence entre une feuille en forme de cœur ou de rein ne se jouant parfois pas à grand chose. Je ne parle même pas des flores grand public du Québec dont la nomenclature désuète les fait ressembler à des romans de science-fiction. Il y a bien la clé de Flora of North America, mais elle est en anglais et, comme son nom l'indique, elle regroupe toutes les violettes d'Amérique du Nord. 

Finalement, comme on n'est jamais mieux servi que par soi-même, j'en suis arrivé à me fabriquer ma propre clé. Elle est ici en version pdf, à la disposition des amateurs de violettes québécoises, membres du carnet.

Viola canadensis
Viola lanceolata
Viola lanceolata
Viola tricolor

Un 8 février dans le parc national du Mont-Saint-Bruno

Encore un petit -15°C ce matin. Cela n'empêchait pas le cardinal rouge de chanter à tue-tête et les arbres de sourire. C'est bon signe; plus qu'un mois, un mois et demi.

Deux sur trois

Quenouille à feuilles larges

Au Québec, on trouve trois espèces de quenouilles: la quenouille à feuilles larges  (Typha latifolia), la quenouille à feuilles étroites (Typha angustifolia) et la quenouille glauque (Typha x glauca) qui est un hybride naturel des deux premières.

Ce sont des plantes monoïques; ce qui signifie que les fleurs mâles (staminées) et les fleurs femelles (pistillées), bien que cohabitant sur la même plante, font chambre à part. Chez les quenouilles, cela se traduit par un épi cylindrique brun et coriace de fleurs pistillées, surmonté d'un épi de fleurs staminées.

La question de l'identité ne se pose vraiment que lorsque les épis mâles et femelles sont séparés. Quand ils sont contigus, c'est une quenouille à feuilles larges. Par contre, lorqu'ils sont séparés, ce peut-être une quenouille à feuilles étroites (beaucoup plus problable dans les lieux éloignées des activités humaines) ou l'hybride, et il faut alors y regarder de beaucoup plus près (voir Flora of North America). 

Quenouille glauque ou Quenouille à feuilles étroites ? La largeur de l'épi staminé m'incite à penser à Typha angustifolia.
D'un point de vue ethnobotanique, les feuilles de quenouille peuvent être utilisées en vannerie. Pour le reste, tout ou presque se mange: le coeur des jeunes pousses cru ou cuit; l'épi de fleurs quand il est encore vert et engainé, comme le maïs, bouilli quelques minutes et beurré; le rhizome préparé comme des pommes de terre ou séché et réduit en farine; et j'en passe. Personellement, je n'ai jamais été affamé au point de me mouiller les pieds.

Après la tempête...

Ce matin, en ouvrant la porte pour aller enlever les derniers restes de la tempête de neige, j'ai trouvé les traces d'un jeune lapin à queue blanche sur le pas de la porte. Je ne l'ai pas entendu frapper et il a du se contenter de la chaleur qui s'échappait par la porte. Et puis, au plus gros de la tempête, il est allé se réfugier sous l'auto. 

Ce n'est pas la première fois qu'il vient. Toutes les nuits, il vient vérifier que je n'ai pas oublié de fermer l'acccès au jardin. Tant qu'il restera de ce côté de la clôture, nous serons amis.

L'échelle est une botte d'hiver, taille 40 

Aux mangeoires, on rattrapait le temps perdu: sizerins flammés, chardonnerets jaunes, moineaux domestiques, roselins familiers, sittelle à poitrine blanche et pic mineur. Il ne manquait que les bruants hudsoniens, les juncos ardoisés et les cardinaux rouges, qui préfèrent manger ce que les autres laissent tomber.