Même si ce n'est pas agréable à ramasser, un bac de déchets organiques renversé sur le bord de la route est un indice de la présence des ratons laveurs qu'il me fait toujours plaisir de relever.
Trafic de nuit
Bon, le printemps est encore loin mais je commence à m'ébrouer et à sortir de ma tanière. Apparemment, je ne suis pas le seul et la petite neige de la nuit dernière a laissé deux belles pistes dans l'entrée.
Il y a le Y quotidien du lapin à queue blanche (le lièvre est improbable dans notre coin) qui vient brouter mon hamamélis de Virginie. D'ailleurs, s'il continue, c'est moi qui vais le manger.
De la gauche vers la droite, le maudit lapin. Du haut vers le bas, la moufette rayée |
L'autre trace est une nouveauté, bien que j'aie déjà eu plusieurs face-à-face pacifiques avec sa propriétaire. Le rythme de la piste (1,2,1...1,2,1...), la patte postérieure un peu plus longue qui laisse voir un "talon", je parierais que c'est mon amie la moufette rayée. Elle est au galop lent, l'allure qu'elle adopte pour traverser une zone à découvert.
Ici, la moufette se déplace de droite à gauche. |
De droite à gauche : patte postérieure, antérieure, postérieure au-dessus - antérieure au-dessous, postérieure et ainsi de suite |
C'est écrit dans la marge
L'année dernière, à peu près à la même époque, je manifestais avec quelques résidents du quartier pour arrêter des travaux visant à faire passer un boulevard dans un milieu protégé. Nous réussîmes à faire stopper le projet, mais pas à empêcher la destruction du milieu.
Comme il était vaguement question de contraindre le promoteur à restaurer le milieu, j'y suis retourné récemment pour constater l'état des lieux sans trop me faire d'illusion.
Sans surprise, rien n'a changé après un an. L'artificialisation des sols a été telle que même la végétation a du mal à recoloniser l'endroit. Quant à la faune, celle qui a survécu, on pourrait croire qu'elle a fui. Pourtant, si on s'affranchit du cadre et des perspectives où la rectitude s'impose et si l'on sort du sentier battu pour s'attarder dans la marge, la vie est là, à l'état de traces.
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Dans les fossés, il y a souvent un peu de boue pour retenir les pas. |
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Ici, probablement un raton laveur |
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Et là, un cerf de Virginie avec les deux doigts du sabot surmontant les deux ergots. |
Un 16 décembre à Longueuil
Ce matin, il y avait deux pistes dans la neige devant la porte: celle du raton laveur qui était venu faire la tournée des poubelles pendant la nuit et celle d'un lapin à queue blanche qui vient régulièrement tailler les branches les plus basses de notre faux-cyprès de Nootka (Chamaecyparis nootkatensis).
Espéré et redouté
Première semaine autour de 15°C. Au Québec, le printemps ne prévient pas. Il réussit même à surprendre l'hiver qui ne peut que battre en retraite dans la débacle la plus totale.
Au jardin, la neige se retire et c'est le moment du bilan, tant espéré et craint à la fois: quelles plantes ont survécu ? Ou pour être plus précis: quelles plantes les campagnols ont-ils laissé ?
Des orifices et des fantômes de galeries qui n'annoncent rien de bon |
Cette année, la fonte a révélé un réseau important de galeries creusées entre sol et neige, ainsi que plusieurs nids tapissés de mes plantes déchiquetées. La Sauge officinale, une vieille souche ligneuse que j'avais depuis des années, ne s'en remettra pas, et ma lavande, des graines qui venaient de France et que j'avais réussi à faire survivre à plusieurs hivers, a pris un méchant coup. Des envies de génocide m'ont traversé l'esprit, mais ce serait peine perdue, et surtout beaucoup trop risqué pour les autres espèces, surtout notre tamia rayé déjà très actif.
Nid parfumé à la sauge, un "must" chez les campagnols |
De toute façon, la disparition de la couverture neigeuse suffit généralement à faire refluer les "Attila" vers le bois et à stopper les dégats. Sinon, j'interviendrai. Et puis, l'hiver prochain, j'ouvrirais peut-être la porte au renard... au risque de laisser entrer le lapin.
Lavande, Aurone, tout ce qui est ligneux se mange; tout ce qui est herbacé sert de litière |
Après la tempête...
Ce matin, en ouvrant la porte pour aller enlever les derniers restes de la tempête de neige, j'ai trouvé les traces d'un jeune lapin à queue blanche sur le pas de la porte. Je ne l'ai pas entendu frapper et il a du se contenter de la chaleur qui s'échappait par la porte. Et puis, au plus gros de la tempête, il est allé se réfugier sous l'auto.
Ce n'est pas la première fois qu'il vient. Toutes les nuits, il vient vérifier que je n'ai pas oublié de fermer l'acccès au jardin. Tant qu'il restera de ce côté de la clôture, nous serons amis.
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L'échelle est une botte d'hiver, taille 40 |
Aux mangeoires, on rattrapait le temps perdu: sizerins flammés, chardonnerets jaunes, moineaux domestiques, roselins familiers, sittelle à poitrine blanche et pic mineur. Il ne manquait que les bruants hudsoniens, les juncos ardoisés et les cardinaux rouges, qui préfèrent manger ce que les autres laissent tomber.
Les trois pas du fox-trot
Quand il parcourt son territoire, le renard roux, comme les autres canidés, préfère le trot à la marche ou au galop. C'est une allure qu'il décline de trois façons - le trot (régulier), le trot de côté et le trot projeté - et qui laisse des pistes distinctes pour le naturaliste qui passe derrière lui. Le choix du trot dépend du terrain, de la vitesse que le renard adopte et d'autres paramètres qu'il est le seul à connaître.
Quel que soit le pas utilisé, les pattes se déplacent toujours deux par deux (avant-gauche avec arrière-droite et avant-droite avec arrière-gauche); faisant en sorte que le renard a presque toujours deux pattes opposées au sol, à l'exception de la fraction seconde du changement de paires pendant laquelle aucune patte ne touche le sol.
Piste de renard roux au trot |
À une vitesse plus élevée, les pattes postérieures risqueraient de rencontrer les antérieures. Pour éviter cela, le renard adopte le pas de côté qui se traduit par une double empreinte de pas disposée à intervalle régulier; une patte (la postérieure) précédent l'autre (l'antérieure opposée), toujours du même côté. C'est l'allure tout aussi fréquente, du renard pressé et peut-être préoccupé. Le trot de côté oblige le renard à marcher en crabe et son corps fait un léger angle par rapport à la direction qu'il suit.
Une autre façon de trotter plus rapidement en évitant que les pattes antérieures et postérieures se touchent est de ramener chaque postérieure vers l'avant en les faisant passer par l'extérieur. C'est le trot projeté, moins fréquent, qui laisse une piste à double empreinte avec la postérieure en avant comme celle du trot de côté. Toutefois, au lieu d'être alignées comme précédemment, les paires d'empreintes sont régulièrement décalées à droite et à gauche, d'un pas à l'autre (voir le schéma à la fin).
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Renard roux trottant de côté |
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Les trois trots du renard: le trot "régulier" (en haut), le trot de côté (au centre) et le trot projeté (en bas) |
De drôles de traces
Un 28 août dans l'arrière-pays saguenéen
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La passerelle de métal (le trait blanc) longe le premier de la longue série des barrages (à gauche) dressés par les castors de l'endroit. |
Premier arrêt pour identifier cette verge d'or qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Solidago macrophyllum |
Là où il n'y avait rien à tirer de la terre, on chemine sur un tapis de mousse à travers un paysage de conifères qui ressemble à l'originel. |
Là où la terre était généreuse, elle a été défrichée pour faire place au soja et au maïs. Autour, les peupliers faux-tremble guettent la mort du paysan et préparent la revanche. |
Et là où il y avait quelques gros arbres à couper, il reste le chablis. |
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Un geai a trépassé par là. |
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Au sommet de la colline, l'horizon s'éclaircit et les arbres se font petits. |
C'est le domaine du pin gris qui sait se contenter de peu d'humus. |
Arrivée au lac des castors et à la passerelle métallique visible sur la photo satellite |
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Et puis, la preuve que nous ne sommes pas les seuls gros mammifères à fréquenter les lieux. Il y aussi de l'orignal... |
...et un animal que je n'aurais pas aimé rencontrer au détour du chemin, l'ours noir. |
Un 2 décembre sur le mont Saint-Bruno




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Le poil dans les excréments désigne un carnivore; la forme, la taille et l'emplacement au milieu du chemin font penser à notre renard roux. |

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L'anthrisque n'attend plus que le printemps |