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Avant que le vent du nord les emporte...

...j'en ai ramassé quelques unes pour me souvenir de ces jours où le soleil était plus brûlant qu'aujourd'hui. C'était ce matin au mont Saint-Bruno et j'espère que Jacques Prévert ne m'en voudra pas.

De gauche à droite: Chêne rouge, Érable à sucre, Bouleau gris, Tilleul d'Amérique, Peuplier à grandes dents, Peuplier faux-tremble, Érable argenté et Hêtre à grandes feuilles

Pruine ou poils ?

Dans un coin de la chambre, près de la fenêtre, un Platycerium bifurcatum cohabite dans un vieux dessous de pot avec un petit Phalaenopsis je-ne-sais-quoi.

Bien que les deux plantes soient très éloignées l'une de l'autre dans l'arbre phyogénétique (les fougères étant bien plus anciennes que les orchidées), elles ont en commun d'être originaires d'Asie du Sud-Est et d'être des plantes épiphytes, ce qui expliquent pourquoi elles se contentent pour l'hébergement d'un dessous de pot rempli de sphaigne.

Je dois avouer que j'aime beaucoup ce platycerium que nous avons adopté très très jeune. Il faut dire qu'il n'est pas banal avec ses deux types de frondes: les stériles, rondes et plates, qui lui permettent de s'ancrer en se moulant sur leur support, et les fertiles, élancées et lobées, qui lui valent son nom de corne d'élan.

Sur ces dernières, on lit partout qu'elles sont pruineuses. Et effectivement, les "feuilles" du platycerium, surtout les plus jeunes, sont recouvertes d'une matière duveteuse suffisamment dense pour leur donner une coloration blanchâtre. Comme je ne suis pas du genre "ostineux", j'avais admis et je répétais à qui voulait l'entendre que c'était de la pruine, c'est-à-dire une sécrétion cireuse produite par l'épiderme (comme sur les prunes). Mais ce matin, en y regardant de plus près avec ma loupe, je me suis aperçu qu'il s'agissait en fait de petites touffes de poils en forme d'étoiles, rien à voir donc avec de la pruine bien que la fonction de protection contre les intempéries et l'évaporation soit similaire.

Bambous

La résistance aux tondeuses à gazon s'organise et le peuple des herbes durcit sa position.

Bambou

Bientôt la couleur

Les couleurs passent aussi l'hiver dans le sud, mais ce n'est plus qu'une question de jours avant qu'elles reviennent de migration. Hier, j'ai vu mes premiers jaunes, oranges et verts de l'année.


Rhubarbe
Oseille
Chardonneret jaune

Un 2 décembre sur le mont Saint-Bruno

Il n'y avait plus de neige sur le mont, mais l'eau des lacs était entièrement prise par la glace. En empruntant le sentier de l'hermine pour nous rendre à la carrière Potvin, abandonnée depuis les années 60, nous espérions revoir le renard roux entraperçu la semaine dernière; nous avons fait chou blanc. Peu importe, il y avait plein d'autres choses à voir.

Disamares d'Érable à feuilles coposées
Carrière Potvin
Métamorphisme
Métamorphisme
DSCN5780
Le poil dans les excréments désigne un carnivore; la forme, la taille et l'emplacement au milieu
du chemin font penser à notre renard roux.
Sittelle à poitrine blanche
Anthrisque des bois
L'anthrisque n'attend plus que le printemps

Un automne dans les règles

Les feuilles sont tombées. J'aurais pu les laisser là - c'est beau - ou les entasser dans des sacs pour les faire ramasser par la ville. Pourtant, j'ai préféré les disperser dans mes plates-bandes (un bien grand mot à vrai dire) en guise de compost et les utiliser comme paillis pour éliminer les indésirables comme ce gazon que j'arriverai un jour à remplacer par un beau tapis de mousse.

Feuilles mortes
Feuilles mortes
Feuilles mortes

La petite bête qui monte, qui monte

Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do
Gratte moi (l'herbe à) la puce que j'ai dans le dos
Si tu l'avais grattée plus tôt
Elle ne s'rait pas montée si haut

Côte de bette rouge 2015


La bette à carde (aussi appelée blette ou poirée là d'où elle vient) appartenait à la famille déjà importante des chénopodiacées. Grâce à l'invention de l'acide désoxyribonucléique (ADN), elle est maintenant rattachée aux amaranthacées, une énorme famille (plus de 2000 espèces) avec des membres plus ou moins recommandables comme dans toutes les familles et selon ce qu'on entend par recommandable.
Parmi les plus présentes-à-table, citons la betterave, l'épinard, la salicorne et la nouvelle vedette des sociétés aisées qui ont le temps de se préoccuper de leur bien-être, le Quinoa (Chenopodium quinoa). Dans certaines sociétés d'Amérique du Sud décimées par les précédentes, on la cultive depuis au  moins 5000 ans et on n'en fait pas tout un plat; on en fait probablement plusieurs.
Mais revenons à la bette. Toutes les parties aériennes de la plante se mangent. les cardes (pétioles) de la bette et les nervures se déclinent aussi en jaune, en orange et en blanc. C'est beau sur une table.


Alléluia


Quand je l'ai acheté. il y a plus de 10 ans, il était en fleurs. Depuis, plus rien ! Le fleuriste m'avait prévenu: "C'est très difficile à faire refleurir." Évidemment, je n'en ai pas tenu compte. Et puis tout le monde le dit, j'ai le pouce vert, alors... 
Pourtant, j'ai bien été obligé de me rendre à l'évidence. Après des années à le rentrer tous les automnes dans la maison, à respecter sa décision de faire le mort tous les hivers en cessant quasiment de l'arroser et à le réveiller chaque printemps avec un arrosage digne des tropiques, rien n'y a fait. Tout juste me faisait-il l'honneur d'un toupet de feuilles au bout de ses trois branches.
Et puis cette année, alors que je me penchais sur lui pour lui proférer une ultime menace du genre "si tu ne fleuris pas cette année, tu libères le pot", j'ai eu la grande joie de constater un début de tige florale portant cinq ou six boutons à son extrémité. Je ne sais pas si les fleurs parviendront jusqu'à l'éclosion, mais si c'est le cas, vous pouvez être sûr qu'il y aura des photos, même si les couleurs ne sont rien en comparaison du parfum qu'exhalent ses fleurs. Sentir le frangipanier revient à abandonner toute forme de volonté et à accepter de se faire mener par le bout du nez. Avant, je désespérais de le voir fleurir; maintenant, je monte la garde à son pied dans l'angoisse que sa floraison soit interrompue.

Espèces d'épiphytes

Épiphytes peut-être, mais pas parasites...à part ce cher Gui, bien sûr.
Des plantes qui grimpent sur les autres pour atteindre le lumière, nous en connaissons tous. Au bas de l'échelle de l'évolution, il y a par exemple cette association d'une algue bleue et d'un champignon qui se fait passer pour un lichen et que l'on peut voir un peu partout sur l'écorce des arbres ou sur un minéral. Mais, il y en a d'autres, beaucoup d'autres et beaucoup plus évoluées.  


Celles qui ont le mieux réussi dans la vie, notamment dans la nôtre, sont probablement les orchidées. On en compte plus de 20000 espèces (un millier au Panama), épiphytes ou non, réparties dans 800 et quelques genres. 


Il y aussi les représentantes de la famille des aracées comme les monsteras que nous utilisons pour verdir nos salons et les broméliacées qui embellissent nos centres de table ou nos jardinières suspendues. 


Les plus chanceuses germent au sommet d'un arbre profitant de l'interstice d'une écorce et s'y cramponnent à la force des racines. D'autres naissent en bas, dans l'ombre des grands. Elles ne doivent parfois leur salut qu'à une corde qui finira bien, un jour, de se balancer. L'égalité des chances, qui croit à ça ?

  

Les larmes du Dieffenbachia


Dans un coin du salon, près de la fenêtre, j'ai un vieux dieffenbachia, souvenir d'une autre vie postdoctorale et biophysico-pharmaco-physiologique. 
Contrairement aux saules qui ne sont pas si inconsolables qu'on le chante, mon dieffenbachia n'en finit plus de pleurer. Est-ce la nostalgie de ses jeunes années ou le spectacle de la rue enneigée qu'il contemple par la fenêtre et lui fait regretter sa terre natale ? Toujours est-il que, tous les matins, j'éponge ses larmes.


Soucieux de son état d'âme, il fallait que je trouve une explication et une solution. J'ai donc entrepris un voyage au Panama pour visiter sa famille. À ma grande surprise, j'y trouvais des individus tout aussi éplorés malgré la chaleur et la moiteur du climat et en arrivais à la conclusion que la mélancolie est inscrite dans les gènes des dieffenbachias.
Comme quoi, on peut arriver aux bonnes conclusions à partir d'hypothèses et de raisonnements complètement erronés. Car effectivement (je l'ai appris par hasard au retour) ces larmes sont un trait de caractère inscrit dans les gènes de la plante. Il affecte certaines espèces qui poussent dans des milieux saturés ou presque en eau. Le phénomène, appelé guttation, leur permet de maintenir l'absorption d'eau et des éléments minéraux par leur racine.
Cette absorption racinaire et l’ascension de la sève brute dans la tige sont des phénomènes indispensables à la survie de la plante. Entièrement "passifs", ils ne dépendent que de l'appel d'eau créé par l'évaporation au niveau des feuilles. Si la teneur en vapeur d'eau de l'air augmente, l'évaporation diminue et l'eau n'est plus absorbée par les racines. Pour pallier le problème, certaines espèces sont équipées de glandes qui leur permettent d'excréter activement l'eau et de maintenir ainsi sa circulation. C'est pas beau la nature ?  

Anthrisque des bois, Anthriscus sylvestris, Wild Parsley


Sans le persil sauvage, nos automnes et nos printemps seraient moins verts. D'ailleurs c'est à peu près le seul moment où ses grandes colonies émergeant tout juste du tapis de feuilles mortes attirent l'attention du promeneur. En été, il est toujours là, au bord des routes et des chemins forestiers, mais on confond ses fleurs blanches avec d'autres ombelles de la famille comme la carotte sauvage. Et puis, le vert, c'est comme tout le reste, il faut en manquer pour l'apprécier. 


L'anthrisque est une plante invasive d'Europe que l'on aurait commencé à remarquer au Québec dans les années vingt. Elle, ou il (?), appartient au même genre que le cerfeuil (Anthriscus cerefolium) et on dit que ses parties aériennes sont comestibles quoique d'un goût plus fort que sa congénère et à la limite du déplaisant. Sa racine, quant à elle, contient un antimitotique (substance qui empêche la division des cellules) qui la rend toxique. 


Que décidera la nouvelle ?


Est-il exagéré de dire que sans les plantes, nous ne serions rien ? Rien dans le sens physico-chimique du néant. À bien y réfléchir, je ne crois pas. Car toute la matière qui constitue une plante verte, ses lipides, ses acides aminés, ses glucides, ses acides nucléiques et quelques autres métabolites, tout sans exception est fabriqué à partir d'eau, de gaz carbonique, de quelques sels minéraux et de soleil.
6 CO2 + 6 H2O + quelques photons pour alimenter la machine en énergie -------> C6H12O6 (un sucre) + 6 O2 + tout le reste, c'est-à-dire nous, entre autres. 
Parce que nous, tout ce qui nous constitue, nos lipides, nos acides aminés, nos glucides, nos acides nucléïques et quelques autres métabolites, tout sans exception est fabriqué à partir de ce que nous mangeons: des plantes et des animaux qui mangent des plantes.
C'est ce que me faisait remarquer mon philodendron alors que je faisais le ménage du bureau. Coincé derrière les feuilles mortes de ma bibliothèque, il calcule soigneusement l'alignement de ses capteurs solaires afin intercepter les quelques photons que veut bien lui laisser la fenêtre et qui sont indispensables à sa photosynthèse (et donc indirectement à ma survie).
Je me demande bien si la nouvelle feuille prendra la place d'une ancienne, devenue moins productive, ou si elle commencera une nouvelle rangée ?     

Ambroisie à feuilles d'Armoise, Ambrosia artemisiifolia, Small Ragweed

Après l'apocyn à feuilles d'Androsème, voici un autre nom digne de figurer dans un recueil de poèmes. Pourquoi pas un deuxième tome des "Fleurs du mal" ? L'ambroisie est en effet mieux connue sous le nom d'herbe à poux. Il en existe au moins deux espèces au Québec: la petite et la grande. Celle-là, c'est la petite. La grande a des feuilles moins découpées et elle est plus grande.  
Les fleurs, comme beaucoup d'entre nous, ont besoin du regard des autres pour exister. Jalouse de ne pas attirer l'attention des promeneurs avec ses grappes de petites fleurs verdâtres insignifiantes, l'ambroisie aurait fait n'importe quoi pour sortir de l'anonymat.
Et on peut dire qu'elle a réussi. Comme une de ses compatriotes célèbres (CD pour ne pas la nommer), dès qu'elle l'ouvre (la fleur, pas la bouche), elle provoque énormément de réactions. Certains reniflent, d'autres pleurent ou attendent que ça passe. Tout le secret de son succès tient à son pollen très allergène. Débarquée en Europe au milieu du XIXème, le nombre de ses fans n'a cessé d'augmenter depuis et son rayonnement est devenu international.
Comme toutes les stars, elle a ses légendes et une autre version de l'histoire suggère qu'elle serait une arme développée par la nature pour nous inciter à moins utiliser nos automobiles. Des scientifiques australiens ont ainsi montré que la production de pollen augmente en fonction du taux de gaz carbonique dans l'air: Rising CO2 and pollen production of common ragweed (Ambrosia artemisiifolia L.), a known allergy-inducing species: implications for public health., L.H .Ziska and F.A. Caulfield, Australian Journal of Plant Physiology 27(10) 893 - 898. 2000.
Ça fait presque peur.  


Vérâtre vert, Veratrum viride, Indian Poke

Au printemps, dans l'éclaircie d'une forêt traversée par un ruisseau, on ne peut ignorer l'incongruité du tabac du diable: ce vert aussi éclatant que soudain, cette vigueur que rien ne semble pouvoir freiner.
Le vérâtre mérite son surnom car il contient de la vératrine, un alcaloïde hypotenseur et bradycardisant (qui ralentit le rythme cardiaque). Il a déjà été utilisé par les médecins d'antan, mais comme il entraînait autant de décès que de guérisons, l'usage a été abandonné.
Quand elle est ingérée, cette plante sympathique, voire parasympathique, vous prévient avant de vous tuer. Elle provoque d'abord des brûlures d'estomac et des vomissements qui permettent d'éliminer la substance toxique. S'il en reste assez, les symptômes de l'intoxication sont des vertiges, de la difficulté à respirer. La tension artérielle diminue et le cœur ralentit jusqu'à s'arrêter. Il y a un contre-poison, l'atropine, un alcaloïde extrait de solanacées (belladone, jusquiaume, datura). 


Ne le répétez pas...

...mais ma réserve d'ortie est cachée derrière le cabanon, en prévision du jour où il faudra demander à Monsanto la permission d'en laisser pousser chez soi.
1 kg d'ortie fraîchement coupée dans 10 litres d'eau pendant 10 jours en remuant tous les jours et vous obtenez un fertilisant (riche en azote, faible en potasse), un insecticide (contre les pucerons) et un éliciteur (substance qui stimule le "système immunitaire" des plantes). Plus de 10 jours et vous obtenez un herbicide. Elle soigne aussi.