Un p'tit tour de jardin

L'activité des abeilles sauvages est retombée autour des vieux "2 par 4" aménagés à leur intention; la ponte est finie. On a profité du retour au calme pour remplir un vieux gallon de peinture avec des fleurs et les suspendre avec des bouts de corde à linge. On essaie de laisser le moins d'empreinte possible sur notre environnement et de recycler au maximum.
Dans le bassin, les trèfles d'eau (Menyanthes trifoliata) se sont faits pousser la barbe.
Autour du bassin, on nage en pleine préhistoire végétale. La prêle des champs et l'onoclée sensible sont venues du bois derrière la clôture pour se réfugier dans le jardin. Grand bien leur a fait, car celles qui n'ont pas voulu bouger ont aujourd'hui disparu.
Pour les petits prêcheurs, c'est une autre histoire. J'ai semé des fruits récupérés je-ne-sais-plus-où et ils ont tellement aimé le terrain que nous en retrouvons partout.
Cette année, nous nous sommes faits de nouveaux amis: un couple de bruants vraiment familiers qui viennent toujours ensemble finir les restes des colverts, lesquels font la sieste près du thé du Labrador que je ne pourrai pas approcher sans les déranger; une autre fois.
En attendant, dans la même famille, voici quelques-uns des rhododendrons qui nous tirent un feu d'artifice silencieux au fond du jardin. 

Le bunker

Les tamias du jardin adorent leur terrasse avec piscine et rampe d'accès. Placée au coin du cabanon, à proximité d'un terrier qu'ils utilisent comme garde-manger, ils viennent souvent s'y désaltérer ou observer les environs avant de se lancer à découvert pour aller récupérer les graines que nous éparpillons dans l'herbe.

Les écureuils gris ont vite repéré cette manne et ont décidé d'occuper le terrain. Ce fut l'occasion pour quelques-uns de s'offrir un voyage en "hybride", loin, loin, loin... Pour essayer de contrer les autres, nous avons installé le "bunker". Évidemment, ça ne fonctionne pas (ils réussissent à se faufiler), mais comme il plait beaucoup aux tamias qui s'y sentent en sécurité, on le laisse. D'ailleurs, dès qu'ils sentent notre présence dans le jardin, ils se manifestent en nous tournant autours puis vont s'installer dans le bunker pour attendre leur repas.

Un 20 mai à Longueuil

Oui, je sais, j'écris moins en ce moment. Moins le goût, plus de rénovations et puis un petit fond d'écodéprime ou de "à-quoi-bon". Allez savoir ! Il faut bien dire que l'environnement n'intéresse pas grand monde.

Les Ukrainiens, je peux comprendre, ils ont d'autres "poutine" à fouetter. Mais les Canadiens, ce peuple pacifique dont les soldats traversent les paysages enneigés et les déserts fièrement revêtus de leur tenue caquis, pourquoi tant de mépris pour l'avenir climatique. Si ce n'est pour vos enfants, je ne sais pas, moi, faites au moins un geste pour vos chiens ! Quel futur allez-vous leur laisser ?

En tout cas aujourd'hui, avec cette lumière, cette douceur, cette journée sans tondeuse, sans scie à onglet et après avoir lu le dernier billet de Pattie O'Green, j'ai eu un regain.

Et puis, il y a ces violettes, des affines, qui commencent à faire un beau tapis entre mon driveway et celui du voisin. Cela n'a pas été facile. Tout ce que j'ai tenté pour faire pousser un couvre-sol végétal a échoué: sol trop pauvre et trop sec, coupe-bordure zélé du voisin, sans parler de son contrat d'épandage d'herbicide. Mais j'ai persévéré...tout plutôt que cet horrible paillis rouge qu'il aimerait tant étaler. 

Ce midi, il y avait aussi le chèvrefeuille en fleurs qu'un gros bourdon pataud essayait de butiner. C'est un fruit que j'ai semé il y a peut-être 4 ou 5 ans. Aujourd'hui, il est assez haut pour faire notre bonheur quand nous dinons sur la terrasse. Ne dit-on pas : "pour vivre heureux, vivons cachés."  

Un 11 mai à Longueuil

Aujourd'hui, ménage du cabanon de jardin sous la supervision attentive du tamia rayé au cas où les souris auraient laissé traîner une graine.

Au jardin, si ce n'était les sanguinaires défleuries, on pourrait presque se croire en France, avec un mois de retard tout de même.

Un 5 mai à Longueuil

De retour de Pointe-Pelée en fin de journée, la première chose que nous avons faite avant même d'ouvrir la porte est un tour de jardin rapide pour voir comment il a évolué en une semaine et si le couple de colverts nous attendait en compagnie du tamia.

À notre grande déception, aucun canard n'était là. Par contre, le tamia a rappliqué dès qu'il nous a entendus. La mangeoire des colibris normalement suspendue à la corde à linge était à terre et la corde enroulée sur elle-même, probablement un coup de l'écureuil gris que je n'ai pas encore réussi à attraper. 

Ce n'est que ce matin, en faisant un tour plus approfondi, que j'ai eu la surprise de trouver au milieu de ce qui aurait dû être du persil, dans une dépression aménagée dans le sol, un œuf blanc, seul et apparemment abandonné. Ainsi donc, l'heureux événement que nous attendions depuis une couple d'année s'était produit pendant que nous étions partis accueillir les migrateurs du sud; la cane avait commencé à couver. 

Toutefois, son absence depuis hier soir et l'épisode de la mangeoire tombée à proximité du nid suggère qu'un "drame" pourrait s'être joué: soit la cane a été dérangée et a secoué la corde à linge en s'envolant, soit l'écureuil gris a fait tomber la mangeoire à côté de la cane qui a pris peur. Ne l'ayant pas vu de la journée, elle est probablement aller nicher ailleurs.   

Un 3 mai à Pointe-Pelée

Pluie battante aujourd'hui, mais nous avons tenu jusqu'à midi et demie pour finir notre séjour par une paruline à capuchon, un couple de tohis à flancs roux, une paruline hoche-queue et un pic à tête rouge.

Un 1er mai à Pointe-Pelée

Savane des flèches de sable du lac Érié

Finalement, il n'a pas plu aujourd'hui et nous en avons profité pour retourner voir les cactus que nous avions trouvés hier. Il s'agit de l'Oponce de l'Est (Opuntia cespitosa), une des cinq espèces de cactacées du Canada; les autres étant dans le centre et l'ouest du pays.

Évidemment, l'Ontario n'est pas le Mexique et si la floraison de l'oponce (à partir de juin) est spectaculaire, la plante n'a de surprenant que son existence dans un pays qui a la réputation d'être froid. Pourtant, à Pointe-Pelée, nous sommes à la même latitude que Barcelone et le nord de la Californie et au plus froid de l'année, en janvier, la température moyenne est -3,4°C. 

Si on ne cherche pas l'oponce, on peut facilement passer à côté sans le voir, ou même le piétiner. On le trouve dans ce que l'on appelle la savane des flèches de sable du lac Érié, un écosystème dont il ne reste plus que deux autres exemplaires au Canada. C'est un milieu sec à sol sableux qui succède à la plage avant de devenir une forêt sèche. On y trouve notamment des graminées, des armoises des champs (Artemisia campestris) des genévriers communs (Juniperus communis) et des genévriers de Virginie (Juniperus virginiana). L'oponce y forme des tapis circulaires de "raquettes" prostrées qui se dressent parfois, mais jamais plus d'un segment ou deux.