J'habite à Longueuil, au bord du Saint-Laurent, en face de Montréal. À Longueuil, on a une vision de l'environnement qui date encore du XIXᵉ siècle. On détruit les espèces menacées à grands coups de bulldozers pour y faire passer des automobiles; on nettoie encore les rues en les aspergeant d'eau sous pression trois ou quatre fois par an; on veut encore développer un aéroport à proximité de deux voisins internationaux, Pierre-Elliot-Trudeau pour les passagers et Dorval pour le fret, tout en l'entourant de quartiers résidentiels et on ne considère les arbres que comme des "deux par quatre". À Longueuil comme ailleurs au Québec, on voit toujours plus grand, mais pas encore assez loin.
Sans gants, ni dentelle
De retour d'Ontario où nous étions allés à la rencontre des oiseaux migrateurs, j'ai pu constater que cette province souffre du même mal que le Québec. C'est une maladie ancienne, aussi ancienne que l'homme, mais ses manifestations se renouvellent sans cesse. Il existe un traitement, mais puisqu'il serait couteux de le mettre en oeuvre et que certains individus y seraient de toute façon réfractaires, nos gouvernements ont toujours préféré gérer la pandémie à coups de remèdes aussi symptomatiques qu'inutiles.
Je disais donc, qu'en Ontario, j'ai été confronté à l'une des manifestations les plus récentes de cette maladie qui a de nombreux noms et que je choisirai d'appeler la paresse intellectuelle. Depuis maintenant environ deux ans, il est devenu impossible de faire 100 mètres dans un milieu naturel sans rencontrer un sac à merde posé sur une roche ou accroché à une branche. Je comprends que si on accepte de se faire lécher le visage par une créature qui utilise la même organe pour se nettoyer l'orifice anal, le spectacle de ces sacs aux couleurs criardes et à la composition indégradable peut sembler anodin.
Néanmoins, je tiens à signaler aux propriétaires de chien que si votre dystrophie musculaire vous handicape au point de ne pouvoir rapporter le sac jusqu'à la poubelle la plus proche, soit-elle votre automobile, il est moins dommageable pour l'environnement de laisser l'excrément sur place à condition qu'il ne soit pas au milieu du chemin. Ou en des termes plus compréhensibles pour ceux qui sont atteints de la maladie (niveau de littératie 1 à 2): "Si t'es trop feignant pour rapporter ton sac à merde, fais chier ton chien au bord du chemin et laisse son caca sur place. Et si tu ne sais pas pourquoi, dis-toi que c'est encore moins forçant."
Sur ce, je reprends le cours normal de ce blog.
Prêt pour l'éclipse
Cela fonctionne aussi avec des jumelles: plus l'écran est éloigné, plus l'image est grande et... floue. Attention à ne jamais regarder le soleil à travers un instrument d'optique ! |
Quand j'étais gamin, j'ai eu une phase astronomie. Je m'étais inscrit dans un club d'adultes passionnés dont le principal sujet de conversation, quand les nuits étaient trop nuageuses, était le polissage du miroir de leur télescope fait maison. "Perso", je ne me sentais pas capable de fabriquer mon propre matériel, mais mes parents qui encourageaient toutes mes lubies scientifiques m'avaient acheté un petit télescope de 150 mm (diamètre du miroir) qui me procurait bien assez de satisfaction.
Un jour, je me suis donné pour mission de suivre l'évolution des tâches solaires en en faisant un relevé quotidien. Pour ce faire, je projetais l'image renvoyée par le télescope sur un carton à dessin sur lequel je traçais ensuite le contour des taches solaires. Cela m'a occupé un temps.
À l'annonce de la prochaine éclipse de soleil totale du 8 avril prochain, je me suis dit que j'avais tout ce qu'il fallait pour reproduire le montage sur mon télescope d'ornithologie et j'ai fait le premier essai concluant ce matin.
Bonne Année !
Et si vous deviez prendre une résolution, pourquoi pas celle de réfléchir à votre empreinte écologique ?
Anthropo-scène
Dans le parc du Mont Saint-Bruno, si vous croisez l'hermine, suivez-la. Elle vous amènera jusqu'au vestige d'une carrière que la nature et le temps finiront peut-être par faire oublier. En attendant, cette plaie dans la montagne nous en apprend sur une partie de sa composition : ici, surtout de la roche cornéenne, c'est-à-dire une roche sédimentaire qui a été cuite par l'intrusion magmatique à l'origine du mont. Enfin, est-ce le pluton qui est à l'origine de la montagne ou l'érosion des couches supérieures par la calotte glaciaire qui a fini par le faire émerger des profondeurs ? Il n'y a jamais eu de réponse à la question de l'œuf ou de la poule.
Au bord de la plaie, la roche est encore à vif, mais la mousse finira par la recouvrir... |
...comme elle recouvre cette strate d'asphalte laissée par l'homme. |
Au Mont Saint-Bruno, le pétrole ne jaillit pas du sous-sol, il s'y infiltre depuis la surface quand le soleil réchauffe le bitume. |
Des ruines de béton, probablement une rampe pour charger les camions. |
Et là, cette trouée rectiligne dans la forêt: leur accès vers la carrière, au fond. |
Le poids des engins a laissé des ornières que même les arbres n'arrivent pas à effacer |
[I]À qui peut-on se fier ?
© Jean-François Noulin et DALL-E |
Il y a des jours où j'aime ma vie.
Si je dis cela, c'est parce que, la semaine dernière, en préparation d'un article que j'écris sur un petit cactus épiphyte appelé Hatiora salicornioides, la maison d'édition pour laquelle je travaille en ce moment m'a payé un aller-retour pour la forêt atlantique brésilienne afin de ramener des photos de l'habitat dudit cactus.
Le paysage était tel que je me l'imaginais: une forêt étouffante, humide et dense, peuplée de grands arbres couverts de plantes épiphytes. Mais comment pouvait-il en être autrement puisque rien de ceci n'est vrai et qu'il m'a suffi de taper la requête "photo of brasilian atlantic forest" dans le formulaire d'une intelligence artificielle pour obtenir l'image ci-dessus.
Est-elle fidèle à la réalité ? Probablement, mais est-ce important du moment qu'elle correspond à l'image que je me fais et que je veux vous donner d'une forêt de l'intérieur des états côtiers du Brésil ?
C'est à se demander si la réalité virtuelle n'arrivera pas un jour à nous couper définitivement de la nature.
L'intelligence au service du gazon
En banlieue, vous savez à quel point on aime nos pelouses. Au printemps, on les resème et on les engraisse. En été, on les tond et on les arrose de pesticides. Et depuis une dizaine d'années, dans mon quartier, en automne, on les abrille pour les protéger des sels de déglaçage.
Ça ne sert à rien, c'est juste drôle.
De Stonehenge à Stanstead
Ce qui est fascinant avec les sites mégalithiques comme ceux de Stonehenge ou de Carnac, c'est leur gigantisme compte tenu des moyens techniques que possédaient les peuples du néolithique pour les édifier et qui se résumaient à des outils de bois et de pierre polie. Et puis, on ne se sait presque rien de la vie des peuples qui les ont érigés, de leur motivation et de la signification qu'ils y accordaient.
C'est évidemment tout le contraire du cercle de pierres de Stanstead, une petite ville du sud du Québec dont l'intérêt tient plutôt au fait qu'elle est traversée par la frontière canado-américaine, au sens propre du terme.
Ainsi, le théâtre qui fait aussi office de bibliothèque est coupé en deux. Cela en fait le seul théâtre sans scène et la seule bibliothèque sans livre des États-Unis puisque les artistes se produisent du côté canadien où sont aussi rangés les livres.
À gauche, un groupe de Canadiens; à droite, un groupe d'Américains; entre les deux des fleurs peut-être arrosées par des douaniers jardiniers. |
Développement immobilier: phase 2
La phase 1 du projet de condos pour abeilles sauvages date déjà de 10 ans. Les appartements rénovés depuis attirent toujours autant de monde et hier, les futures locataires manifestement victimes d'une crise du logement se bousculaient pour les visites libres.
Pour faire face à cette demande, j'ai donc décidé d'ajouter une phase 2 au projet en remettant sur le marché quelques vieux logements qui avaient été forcés par des pics. La réaction ne se fit pas attendre et tandis que j'installais la nouvelle tour à condos, les abeilles charpentières prenaient possession des lieux.
De la grosse qui colle
Pendant que j'entretenais mon entorse lombaire en déneigeant l'entrée de la maison, ma blonde a apprivoisé deux harfangs de neige.
Un 8 août au parc régional Saint-Bernard
Sous ce nom au charme typiquement administratif, se cache une forêt mystérieuse de Thujas de l'Ouest et de Pins blancs qui plonge ses racines dans un affleurement rocheux formé il y a 470 à 485 millions d'années par le dépôt de sédiments au fond d'une mer fermée, chaude et peu profonde, peut-être une lagune, en bordure du continent Laurentia.
La forêt de la Montagne-à-Roméo - c'est ainsi que les résidents appellent cet affleurement - est peuplée d'étranges créatures qui pourraient passer pour des sculptures de métal si on ne connaissait pas la légende de ce lieu chargé d'histoire.
Il y a fort longtemps, la montagne Saint-Bernard (un autre de ses noms) était le domaine de Malot, un hermite qui avait le don de divination. Peu enclin à en faire profiter les autres et avare de sa tranquillité, il avait protégé sa solitude par un sort ayant la forme d'une énigme. La résoudre vous donnait l'accès à ses révélations, échouer vous condamnait à la pétrification.
Évidemment, comme chacun le sait, toutes ces légendes ne sont que l'interprétation fantasmée d'une réalité que nous ne pouvons expliquer. Ici bien sûr, il n'y a pas de réelle pétrification. Non, si vous ne répondez pas à l'énigme de Malot, dont l'âme a traversé les siècles et se fait aujourd'hui appeler Glenn LeMesurier, vous serez tout simplement transformé en objet d'art. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
Force est de constater que le sort est toujours aussi puissant puisque rien n'y personne, pas même le bourdonnement lointain de la civilisation, n'est venu troubler notre promenade. À l'issue pourtant, un mystère persiste: d'où venait ce doux parfum de miel qui par deux fois a capté notre attention ?
Encore un peu trop sauvage
Décidément, le mont Saint-Bruno n'en finit plus de fleurir. Après les panneaux de signalisation, le marquage des aspérités du chemin à la peinture fluo a égayé notre ballade.
Alors, en attendant l'asphalte pour les coureurs, les réverbères pour les chiens (puisqu'ils sont maintenant admis) et les cônes orange pour que le bois ressemble enfin à une rue de Montréal, on cherche des bénévoles pour peindre les tiques en jaune...seulement celles qui sont infectées.
Le Taj Mahal des bourdons
Bombus rufocinctus sur Ajuga reptens |
Bombus impatiens sur Chelone obliqua |
Le futur hotel plutôt particulier |
Entrée principale de 2,5 cm de diamètre et sortie de secours accidentelle |
Plancher d'écorce, rien que du naturel |
Sous-plancher bombé pour isoler de l'humidité |
On retourne et le tour est joué |
Un peu de terre pour cacher les fondations et des cales pour installer le penthouse avec piscine |
En espérant que le tamia ne m'en veuille pas trop d'avoir transformé sa tour de guet |