Ce matin, je suis allé faire un tour dans mon voisin, le boisé. L'intention était de dénicher la zone de marais où se ravitaillent les grandes aigrettes des rapides de Lachine, une portion du Saint-Laurent à la hauteur de Montréal. Pour être franc, nous avions déjà trouvé sa forme cristallisé cet hiver à l'occasion d'une ballade en raquettes et rendez-vous avait alors été pris pour ce printemps. Il est à portée d'oreilles et il nous réveille parfois au son du Butor d'Amérique.
Comme promis, je l'ai retrouvé. Magique comme beaucoup de marais et un régal pour les oreilles attentives. Une image qui n'est probablement pas celle du boisé originel, mais au moins du boisé oublié par l'humain. Dans la séquence vidéo qui suit, on entend plusieurs espèces d'oiseaux: Carouge à épaulettes, Paruline jaune, Paruline masquée, Moucherolle des aulnes, Bruant chanteur, Bruant familier et peut-être une Paruline à flancs marron (mes oreilles ramollissent). Mais j'attire votre attention sur le ping-pong des
grenouilles vertes.
Au retour, je suis tombé sur un aménagement destiné à transplanter et à préserver une partie de la population des
rainettes faux-grillons qui habitent le boisé et qui empêchent les promoteurs immobiliers de poursuivre l'étalement de la banlieue. La rainette faux-grillon de l'ouest est une petite grenouille protégée parce qu'elle est à la limite nord de son aire de répartition. J'avais entendu parler de ces aménagements dans les médias locaux, Il faut dire que les politiciens, habituellement plus respectueux de leurs investisseurs - on dit aujourd'hui "développement durable" - se sont gargarisés de ces initiatives rendues incontournables par l'association
CIEL, vouée à la défense de l'environnement.
Chapeau aux responsables de CIEL qui se battent dans l'indifférence de la majorité électorale qui ne s'intéresse à l'environnement que pour y construire une maison, un stationnement, un gazon, un arbre exotique et un centre commercial.
À la vue de l'aménagement, pffff est l'onomatopée de découragement qui m'est venue: un trou d'eau géométrique, une bouteille en plastique flottant à sa surface, une végétation rare autour et absente dedans. Les seules traces de vie que j'y ai constatées sont celles de pneus de tout-terrain. À l'automne, elles devraient s'être enrichies de quelques bûches calcinées et de bouteilles de bière vides.
Les promoteurs peuvent se frotter les mains. Une des raisons du ralentissement de l'économie vient de disparaître dans la bonne conscience du devoir de préservation accompli et le compte de taxes pourra bientôt financer la plantation des arbres municipaux. Quel drôle de monde !