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Espèce, sous-espèce et forme

Falco sparverius sparverioides, forme pâle

La taxonomie est une science bien pratique quand on veut échanger des informations sur une plante ou un animal avec son voisin.
Il est tellement plus facile de dire: "À Cuba, j'ai vu la Crécerelle d'Amérique cubaine de forme pâle" que de dire: "À Cuba, j'ai vu un oiseau un peu plus gros qu'un merle avec un petit bec crochu jaune à pointe noire, un favori noir sur la joue, une longue queue rousse avec une bande noire à l'extrémité, un dos roux et les ailes gris bleu. Il ressemblait à celui que l'on peut voir au Québec, mais sa poitrine était uniformément blanche."

Falco sparverius sparverius

Le moineau des Antilles

Paruline d'hiver à l'heure de la margarita au bord de la piscine

J'ai toujours trouvé étrange le nom anglais de la paruline à couronne rousse. Pourquoi appeler Paruline des palmiers (Palm Warbler), un oiseau qui niche dans les tourbières du nord de l'Amérique ?
En consultant le "Deuxième atlas des oiseaux nicheurs du Québece méridional", la bible sur les populations d'oiseaux de la province, on peut lire en introduction de la monographie sur cette paruline: "Rares sont les passereaux aussi intimement liés aux tourbières que la paruline à couronne rousse. C'est dans cet habitat qu'on l'aperçoit, généralement juchée au sommet d'une épinette ou d'un mélèze..."
Et effectivement, c'est toujours là que j'ai  pu en observer au Québec. Attention, je ne parle pas de nuées, tout juste une à l'occasion, pendant la saison de reproduction, quand elle attire votre attention en se mettant à chanter au sommet de son arbre.
Il m'aura fallu un séjour en Floride, au Texas et à Cuba, où l'on voit plus de palmiers que de mélèzes, pour vaincre mon ethnocentrisme québécois et admettre que la paruline à couronne rousse, comme beaucoup d'autres oiseaux, partage sa vie et son année entre deux pays.
À Cuba, en particulier, elle est partout. Un oiseau trottine  au sol, c'est une paruline à couronne rousse; un oiseau se promène dans la cuisine pour grappiller quelques restes, c'est elle; un oiseau s'invite à votre terrasse pour prendre une margarita, encore elle.  La paruline à couronne rousse, c'est le moineau des Antilles.   

Paruline d'été dans son mélèze

Les endémiques de Cayo Coco

Le Todier de Cuba, le plus beau des endémiques de Cuba

La liste annotée des oiseaux de Cuba de 2017 mentionne 398 espèces d'oiseaux, parmi lesquelles 153 espèces nicheuses et 245 migrateurs répartis en hivernants (les oiseaux du nord qui viennent passer l'hiver  à Cuba), en estivants (une quinzaine d'espèces provenant généralement d'Amérique du Sud) et en visiteurs exceptionnels. Parmi les résidents, on dénombre 28 espèces que l'on ne peut voir qu'à Cuba et 20 espèces endémiques des Antilles (les Grandes Antilles, les Petites Antilles et les Îles Lucayes).

Le Bruant de Zapata, un endémique de Cuba classé vulnérable

Évidemment, tous ces oiseaux ne se répartissent pas uniformément sur le territoire qui compte une grande diversité de paysages et d'habitats. À Cayo Coco, on doit se contenter des oiseaux du littoral, de ceux des mangroves et de quelques ubiquistes. D'après le site eBird qui compile les observations d'oiseaux, cela totalise quand même 211 espèces.
Pendant nos six jours de présence, nous en avons vu 81, dont 6 endémiques de Cuba et au moins 7 endémiques des Antilles (je n'ai pas vraiment fait le compte). Je n'afficherai ici que les photos de quelques endémiques de Cuba et des Antilles. Pour les autres, vous pouvez consulter l'album des oiseaux de Cayo Coco. Je dois dire qu'à notre grande surprise, les oiseaux se sont avérés d'une grande discrétion (peu de déplacements au sol ou en vol, peu de chants, même au lever de soleil) et difficiles à trouver en raison de la densité importante de la végétation et de notre méconnaissance du milieu.

Le Dendrocygne des Antilles, un endémique des Antilles menacé d'extinction

Heureusement, le hasard nous a mis en contact avec Odey Martínez Llanes, un ornithologue qui oeuvre pour  la Société nationale de conservation de la flore et de la faune de Cuba et guide des excursions ornithologiques. Odey est un vrai passionné de nature et un expert dans son domaine. Grâce à son œil et à son oreille aiguisés, nous avons pu admirer quelques uns des plus beaux et des plus rares oiseaux de la région de Cayo Coco. Si vous séjournez dans le coin, je vous recommande chaudement ses services. Vous pouvez le contacter par téléphone au (+53) 52627287 ou par courriel (odey@nauta.cu), mais pensez-y d'avance, car il est très demandé.

Le pic à sourcils noirs, un endémique des Antilles
Le sporophile négrito, un autre endémique des Antilles
Le Taco de Cuba, endémique de Cuba et peut-être des Bahamas 

Carte postale de Cayo Coco



Longues plages de sable blanc, mer turquoise, palmiers, cocotiers et palétuviers, température qui oscille entre 20 et 27 degrés celsius, brise marine qui adoucit la morsure d'un soleil sans pitié, parfois une brève, mais intense, averse, c'est l'hiver à Cayo Coco, une île de l'archipel qui longe la côte nord-est de Cuba.





Les cayos, l'équivalent des keys de la Floride, sont des mondes à part. À l'exception des touristes concentrés dans les hôtels, personne ou presque ne vit là. Le sol, une roche calcaire plus souvent à nue que recouverte d'humus, y est pauvre et la moindre dépression de ce terrain sans relief est occupée par de l'eau salée. Ces conditions de vie, a priori difficiles, semblent pourtant convenir à la végétation qui atteint une densité telle que, de la route assurant la liaison entre l'aéroport et les hôtels du bord de mer, on ne voit du paysage qu'une haie d'arbres courts, parfois interrompue par une lagune ou le littoral. 





Le paysage dominant est la mangrove et ses palétuviers. Leurs racines aériennes tissent un réseau impénétrable, entrecoupé par les canaux qui relient les lagunes entre elles et avec l'océan. On peut y voir l'Hutia de Cuba (Capromys pilorides), un rat mâtiné de castor et de loutre, endémique de Cuba, ainsi que plusieurs espèces d'oiseaux sur lesquelles je reviendrai ultérieurement. Les lagunes, quant à elles, sont le domaine des échassiers et des poissons tropicaux dont le spectacle est réservé aux adeptes de la plongée. Ceux qui restent au bord peuvent observer à l'occasion un crocodile de Cuba ou d'Amérique... et avertir les autres. 
Si les crocodiles sont rares (un crocodile d'Amérique en 6 jours), on ne peut pas en dire autant des lézards qui représentent 105 des 158 espèces de reptiles de Cuba et que l'on peut rencontrer partout, même dans sa chambre.  

Hutia de Cuba