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L'arlésienne des forêts est-américaines


 
Le viréo aux yeux rouges n'est pas un oiseau rare; c'est même un habitant très commun des forêts de l'Est américain et canadien. Mais comme il arrive après les feuilles et se tient toujours à la cime des arbres, on ne peut le voir qu'au prix d'un douloureux torticolis. 
Il compense son invisibilité par un chant sonore et composé de deux ou trois phrases courtes qu'il répète inlassablement du matin au soir, tant et si bien qu'on ne l'écoute même plus. Je suis prêt à parier que si vous n'entendez qu'un seul chant d'oiseau en vous promenant en forêt, ce sera celui du viréo.
Quant à la couleur de ses yeux, vous aurez peut-être la chance d'observer un reflet rouge foncé (on le devine sur la vidéo) si la journée est ensoleillée et si l'incidence de la lumière est la bonne, juste avant le torticolis. 

Parc de la Yamaska

Un 10 juin ensoleillé, les grives et les parulines chantaient dans le sous-bois du parc de la Yamaska, créé pour protéger les rives du réservoir qui alimente Granby en eau. Étant donné la surface du parc, la plage et le camping, les amateurs de sons de la nature et les misanthropes iront s'y promener en semaine.
Mis à part le chant fluté de la grive solitaire, on y entend le "tipié, tipié, tipié, tipié..." de la Paruline couronnée, une habitante exclusive et commune des sous-bois. Avec un peu de patience et si vos yeux sont sensibles au moindre mouvement, vous la trouverez le plus souvent au sol, patrouillant silencieusement son territoire à la recherche de nourriture. Elle ne le quitte pour une branche basse que pour signaler sa présence par un chant sonore. 

Un cri dans la nuit

Dans la banlieue, à l'heure où le barbecue refroidit et la tondeuse s'endort, seul le ronronnement des  climatiseurs et des filtreurs de piscine se fait encore entendre. Quand soudain, un cri retentit dans le crépuscule. On sait bien qu'il s'agit d'un animal sauvage, mais on ne sait plus lequel et on a peur.


Il n'est pourtant pas méchant celui-ci. À cette saison, il s'agit probablement de deux jeunes ratons laveurs qui se chamaillent, car les adultes s'accouplent en janvier ou février.  Parfois, quand la famille patrouillent la nuit à la recherche de nourriture, on peut aussi entendre un ricanement ou un roucoulement feutré, émis peut-être pour garder le contact et se situer mutuellement.
Dans la séquence vidéo suivante, il y en a justement un, installé dans le bassin, qui cherche à tâtons sous les pierres à la recherche de je-ne-sais-pas-quoi. Pour des grenouilles, c'est encore un peu tôt. Elles ne viendront qu'une fois le bois voisin asséché.





Tyran huppé, Myiarchus crinitus, Great-crested Flycatcher

En vous promenant dans les bois de l'est de l'Amérique du Nord au printemps, vous serez forcément interpellé à un moment donné par le cri du Tyran huppé au dessus de votre tête: un "ouiiii" sonore le plus souvent, un "trriiii", parfois. Un bel oiseau assez facile à observer, à condition d'être discret.
Dans la séquence vidéo, on entend plus souvent "ouiiii-hip". J'ai été très surpris de constater que le son était produit par deux individus, probablement un couple. Le premier lance le "ouiiii", qui est enchainé immédiatement par le "hip" bref et remontant du second. Le synchronisme est si parfait qu'on croirait entendre un seul cri.

Viréo aux yeux rouges, Vireo olivaceus, Red-eyed Vireo

C'est un oiseau très commun des boisés nord-américains, mais difficile à voir car le viréo aux yeux rouges fréquente principalement la canopée. Le chant est facile à reconnaître; deux ou trois phrases brèves et répétées inlassablement sur un rythme endiablé. Ça pourrait ressembler à : "J'étudie. Je dis, j'étudie. Qu'est ce que je dis ? Je dis que j'étudie."

Paruline flamboyante, Setophaga ruticilla, American Redstart

Tsi, tsi, tsi, tsi, tsiié, c'est la paruline flamboyante. Ne la cherchez pas, je ne l'ai pas vu. D'ailleurs, dans les bois, une fois les feuilles sorties, on se sert plus de ses oreilles que de ses yeux quand on fait de l'ornithologie.
Par contre, il faut se dépêcher et le printemps est la meilleure saison pour se réchauffer les oreilles. Plus tard, beaucoup d'oiseaux ne chanteront plus ou beaucoup moins.
Bien que l'organe du chant, le syrinx, soit toujours fonctionnel, ils ne savent plus s'en servir. Les jours raccourcissent, la production des hormones mâles (androgènes) diminuent et les neurones qui contrôlent le fonctionnement du syrinx régressent. Dans le cerveau, ces neurones du chant sont regroupés en amas, ou noyaux. Des expériences menées chez les canaris ont montré que les noyaux doublent de volume au printemps et qu'on peut reproduire cette augmentation en allongeant artificiellement la durée du jour pendant 3 semaines. Par ailleurs, si on injecte de l'oestradiol, un androgène, à des femelles, le volume des noyaux augmente et elles se mettent à chanter. Finalement, il n'y a peut-être pas une si grande différence entre culture et culturisme.