Le fantôme de la marmotte

Cela fait 22 heures qu'il est vendredi quand nous sommes obligés d'interrompre "le grand voyage", un film américain. L'odorat s'est imposé à la vue, détrônée par un parfum subtil de moufette qui plane dans la pièce. L'animal ne doit pas être loin car son message nous est clairement parvenu malgré les fenêtres fermées. Cela vaut la peine d'aller jeter un coup d'oreille rapide dans le jardin. Il est trop tard ou trop sombre pour un coup d'oeil.
N'ayant pas grandi dans la peur et le rejet de la moufette, je ne peux pas dire que je craigne son contact. Je le rechercherais même. Il m'est déjà arrivé de poursuivre et de taquiner une attardée au détour d'un chemin. C'est que j'aimerais beaucoup faire partie des élus qui ne peuvent pas se vanter d'avoir observé le jet mythique. Mais, revenons à nos moutons. J'ouvre la porte patio, l'odeur se fait beaucoup plus présente, pas l'animal en revanche. Il fait nuit, le film est bon, je n'insiste pas. Bonne nuit la moufette !

Le lendemain matin, nous prenons notre café sur les marches du patio et profitons du calme de la banlieue; ce moment privilégié avant le démarrage des tondeuses. Mon regard balaye fièrement le jardin, résultat de toutes ces heures de hamac pour arriver à quelque chose de plus naturel. Soudain mon regard est attiré par un motton de terre à proximité du cabanon; là où hier encore, il y avait un chemin de paillis. 
Il n'y a alors pas de doute dans notre esprit qu'un animal est venu creuser un terrier sous le cabanon. Ce n'est pas la première fois et c'est généralement à cet endroit que cela se produit. Décidés à en avoir le coeur net et à évaluer les dégâts, nous approchons avec circonspection et confirmons notre analyse. En faisant le tour à la recherche d'indices, nous découvrons même un deuxième trou de l'autre côté. Évidemment, nous pensons immédiatement à la moufette d'hier soir. Depuis le temps que nous attendons son avènement dans le jardin, serions nous enfin exaucés ?

Mon passé de scientifique me rattrape (après avoir été poursuivi par toutes ces études, il n'est pas trop tôt). Je me souviens de ce vieil Archimède et de son principe: tout corps creusant le sol, déplace un volume de terre proportionnel à sa taille (enfin, quelque chose comme ça). L'animal ferait donc 40 litres de terre argileuse. So what ? C'est pour ça que j'ai arrêté les sciences; beaucoup trop approximatives.

Autre hypothèse: pourquoi pas Jo la marmotte ? C'est vrai qu'il y a un détail que vous ignoerez à propos de Jo. Je ne m'en suis pas vanté, mais la marmotte et deux de ses marmots ont été capturés par mes soins et déplacés dans un endroit plus tranquille...pour nous. En revanche, c'est le cas de le dire, un troisième rejeton plus émancipé a réussi à déjouer tous les pièges tendus et pourrait bien avoir décidé de lancer une vendetta !

Consoude officinale, Symphytum officinalis, Comfrey

Consoude parce qu'on lui attribue la vertu d'accélérer la réparation des fractures. Et pourquoi pas ? Puisqu'elle est riche en allantoïne, un composé chimique qui stimule la cicatrisation et la régénération des cellules.

Cornouiller du Canada, Cornus Canadensis, Dwarf Cornel

Quatre quatre-temps et demi et une violette.
En passant, les pétales n'en sont pas (c'est un involucre) et les fruits sont comestibles.

La naissance du pavot

"Das experiment", le retour

Les orifices les plus larges continuent de s'obturer, signe que l'expérience est un succès avec les xylocopes. Succès qui se confirme depuis deux jours car deux nouvelles espèces fréquentent les lieux: une guêpe solitaire (pas encore identifiée) qui a décidé de squatter un tube de bambou, et de toutes petites abeilles (c'est une première approximation), qui pondent à la manière de leurs grosses cousines dans les plus petits orifices. À l'extrême gauche et au milieu de la photo, on devine un opercule plus foncé, qui n'a pas eu le temps de sécher. Et tout ce beau monde se côtoie en toute sérénité, un exemple à suivre.   

 

Paruline à tête cendrée, Dendroica magnolia, Magnolia Warbler

Mauvaise photo, mais elle, ou plutôt il puisqu'il s'agit d'un mâle, ne m'avait pas prévenu de son passage.

Si je t'attrape...

Une rencontre inattendue ce matin, dans le jardin: une sangsue en ballade. Sortait-elle du bassin, du bois innondé ? Mystère.
Je ne pourrais préciser l'espèce; il y en a environ 650 dans le monde et à peu près 60 au Canada. Leur taille varie entre 1 et 20 centimètres; celle-là en faisait 6 à 8.
Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les sangsues:
  • elles font partie du phylum des anélidés (les vers), le phylum se situant entre le règne (animalia) et la classe (clitellata).
  • elles sont hermaphrodites.
  • elles peuvent être aquatiques, marines ou terrestres.
  • elles ne sont pas toutes hématophages et celles qui le sont peuvent avoir un intérêt médical.
  • la meilleure façon de les enlever n'est pas celle qu'on voit au cinéma (sel, mégot ou fumée de cigarette, alcool, vinaigre et autre substance chimique). Elles risquent de régurgiter et d'infecter la plaie, car leur estomac peut contenir des bactéries. La meilleure méthode est de glisser un ongle ou un objet mince et plat sous la bouche (le côté pointu), et une fois la bouche détachée, de tirer dessus pour décoller le pied (l'autre extrémité). Comme elle sécrète un anticoagulant, le sang peut continuer de couler pendant un temps. Il faut aussi éviter de se gratter après, c'est l'autre façon de s'infecter.
En cherchant des informations sur l'espèce, j'ai lu sur des forums qu'au Québec une espèce, dont je tairai le nom pour éviter de lui attirer des ennuis, pouvait s'attaquer à l'homme. S'attaquer ? Ayoye, comme dans "partir en guerre" ou comme dans "tu passes par là, j'te suce" ?

Couleuvre rayée, Thamnophis sirtalis, Common Gartersnake

Vous ai-je déjà parlé d'Audrey ? Elle fréquente le jardin depuis quelques années et a adopté, car c'est une coquette, un vieux pied de lavande (Lavandula angustifolia), qui a eu bien de la misère cet hiver. Audrey nous tolère, mais défend jalousement son abri quand nous venons pour le tailler.