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Le docteur Folamour fait du jardinage

Le parc de l'île de la Visitation est l’îlot au centre. Montréal est à droite, Laval à gauche. 

Avant-hier, je me promenais au parc de l'île de la visitation, sur la rive nord de Montréal. Je regardais vers l'île de Laval de l'autre côté de la rivière des prairies et me réjouissais de voir la rive si boisée dans un milieu urbain pourtant densément peuplé, jusqu'à ce que je remarque une trouée dans les arbres. 

J'ai d'abord pensé à un glissement de terrain, mais ces sphères vertes sur le terrain...c'était bizarre. Ce n'est qu'en zoomant avec mon appareil photo que j'ai compris que le docteur Folamour, après avoir survécu à la bombe, s'était installé à Laval (Québec) et s'était reconverti dans le paysagement. Survivra-t-il à l'érosion du sol, au réchauffement planétaire et à la pollution des eaux ? Il s'en fout, il vit son rêve.

À ce propos, moi aussi je vais vivre mon rêve; je pars sur l'île aux Basques avec ma blonde, une île sans eau, sans électricité et sans internet au large de Trois-Pistoles. J'en ai déjà parlé ici et j'en reparlerai sûrement à mon retour.

Un drôle de monde

Nourrir les animaux: une activité répréhensible

Ce matin, je me promenais dans le parc des Îles-de-Boucherville quand je suis tombé sur ce  panneau qui expliquait combien il était nuisible de nourrir les animaux; entendons ici les mésanges à tête noire et peut-être les cerfs de Virginie, quoiqu'ils aient tendance à ne pas se laisser approcher à cet endroit. Si cela vous intéresse de lire le texte, vous pouvez grossir la photo en cliquant dessus. Même si je n'ai jamais eu à subir les foudres d'une mésange frustrée et même si les allégations me semblent un tantinet exagérées, ou certaines anodines, j'appuie plutôt le fond du message qui encourage la distanciation respectueuse entre l'humain et l'animal sauvage. 

Je ne peux néanmoins m'empêcher de penser qu'il serait dommage de se priver des vertus éducatives et de l'émotion positive et durable que peut créer le contact, si bref soit-il,  entre un oiseau et la main d'un enfant qui le nourrit. Tout compte fait, le risque n'est-il pas plutôt de créer un futur militant pour la préservation de l'environnement. Par ailleurs, on éprouve beaucoup moins de scrupules quand il s'agit de stimuler le membership des associations de chassseurs en créant des ateliers d'initiation à la chasse pour les ados ou des activités ludiques de sensibilisation pendant la saison.

Un exemple des affichettes (probablement) d'un parcours d'éveil à la chasse que l'on pouvait voir à l'ouverture de la saison au bord du chemin dans le boisé du Tremblay que je fréquente régulièrement. Elles ont été enlevées, mais les supports en bois sont restés dans le paysage.

Je vis quand même dans une drôle de société qui préfère voir ses enfants tenir des fusils plutôt que des graines de tournesol, une société qui interdit le nourrisage des animaux sous prétexte qu'il est nuisible, et qui élève la chasse au rang de loisir utile sous prétexte qu'il régule les populations animales. Je me rappelle que ces mêmes régulateurs fauniques, sans encadrement législatif pour les freiner, ont quand même fait disparaître des espèces autrefois abondantes: la tourte en Amérique du Nord, le grand pingouin tout autour de l'Atlantique nord, le puma de l'Est au Québec et le carcajou au Québec, entre autres.   

Un 31 mars dans le boisé du Tremblay

Bon allez, ce matin, je me suis encore dévoué pour aller vous chercher des signes du printemps dans le boisé du Tremblay; quelle vie !
J'en ai trouvé sous la forme d'une hépatique à lobes aigus prête à fleurir et d'un vacher à tête brune guettant sa future ou ses victimes du haut d'un érable.




Sans rapport avec le printemps, j'ai aussi trouvé quelques traces de ces boulets que l'humanité traîne dans son sillage. Ouvrez-leur des espaces naturels, aménagez-leur des sentiers, installez des bancs pour qu'ils profitent des lieux et ils trouveront le moyen de vous pourrir l'endroit.


1917




Je vais rarement marcher dans mon quartier, je préfère la nature. Hier pourtant, je suis passé à proximité du parc Gentilly Est, un tout petit parc de Longueuil qui abritait un boisé probablement rélictuel de ce qui fut une forêt plus vaste dont il ne reste aujourd'hui que le Parc Michel Chartrand et le boisé du Tremblay, pour ne parler que des espaces significativement verts. Au printemps, aussi étrange que cela puisse paraître au beau milieu des bungalows du 450, on pouvait y voir des trilles et quelques autres représentantes de la flore forestière. 
Malheureusement, je crois que je vais pouvoir en faire mon deuil, car ce que j'ai vu hier ressemble plus au paysage qu'a connu mon arrière grand-père dans les tranchées de 14-18 qu'à autre chose. Seul responsable, l'agrile qui a tué tous les frênes, comme en témoigne la vue de Google. J'espère seulement que l'on replantera rapidement  et le plus "naturellement" possible.

3...2...1...Massacre


Je me suis retrouvé parce que mon GPS me proposait une route que je ne connaissais pas pour rentrer chez moi. "Là", c'est une sortie de rond-point qui débouche sur un cul de sac, face au boisé du Tremblay. En fait le chemin n'existe que sur le papier et dans la mémoire des ordinateurs; ce qui en dit long sur la planification du massacre du boisé. 
Ici, on n'attend plus que les bulldozers pour le raser. Pourtant, à en juger par les arbres morts en arrière plan, il semble y avoir un milieu humide, donc un refuge potentiel pour la rainette faux-grillon et de toute façon un milieu à protéger. Le temps de la photo, une buse à épaulettes - nicheuse dans le boisé - m'a même survolé. Malheureusement,  il faudra plus d'une espèce protégée pour arrêter l'avidité des promoteurs et la complaisance de la mairie de Longueuil.
Et tout ça pourquoi ? Pour faire du vert urbain, une couleur entre le gris béton et le vert pelouse avec une touche de bleu piscine.


Il est vrai que notre conseil municipal est soucieux de la durabilité du développement. Il faut bien loger les payeurs de taxes pour tenter d'éponger des déficits. On aime se bercer d'illusions puisqu'il faudra fournir des services couteux à ses nouveau citoyens (transport en commun, déneigement, service de ramassage scolaire, service de police et d'incendie, alouette...). Et inutile de proposer des économies ! On le sait. Au Québec, c'est la fuite en avant qui prévaut. Il faut déboiser, forer, construire, acheter, et vendre. Pas question de freiner, de rénover ou de recycler. On veut du confort, de la bébelle clinquante, du tape-à-l’œil, de l'obsolescence programmée; pas des choses qui durent et qui risquent de se démoder.
On compense le vide de nos existences par une illusion de puissance et de liberté. On rêve d'ailleurs devant sa télé, mais on admire sa piscine creusée en buvant de la bière. On passe son temps à astiquer son automobile et son véhicule récréatif pour aller s'échouer au camping des flots bleus à Rougemont. On fait des levées de fonds pour se payer des vacances en prétendant faire de l'humanitaire et on laisse les médias nous dicter notre façon de vivre.  

Ça va mal !


Hiver rigoureux, été humide ou néonicotinoïdes ? Toujours est-il  que l'année s'annonce mauvaise pour les butineurs du jardin. Le nichoir à abeilles est resté tristement inoccupé alors que d'habitude les abeilles charpentières se bousculent pour y pondre. Les échinacées se désespèrent d'assister au spectacle des bourdons exécutant leur numéro de fakirs sur le tapis d'épines de leurs fleurs.
En tout et pour tout, nous avons du voir un papillon, peut-être deux, dignes de ce nom traverser le jardin et notre dernier monarque remonte à l'année dernière; le seul de l'année malgré les asclépiades que nous entretenons.

 

Quand sera-t-il trop tard ?

Un couple penché sur une fleur ou le nez en l'air, regardant fixement dans une même direction, peut susciter l'intérêt du passant et parfois même la conversation. Cette année, mise à part la fameuse entrée en matière "qu'est-ce que vous regarder de beau ?" ou une de ses formes dérivées, deux remarques sont revenues constamment  dans les discussions: "pourquoi y-a-t-il moins d'oiseaux cette année ?" et "je n'ai vu qu'un monarque cette année".

Monarque

Ce à quoi nous avons répondu que les populations animales peuvent varier d'une année sur l'autre, qu'il est impossible d'établir une tendance à partir d'une seule observation, qu'elles sont soumises à des cycles naturels d'abondance, que des conditions particulières peuvent les favoriser temporairement ou leur nuire. Par exemple, cette année, beaucoup d'oiseaux, dont les colibris du jardin, ont été retardés à cause de conditions météorologiques défavorables aux États-Unis. Néanmoins, force est de constater qu'à ces fluctuations saisonnières s'ajoute une tendance générale à la baisse.
Tous les observateurs d'oiseaux vous le diront, il y en a de moins en moins chaque année. Le rapport sur l'état des populations d'oiseaux du Canada disponible ici le confirme: les effectifs des oiseaux nicheurs diminuent constamment depuis 1970, une baisse de 12 %. Des espèces, abondantes il y a quelques années, ont disparu des listes d'observation. Personnellement, il y a longtemps que je n'ai pas vu un gros-bec errant et, dans un autre ordre d'espèces, la rainette faux grillon qui chantait au printemps derrière chez nous s'est éteinte depuis deux ans déjà. Nous entretenons un parterre d'asclépiade (c'est un bien grand mot pour une plante indigène considérée comme une mauvaise herbe par ceux qui n'ont pas d'odorat). Nourriture presque exclusive du Monarque, cette année, il n'a été survolé que par un seul papillon. Ce ne serait pas inquiétant si on ne connaissait pas les menaces qui pèsent sur ce migrateur: la traversée de la "corn belt" américaine, de ses pesticides, la disparition ses forêts mexicaines du Michoacán où ils se rassemblent.
Le constat de cette perte continuelle sera-t-il suffisant pour l'inverser ? Constater le déclin est une chose, il nous reste à faire le lien avec nos gestes quotidiens et à changer nos habitudes. 


Comment lui dire ?


By USGS [Public domain], via Wikimedia Commons
Un dimanche à Longueuil, il est 14:00 heures et il pleut, juste assez pour constater que l'intelligence est une ressource aussi mal partagée que l'eau.