En regardant par la fenêtre

Il y avait la mésange bicolore dans le sureau, tout près de la maison, et cet épervier, probablement de Cooper, avec sa calotte plus foncée et le liseré blanc bien marqué au bout de la queue. Lui et moi nous sommes regardés droit dans les yeux, un privilège réservé aux prédateurs que nous sommes tous les deux.

En effet, pour percevoir le relief et évaluer les distances avec suffisamment de précision pour capturer une proie, il faut être doté d'une vision stéréoscopique, c'est-à-dire être capable d'envoyer au cerveau deux images légèrement décalées du même objet. Le chevauchement des deux champs visuels lui permet ainsi de faire des calculs savants qui lui fournissent la mesure précise de la distance de la proie, de l'effort à fournir pour l'atteindre et de la probabilité de réussir. Si la proie est trop éloignée, les chances qu'elle s'échappe augmentent et l'apport d'énergie d'une capture ne compensera peut-être pas la dépense de la poursuite. Tout est à prendre en considération.

À l'autre bout de la chaine alimentaire, la proie, en l'occurrence la mésange bicolore, n'a pas besoin de connaître la distance du prédateur. Tout ce qu'elle veut, c'est être avertie de sa présence et pour ça, il faut être capable d'embrasser le paysage en un seul regard. Inutile d'avoir des yeux tout le tour de la tête, un de chaque côté suffit à lui procure un champ de vision XXL.

Moi évidemment, avec ma vision de prédateur, je n'avais d'yeux que pour la mésange. Je n'avais pas vu arriver l'épervier. C'est elle qui m'a alerté de sa présence en se figeant contre la branche du sureau.

Joyeux Noël à toutes et à tous

J'espère que vous avez reçu les cadeaux que vous attendiez. Moi, j'ai reçu un virus. Je ne sais pas comment je l'ai attrapé, mais puisqu'on fête la nativité, fruit de l'immaculée conception, j'imagine que tout cela a un sens. La bonne nouvelle, c'est que je ne suis pas enceint de la COVID.

Pour terminer ce billet festif sur une note positive, je vais vous donner un truc de pro de la rénovation pour connaître la qualité de l'isolation thermique de votre maison. Ce n'est pas compliqué; il suffit de disposer quelques tourterelles tristes dans votre jardin. Si elles viennent se coller contre les murs, cela signifie que votre maison est mal isolée.

Toujours là

Première grosse bordée de neige, premiers bruants hudsoniens. Je les soupçonnne de l'avoir amenée avec eux. Quant aux mésanges bicolores, comme prévu, elles sont toujours présentes, mais il faut être là au bon moment pour les voir, car elles sont toujours aussi furtives. Cela ne m'étonnerait pas qu'elles nichent dans le boisé l'année prochaine, à moins que cela se soit déjà produit cette année.

Une histoire du boisé du Tremblay: les années 2000

Le roman-photo d'une friche agricole qui rêvait de devenir un refuge faunique et ne deviendra qu'un parc municipal, par quelqu'un qui aime la nature pour ce qu'elle est.

Les belles années

Les saisons passaient sur ces terres agricoles retournées à la sauvagerie. En une cinquantaine d'années, aubépines, chèvrefeuilles et cornouillers avaient pavé la voie aux peupliers et aux bouleaux venus combler l'espace entre quelques vieux frênes-jalons de rangs et les reliques de l'érablière à caryer et à sucre.

Le relooking

De l'avis des développeurs de l'économie à courte vue, cet abandon n'était ni tolérable ni rentable et il fallait absolument trouver un moyen de refaire du blé avec ces terres; c'est-à-dire asphalter, bétonner, vendre, louer et faire payer des taxes. Heureusement, la forêt pouvait compter sur Tommy Montpetit, un enfant qu'elle avait vu grandir et qui réussit, après de nombreuses années de lutte, à convaincre la ville qu'il fallait protéger le lieu et les créatures extraordinaires qui l'habitaient.  


Le retour de l'humanité

Pourquoi se contenter de protéger et de regarder pousser ? Think big et valorise. Ainsi fut-il et nous eûmes ce que nous méritions: des pistes multifonctionnelles, des bancs, de la compensation carbone (plus valorisant que de replanter des arbres qu'on a coupé), des chiens, des vélos, des joggeurs et des stationnements pour les accueillir.

  

Bredouilles et frigorifiés

Cette nyctale a été photographiée au parc Michel-Chartrand (Longueuil) l'année dernière. Celle du parc de la frayère ne passera pas à la postérité; elle dormait la tête sous une aile, rien ne justifiait que je la dérange et je me suis éclipsé discrètement.

Il ne faisait pas chaud hier matin au parc de la Frayère au bord du fleuve à Boucherville, mais je voulais montrer à ma blonde la petite Nycatle que j'y avais repérée la veille. Nous ne nous faisions pas trop d'illusions: une nyctale, c'est petit, ça vole, ça chasse la nuit, ça dort le jour et comme ça n'aime pas être dérangé pendant son sommeil, ça se cache pour dormir.  

Thuyas qui débordent de leur pot ou en haies, l'arboretum Stephan-Langevin (Boucherville) n'a pas toujours été un parc municipal.

Nous avons donc visité les cachettes probables de la Nyctale, les thuyas et les enchevêtrements de vigne, et cherché des indices de sa présence, des pelottes de réjection et des fientes au sol ou sur les branches basses. Rien, à part la "foule" des résidents habituels: une troupe de merles courageux, des cardinaux, des mésanges et des sittelles habituées à se faire nourrir par les visiteurs.

Cette sittelle à poitrine blanche me harcelait pour être prise en photo.
Même chez les cormorans à aigrettes, il y a des ados rebelles et peu frileux.  

Une pic boit

Alors que certains cherchent à passer un marché de dupes avec la biodiversité, d'autres la montrent pendant qu'il est encore temps. Mais ce n'est rien à côté de la vivre; allez voir dehors ce qu'il en reste !

L'intelligence au service du gazon

En banlieue, vous savez à quel point on aime nos pelouses. Au printemps, on les resème et on les engraisse. En été, on les tond et on les arrose de pesticides. Et depuis une dizaine d'années, dans mon quartier, en automne, on les abrille pour les protéger des sels de déglaçage. 

Ça ne sert à rien, c'est juste drôle.

Créez votre proverbe

À partir de la fin décembre, on a toujours une petite troupe de cerfs de Virginie qui passe ramasser les graines tombées des mangeoires.  Cette année, cela fait une semaine que nous avons commencé à les voir. Mais comme on dit: "Cerfs aux mangeoires, neige à pleuvoir" à moins que ce soit "Cerfs aux mangeoires, gel à prévoir".

C'est écrit dans la marge

L'année dernière, à peu près à la même époque, je manifestais avec quelques résidents du quartier pour arrêter des travaux visant à faire passer un boulevard dans un milieu protégé. Nous réussîmes à faire stopper le projet, mais pas à empêcher la destruction du milieu.

Comme il était vaguement question de contraindre le promoteur à restaurer le milieu, j'y suis retourné récemment pour constater l'état des lieux sans trop me faire d'illusion. 

Sans surprise, rien n'a changé après un an. L'artificialisation des sols a été telle que même la végétation a du mal à recoloniser l'endroit. Quant à la faune, celle qui a survécu, on pourrait croire qu'elle a fui. Pourtant, si on s'affranchit du cadre et des perspectives où la rectitude s'impose et si l'on sort du sentier battu pour s'attarder dans la marge, la vie est là, à l'état de traces.

Dans les fossés, il y a souvent un peu de boue pour retenir les pas.   
Ici, probablement un raton laveur 
Et là, un cerf de Virginie avec les deux doigts du sabot surmontant les deux ergots.