Chouettes et hiboux à gogo

Rien de tel qu'une promenade en raquettes dans un parc de l'île de Montréal pour observer un strigidé. Un hibou moyen-duc hier, une chouette rayée aujourd'hui, ils sont partout. Il y en a même en plein centre-ville de Montréal.
Encore faut-il mettre le nez dehors; ce qui n'est pas toujours chose aisée quand il fait froid et que les programmes de la télévision de Noël sont si intéressants. Ce matin, le -18° C du thermomètre était tempéré par l'absence de vent. Alors, autant en profiter avant que la vie ne passe. Et, au détour du chemin, le plaisir de croiser le regard obscur de Strix varia et d'être conscient l'un de l'autre valait bien l'effort déployé pour ouvrir la piste.

Un mauvais moment à passer

Rien de triste pour la tourterelle ! Face au vent, les plumes hérissées pour emprisonner une couche d'air isolante, il n'y a plus qu'à attendre que la tempête passe.



Chouette épervière, Surnia ulula, Northern Hawk Owl

Celle-là a été photographiée en août 2001 à la tourbière d'Alfred en Ontario. Pour une habitante de la forêt boréale qui a la réputation de na pas migrer, sa présence dans le sud ontarien en cette saison avait de quoi surprendre.
En fait, les chouettes nordiques, et d'autres oiseaux de ces régions, viennent périodiquement passer l'hiver plus au sud. Certaines se plaisent tellement qu'elles prolongent leur séjour. Pour le Harfang des neiges, le cycle est d'environ 5 ans, Pour la chouette épervière, la chouette lapone et la nyctale de Tengmalm, il est de 4 ans. Le dernier pic d'observations a eu lieu en 2008.    


Mésange à tête brune, Poecile hudsonicus, Boreal Chickadee

La mésange à tête noire (Poecile atricapilla) est tellement présente dans le sud du Québec qu'on en oublie l'autre représentante du genre: la mésange à tête brune. Il est vrai qu'elle est plus discrète, mais c'est aussi une habitante des forêts de conifères. Plus au nord, le père Noël en voit certainement plus que nous.



Milan à queue fourchue, Elanoides forficatus, Swallow-tailed Kite


Encore du vieux stock ! Celui-là remonte à 2002.
Cette année-là, la municipalité de Forestville, dans la région de la Haute-Côte-Nord, a créé tout un émoi dans la communauté ornithologique québécoise et probablement ontarienne, et peut-être même un peu plus. C'est qu'on a pu y observer un milan à queue fourchue du 25 août au 4 septembre. La limite nord de sa distribution étant la Caroline du Sud, on comprend pourquoi les mentions sont plutôt rares au Québec. C'était la première officielle en 2002. Il y en a eu trois autres depuis, dont deux en 2008 (peut-être le même oiseau).
Nous avions rendez-vous avec les baleines bleues au large de Portneuf-sur-Mer, mais un petit détour jusqu'à l'entrée de Forestville nous a permis de saluer le visiteur.

Cigogne blanche, Ciconia ciconia, White Stork

Il y a quelques années, un séjour dans le sud de la France m'a permis d'observer mes premières cigognes blanches. La première rencontre se fit en Camargue, un individu posé dans un champ. Comme c'était en septembre, j'imagine qu'il s'agissait d'un migrateur en route pour son aire d'hivernage subsaharienne. La seconde eut lieu un peu plus à l'ouest au parc ornithologique du Teich au bord du bassin d'Arcachon, un très bel espace naturel qui accueille de nombreux oiseaux sauvages. Il abrite notamment une colonie de cigognes qui n'étaient apparemment pas encore parties.
Je me souviens aussi  avoir croisé la route d'un couple d'ornithologues suisses très excités par l'observation d'un busard Saint-Martin que j'avais à peine regardé. Je n'avais pas encore réalisé que contrairement au Québec où il est assez fréquent d'en observer, l'oiseau est rare et protégé en Europe.

Renard d'Anticosti

 
À Anticosti, une île d'environ 200 km de long sur 50 de large située dans le golfe du Saint-Laurent, il y a un avant et un après Menier.
En 1895, le chocolatier français achète l'île pour en faire sa réserve de chasse. Il y fait bâtir un village et y introduit diverses espèces d'animaux. Parmi ceux-ci, le cerf de Virginie va devenir un véritable désastre écologique, mais une source de profit encore exploitée en attendant que le pétrole jaillisse.
Il y introduit également le renard gris d'Amérique, ou renard argenté (Urocyon cinereoargenteus) et un hybride entre le renard gris et le renard roux. Les deux espèces se lient rapidement d'amitié avec la  population locale de renards roux (Vulpes vulpes) et, aujourd'hui, leur descendance abonde sur l'île, au grand plaisir des visiteurs. 

Retour au Mont Saint-Bruno

J'aime bien me promener entre les cabanes des gens riches et célèbres. En longeant le lac seigneurial, j'ai pu constater que la gondole de Venise ou de Guy -c'est selon- a été remisée pour l'hiver; intéressant n'est-ce-pas ? Je me demande si elle se voit de l'espace.
La fin de semaine dernière, la petite neige qui tombait (ou peut-être est-ce l'effet du magasinage de Noël) semble avoir refroidi les promeneurs. Nous en avons profité pour chercher la Chouette rayée, aperçue quelques semaines auparavant. Elle nous a probablement vus, mais a décidé de se faire discrète.
En revanche, le grand-pic était au rendez-vous, ainsi que trois cerfs de Virginie. Il y en a peu au mont Saint-Bruno, leurs traces sont rares. Sont-ils "gérés" ? Nous y avons vu aussi des mésanges, les deux espèces de sittelles et une centaine de sizerins avec lesquels nous n'avons pas pratiqué le jeu favori des observateurs d'oiseaux, celui qui consiste à chercher le sizerin blanchâtre au milieu des flammés. Pour ceux que cela intéresse, c'est une année à sizerins. Leur abondance dans le sud du Québec en hiver suit en effet un cycle de deux ans.