Spécial ratons

À la suite du déménagement des moufettes et afin de vérifier ce qu'il advenait du terrier et de son éventuelle occupation, j'ai posé une planchette à son entrée, facilement poussable par n'importe quel animal désireux d'y entrer ou d'en sortir. J'ai aussi installé ma caméra à déclenchement automatique sur le passage. Avant-hier matin, la planche avait bougé et j'ai visionné les enregistrements.

Il s'agissait d'un raton laveur, un habitué du jardin. Il le traverse une première fois, tard le soir, pour aller faire sa tournée des poubelles du quartier, puis une seconde fois, tôt le matin, pour retourner dans le bois. Au passage, il fouille le bassin à la recherche de quelques grenouilles. À ce propos, j'avais disposé dans l'eau quelques vieilles souches à demi immergées pour permettre aux amphibiens de se cacher ou de sortir du bassin, mais le raton a pris l'habitude de les retourner; ce qui m'a obligé à les fixer.

En ce moment, il y a aussi une mère et ses deux jeunes qui passent par là. Il y a quelques semaines, attirés par leurs couinements, je les avais surpris en plein après-midi dans le jardin; j'imagine que les petits "ne faisaient pas encore leur jour". 

Hier matin, en revenant d'accompagner ma blonde à son travail, je les ai vus, au loin, traverser la rue à la course à la hauteur de ce que j'ai estimé être la maison. Je me suis dépêché de rentrer dans l'espoir de les surprendre dans le jardin. Je suis arrivé juste à temps: la mère était déjà dans le bois, mais les deux jeunes avaient encore du mal à escalader la clôture. 

Je me suis approché en surveillant la mère du coin de l'œil. Je ne voulais pas me faire charger, encore moins me faire mordre, car il ne faut pas oublier que les ratons sont les principaux vecteurs de la rage au Québec, surtout sur la rive sud du Saint-Laurent. Ensuite, je me suis accroupi pour paraitre moins menaçant et j'ai entamé la conversation en imitant maladroitement l'espèce de roucoulement qu'ils émettent pour garder le contact entre eux quand ils se déplacent. Leur curiosité l'a finalement emporté sur la méfiance et ils se sont approchés.

Fête du Canada

Le premier juillet correspond à la fête du Canada et au traditionnel déménagement des locataires québécois dont les baux annuels se terminent. C'était donc pour moi une excellente occasion de déménager les moufettes qui avaient décidé de squatter le sous-sol de notre cabanon.

Je dois préciser qu'à la vue du tas de terre fraichement excavée, j'avais d'abord pensé à une marmotte et que j'ai été bien surpris et embarrassé quand j'ai constaté que le piège (non léthal) avait attrapé deux jeunes moufettes et qu'une troisième tournait autour. En effet, comme tout le monde le sait, les moufettes, bien qu'inoffensives, possèdent une arme dissuasive très efficace qui consiste à asperger leurs assaillants d'un liquide nauséabond et tenace.

Personnellement, en tant que scientifique attaché aux résultats expérimentaux, j'ai plusieurs fois tenté de déclencher le jet tant redouté en les poursuivant en nature... en vain. Il m'est aussi arrivé d'en surprendre, autant que d'être surpris, et les rencontres, même très proches, se sont toujours bien déroulées. J'en suis donc arrivé à la conclusion que les moufettes étaient des animaux extrêmement tolérants et pacifiques. En leur présence, il suffit en fait de rester calme et de ne pas faire de gestes brusques. Et effectivement, encore une fois, le déménagement dans le bois derrière ma clôture, s'est passé sans anicroches, malgré le stress de l'emprisonnement temporaire et ma promiscuité avec l'animal. 

Au bout du compte, j'ai déménagé quatre charmantes locataires, et ce malgré le fait que j'ai toujours prétendu vouloir en héberger une. C'était avant de savoir que ces animaux préfèrent vivre en communauté. Malheureusement, notre jardin est trop petit pour en accueillir quatre et c'est bien dommage, car l'extension du territoire humain et l'intolérance, voire l'hostilité (non fondée, je le répète) de mes compatriotes à leur égard, font en sorte qu'il est de plus en plus difficile pour les moufettes de trouver leur place. 

Vivement les métavers !

À la vue de cette base de "disc golf" soigneusement désherbée, recouverte de gravillons et d'un carré de gazon artificiel au beau milieu d'un pré du parc des étangs Antoine-Charlebois, j'en suis venu à souhaiter l'avènement de ces univers virtuels dans lesquels ces amateurs de frisbee pourront enfin pratiquer leur activité dans un monde sans moustiques, sans trop de soleil, sans herbe qui chatouille les mollets, sans boue qui salit les chaussures et sans aspérités qui pourraient les faire trébucher.

Ce jour-là, ceux qui aiment la nature telle qu'elle est pourront enfin en profiter.