Trois pruniers de plus

Hier, je suis allé rendre visite au prunier noir trouvé l'année dernière dans le boisé du Tremblay. Je voulais savoir comment il avait passé l'hiver et si les cantonniers chargés d'entretenir les abords du chemin — comprenez : faucher tout ce qui dépasse sur une largeur d'environ un mètre — l'avaient épargné.

Il était en pleine forme et magnifique avec ses grandes fleurs roses. J'ai scruté le sol à son pied pour essayer de trouver une éventuelle descendance. Il avait produit tellement de prunes l'année passée qu'au moins quelques-unes aurait pu germer. Toutefois, je n'ai rien trouvé. 

Par contre, des cinq que j'avais cueillies en septembre dernier pour y gouter et semer les noyaux, j'ai obtenu une germination et tout porte à croire qu'il y aura un jour des prunes sauvages au jardin. J'avais aussi prélevé trois rameaux de l'année, d'environ 20 cm, avant qu'ils ne soient complétement aoûtés. Ce printemps, je les ai surveillés attentivement en espérant voir un gonflement des bourgeons annonciateur du succès du bouturage. J'ai eu deux bonnes surprises sur trois, et même des fleurs. On n'en est pas encore à faire de la confiture, mais c'est un début. 

Ex-noyau de prune
Futur noyau de prune

Faire la vaisselle...

À la maison, faire la vaisselle n'est pas une corvée, mais plutôt un prétexte pour s'évader dans le jardin par la fenêtre au-dessus de l'évier. C'est l'occasion de mesurer le passage des saisons et de surprendre l'intimité des habitants du lieu. 

En ce moment, le populage des marais se dépêche de fleurir avant que les fougères le fassent disparaitre sous l'ombre de leurs frondes, trois colibris mâles se disputent le jardin en écrivant des U dans le ciel et je viens de constater l'arrivée de la première femelle à la mangeoire. 

De gauche à droite, derrière les pierres du bassin et sur fond de boisé du Tremblay : les crosses filiformes et pourpres de la capillaire du Canada, les frondes vertes de la matteucie fougère-à-l'autruche, le populage des marais et le polystic faux-acrostic, juste devant lui.

Une nouvelle venue

Il y a une semaine, en faisant le tour du jardin, j'ai trouvé trois spécimens d'une nouvelle espèce de plantes à fleurs. J'attendais qu'elle fleurisse pour l'identifier; c'est fait. Il s'agit d'Omphalodes verna, ou  Omphalodes du printemps, ou encore Petite bourrache printannière. C'est une jolie petite vivace de la famille des boraginacées.

Je ne sais pas comment elle est arrivée là: une défécation d'oiseau, le vent, la semelle de nos souliers voyageurs ou un réveil de semences depuis longtemps endormies (on parle d'au moins vingt-cinq années depuis notre acquisition de la maison). Toujours est-il qu'elle est originaire des sous-bois européens et qu'elle s'est naturalisée en Amérique du Nord. 

Comme elle commence à fleurir à une saison qui manque encore cruellement de couleur, je la laisse pour l'instant. Mais attention, contrairement à elle, je ne suis pas né de la dernière pluie: cette façon d'apparaître brusquement et en nombre me laisse penser qu'elle pourrait facilement devenir envahissante. Je la garderai donc à l'oeil - ce qui n'est pas déplaisant.