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Un monde inaperçu

Grâce à Étienne Plasse et à son équipe, le monde des amphibiens et reptiles du Québec se dévoilera en novembre prochain. En attendant, vous pouvez aller consulter 10 belles capsules vidéos sur des espèces menacées à l'adresse unmondeinapercu.com

Cap'taine Crapaud

Avec un peu de chance, vous le croiserez au parc du lac Témiscouata. Oh bien sûr, il y a des représentants de son espèce partout au Québec, mais ils ne sont pas aussi beaux que le Capitaine.
Bien que le crapaud d'Amérique ne sorte jamais sans son armure, cela ne l'empêche pas d'être au menu des couleuvres, des tortues et de certains poissons. Quelques mammifères et oiseaux s'en prennent à lui, mais évitent de le consommer, car ses glandes à venin le rendent indigeste.

Anaxyrus americanus americanus
Anaxyrus americanus americanus
Anaxyrus americanus americanus

Les liens qui nous unissent

Érable rouge

Sur le mont Saint-Bruno, l'eau ruisselle à l'ombre des érables. Une branche morte la retient, juste assez pour qu'une salamandre cendrée ajoute à mon bonheur d'être là.

Salamandre cendrée

Une partie de mikado avec la rainette

Chaque année ou presque, une rainette crucifère élit domicile dans la boîte d'épingles à linge. Elle y passe la journée à dormir et ouvre à peine un oeil - quand elle ne reste pas carrément endormie - quand nous soulevons le couvercle pour étendre le linge. Nous prenons toujours grand soin de ne pas la déranger en choisissant délicatement les épingles les plus éloignées; cela va même parfois jusqu'à repousser le séchage. Le seul truc qui lui fait mettre le nez à son balcon, c'est une bonne averse. Elle va alors faire un tour et revient se coucher.


Réserve nationale de faune du lac Saint-François

Aujourd'hui, c'était la virée annuelle au lac Saint-François, au bord du Saint-Laurent, juste avant qu'il ne redevienne Mohawk. C'est le meilleur moment. Les oiseaux commencent à nicher, il n'y a pas encore de feuilles pour les cacher et les moustiques ne sont pas encore levés. Qui plus est, aucune police ne peut vous empêcher de prendre des photos (voir le blog de Flora Urbana). 
Bilan de la visite: 39 espèces d'oiseaux dont les grues du Canada sur leur nid, le pygargue à tête blanche, l'aigle royal et le balbuzard pêcheur et les grenouilles qui poussaient la chansonnette.
Au retour, un bruant fauve en migration cassait la croûte dans le jardin avant de poursuivre sa route vers le nord. Ça et la température, ce fut une belle journée.

Rainette crucifère
Grue du Canada

La rainette du houblon


Une rainette crucifère prend un bain de soleil sur les feuilles de houblon du balcon. Elle devrait peut-être se méfier car les couleuvres rayées adorent s'y retrouver pour faire la sieste.

"Crapaude" américaine


Une crapaude de 12 cm, cela n'existe pas, un crapaud d'Amérique de 12 cm non plus. Pourquoi ? Pour la simple raison que la femelle du crapaud  n'est pas la crapaude, et encore moins la grenouille et que les mâles ne font généralement pas plus de 10 cm. 
Par conséquent, l'individu de la photo est probablement une femelle de crapaud d'Amérique (Anaxyrus americanus). La couleur rougeâtre des flancs et de la partie postérieure renforcent cette impression.
C'est la deuxième fois que j'en vois d'aussi grosses, la première au jardin. Il va falloir que j'inspecte le bassin pour voir s'il n'y aurait pas des œufs. Je ne l'ai pas recroisé mais sa catégorie la met à l'abri des plus grosses de nos couleuvres. Pour ce qui est des ratons laveurs et des autres petits mammifères, la plupart savent depuis longtemps que ce genre d'anoures n'est pas très digeste.

Parc national du Mont Orford


Est-ce à cause de ses 300 et quelques sites de camping, de ses deux plages ou de sa proximité avec le centre économique de l'Estrie (probablement les trois à la fois), toujours est-il que je n'étais jamais allé me promener dans le parc du Mont Orford.
Mais l'attrait de la découverte étant plus fort que ma misanthropie, cette lacune a été comblée récemment, non sans avoir soigneusement choisi le moment, c'est-à-dire en semaine et par une météo à décourager la plus aventurière des familles.


Grand bien nous en a pris, car le lieu nous a offert quelques observations exceptionnelles, de celles qu'on espère sans trop y croire. Nous aurions pu nous contenter du spectacle des chélydres serpentines qui jalonnaient la route menant au parc, mais à peine arrivés sur le site de campement, nous avons eu la chance d'observer une gélinotte huppée, nous signifiant que nous n'étions pas les bienvenus et que la cohabitation ne serait possible que si nous nous faisions discrets. "Message reçu fort et clair, nous n'empièterons pas sur votre territoire !" Je ne sais pas si vous entendrez sur la vidéo de mauvaise qualité qui suit, le tambourinement sourd produit par le battement des ailes, mais ce son que l'on entend fréquemment en forêt au printemps est émis par les mâles pour attirer les femelles et revendiquer leur territoire. 


À la tombée de la nuit, une marche d'exploration des alentours nous a ensuite conduit à un barrage de castors où se produisaient rainettes versicolores et autres anoures. Malheureusement pour nous, toutes les places du concert avaient été réservées par des moustiques et nous avons rebroussé chemin sans nous faire prier.


Le soir même, alors que nous avions monté notre propre spectacle de feu de bois, une chouette rayée probablement inspirée par la magie du moment vint nous conter une histoire à faire peur. Si nous ne l'avions pas déjà entendue, elle aurait certainement produit son effet. Évidemment, comme les paroles portent loin dans les montagnes, d'autres ont voulu raconté leur propre version et la chicane a fini par pogner. La discussion s'est poursuivie tard dans la nuit mais nous nous sommes endormis avant d'en connaître l'issue.


Le lendemain, après avoir déjeuné avec la gélinotte, nous sommes partis en randonnée jusqu'au Mont Chauve. Sur le chemin, les têtes des pics, grand et maculés, sortaient de leur fenêtre pour nous regarder passer. La tête en l'air, occupé à les saluer, je n'avais pas vu ce qui allait être le clou de la visite. C'est ma blonde, au bord de l'apoplexie, qui a attiré mon attention sur un chicot au bord du chemin où trônait nul autre que Actias luna, le papillon lune. Celui-là, je ne pensais pas le voir un jour (ni même une nuit), car il ne vole qu'entre 1 et 3 heures du matin, après avoir senti les phéromones qu'une femelle a émise un peu plus tôt dans la nuit . Moi, à cette heure-là,  je dors depuis longtemps.


Je vous passe les détails des nombreuses plantes rencontrées sur le chemin et du cerf de Virginie qui se prenait pour un orignal. Tout ce que je peux dire, c'est qu'une fois de plus je ne regrette pas d'avoir cédé à ma curiosité

Lychnide fleur de coucou
Vératre vert
Vératre vert

Crapaud d'Amérique

Anaxyrus americanus n'est pas très gracieux avec toutes ses verrues, qui sont en fait des glandes à venin (mais non, il n'est pas dangereux). Par contre, il chante bien; une longue trille aiguë qu'il pousse au printemps. Pas très grand (11 cm maximum), bien camouflé (couleur brun pâle à brun foncé), on passe généralement à côté sans le remarquer. Il est pourtant très commun. On le trouve même dans les jardins de banlieue, entre la piscine, le barbecue et la tondeuse.


Quand coasse la léopard...

Le printemps est certainement la saison la plus sonore de l'année. C'est le temps pour monsieur de chanter à madame les avantages qu'elle aurait à s'accoupler avec lui ou d'indiquer à ses rivaux les limites de son territoire. C'est aussi le temps pour nous d'en profiter car le concert ne durera pas. Une fois l'objectif atteint, tout le monde fera silence pour élever sa progéniture sans risque d'attirer les prédateurs. Le printemps est sonore, mais pas cacophonique. La musique est bien réglée et chacun sait quand il doit entrer en scène. Il faut dire que les répétitions se comptent par millions. Ainsi, quand le temps est venu pour la grenouille léopard de chanter, celui de la rainette faux-grillon achève.

Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages

Ni les grenouilles des bois, même si c'est à s'y méprendre parfois.



Et puis, maintenant que son ménage est fait, la sittelle peut chanter elle aussi.


Le chant du cygne

Hier, j'ai eu le plaisir d'entendre chanter les rainettes faux-grillons, une espèce qui survit dans quelques lieux privilégiés du sud du Québec.
Mais pour combien de temps encore ? Les promoteurs immobiliers les ensevelissent sous des quartiers de Lego,  les terrains de golf les tapissent de vert et les empoisonnent pour des "pousseux de p'tites balles" qui se prennent pour des sportifs et le ministère des transports les asphalte pour faire passer nos véhicules vides de sens mais remplis d'ego.
Il y a quelques années, je m'endormais au chant de la rainette. Aujourd'hui, je marche quelques kilomètres pour aller les écouter. Demain, je regarderai cette vidéo pour me rappeler les beaux jours.


De la facilité au gaspillage

De la hache à la tronçonneuse jusqu'à la coupe à blanc,
De l'arc au fusil jusqu'à la disparition d'une espèce,
De l'artisanat à la production de masse jusqu'au fond de l'impasse.


Il y avait tellement mieux à faire que de couper cet arbre qui menaçait probablement les promeneurs du Mont Saint-Bruno: l'étayer, l'évider pour les martinets, le totémiser (puisque nous sommes en terre amérindienne), le laisser et le contourner. Maintenant, qui va héberger cette rainette versicolore ?



 


Salamandre cendrée, Plethodon cinereus, Redback Salamander

On se crée parfois sa propre prison. Par exemple les salamandres, j'avais fait une croix sur leur observation, me disant que si le hasard ne m'avait pas encore permis d'en voir, c'est qu'elles étaient plutôt rares et que l'effort n'en valait peut-être pas la chandelle. J'avais bien déjà soulevé quelques vieilles souches vermoulues et quelques pierres dans des boisés humides, mais sans succès. Ma blonde y croyait encore, moi plus trop. Je me contentais d'admirer, non sans jalousie, les observations des autres.


Mais voilà, on finit par rencontrer des personnes qui en ont vu. D'abord la conjointe d'un biologiste qui  raconte comment elle l'a accompagné dans des inventaires et qui vous explique quelques trucs pour les trouver. Et puis Sarah Noël , une généticienne qui a publié sur la salamandre et qui se montre surprise que nous n'en ayons pas encore vu, tant certaines sont abondantes. Alors, on se dit: "pourquoi pas nous ?" et on devient plus attentif.


Récemment, au cours d'une excursion dans les Cantons de l'Est, nous sommes tombés sur un panneau d'interprétation expliquant que la salamandre pourpre, une espèce rare au Québec, habitait les lieux; un signe supplémentaire. En poursuivant la promenade, nous trouvons des vieilles planches livrées aux mousses et aux champignons, restes de la construction mal planifiée d'une passerelle. En en soulevant une, pour vérifier son état, nous voyons quelque chose bouger...Un ver ? Étrange, il y a comme une tête. On regarde de plus près et on voit des pattes. Surprise, une salamandre. Surprise en effet, car, mal documentés et restés sur l'impression laissée par la découverte d'un cadavre de salamandre maculée quelques années auparavant, nous cherchions quelque chose de plus gros.

    
La salamandre cendrée fait partie de l'ordre des urodèles qui regroupe les salamandres, les nectures et les tritons. Au Québec, on compte une seule espèce de necture (famille des protéidés), une seule espèce de triton (famille des salamandridés), 8 espèces de salamandres (famille des ambystomatidés et des pléthodontidés) et des salamandres hybrides entre la salamandre de Jefferson et la salamandre à points bleus qui forment le complexe de la salamandre de Jefferson. Certaines espèces sont douées d'autotomie, c'est-à dire que leur queue ou une partie de celle-ci se détache spontanément du corps quand on exerce une pression dessus; un excellent moyen d'échapper à un prédateur.
La salamandre cendrée fait partie de la famille des pléthodontidés, qui sont dépourvus de poumons et qui respirent par le palais et par la peau. C'est l'une des plus abondantes au Québec. Elle ne dépasse pas les douze centimètres et peut prendre des colorations tellement variées qu'il vaut mieux se fier à son ventre grisâtre pour l'identifier.     

Loup, y es-tu ?

21 août, mont Winslow, parc national de Frontenac (Québec). Il commence à faire chaud sur le chemin du retour et la collation prise sur la rive du lac Maskinongé se révèle plus pesante dans l'estomac que dans le sac. À cette saison et à cette heure, les oiseaux sont plus discrets et nous, moins attentifs. Sur le bord du sentier, des traces de chevaux nous font comprendre pourquoi il a été taillé si large. Un peu plus loin, un excrément donne un regain d'intérêt à l'excursion. Il en faut peu; une quinzaine de centimètres de long, deux de large, effilé aux extrémités et assez frais pour intéresser des mouches. Nous en savons assez pour dire ce que ce n'est pas, mais trop peu pour identifier l'animal.
En poursuivant notre route, nous trouvons, dans une plaque de boue encore tendre, ce qui restera de cette promenade dans notre mémoire : quatre belles séries d'empreintes bien rangées de bas en haut, de la plus petite à la plus grande.


Les traces les plus petites sont à peine visibles, elles forment un trait qui souligne l'empreinte du coin inférieur droit de la photo ci-dessus. Elles ont probablement été laissées par un crapaud d'Amérique; ils nous ont accompagnés tout au long de notre marche.

Crapaud d'Amérique

Au-dessus des empreintes de crapaud, une trace de patte d'environ 5 cm de long. La forme, les quatre doigts et l'absence de griffes suggèrent qu'elles ont été laissées par un félin. Lynx du Canada, lynx roux ou chat ? La taille (trop petite) et la forme du coussinet principal (trop irrégulière) disqualifient le lynx du Canada.  Je ne parle même pas du cougar, beaucoup plus grand et très peu représenté au Québec. Les trois lobes de la face postérieure du coussinet principal, bien visibles dans l'empreinte de droite, pourraient être la signature d'un chat, mais 5 cm cela fait beaucoup. Et puis, la face antérieure de ce même coussinet serait plus pointue, alors que les deux lobes qui semblent se dessiner et la taille correspondent mieux à une patte de lynx roux.

Lynx roux

Au-dessus encore, on peut voir une patte plus grosse, avec des griffes. La forme générale, les quatre doigts et les griffes font penser à un canidé. Elle fait 8 à 9 cm; le iPod 4G en fait 11 (j'en profite pour faire une demande de commandite à Apple). C'est trop gros pour un renard ou un coyote, reste le loup ou le chien.
     
Canidé et lynx roux

Incapable de trancher, c'est le moment de faire appel à un expert, en l’occurrence Pierre Vaillancourt, un naturaliste de la forêt Montmorency au nord de Québec. Son surnom, Pierre le loup, vaut toutes les cartes de visite. Sa réponse tombe quelques minutes après avoir reçu les photos. Il s'agit probablement d'un chien. La raison: contrairement au chien, il est exceptionnel qu'un loup se méjuge, c'est-à-dire que la patte postérieure ne recouvre pas exactement l'empreinte de la patte antérieure.  
Traces de chien

Nous avons été un peu déçu que les traces aient été laissées par chien et non par un loup. Mais nous aurions dû nous en douter. Après tout, la dernière série de d'empreintes n'était-elle pas celle d'une semelle.

Jour de la terre


Ah oui, c'est vrai ! Il fallait marcher aujourd'hui. Marcher pour quoi déjà ? Essayer de convaincre nos congénères de ne pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Marcher pour se rappeler que quelque part au nord de Laval et au sud de Longueuil, il y a encore quelques espaces verts accessibles sans droit d'entrée. Dire aux minières que nous ne sommes pas contents qu'elles défigurent la Terre. Oups, nous n'en sommes pas là; il faudrait déjà qu'elles ramassent leurs résidus. Dire aux forestières qu'elles nous asphyxient avec leurs coupes à blanc, progressives, de régénération, par bande ou en dentelle, appelez les comme vous voulez. 
Alors soit, j'ai marché. En fait, nous avons marché, ma blonde et moi. Pas dans les rues de Montréal; nous sommes plutôt allés à la rencontre de la terre justement. Oh juste un petit bout, celui qui s'appelle le boisé du Tremblay à Longueuil. Mais avant, nous avons quand même planté un arbre dans le jardin, un amélanchier du Canada, une espèce de fantasme personnel avec l'argousier et un saule à osier qu'il me reste encore à exaucer.   
Et, comme d'habitude, la Terre ne nous a pas déçus: moucherolle phébi, épervier trop rapide pour être identifié, bihoreau gris, bruant des marais, hirondelle bicolore, canard d'Amérique, couples de canards colverts trop discrets pour les éviter, Bernache du Canada, et au chapitre des grands, le héron, pic et le corbeau. Tout ça dans une ambiance de jungle imposée par le chant des rainettes crucifères.     

Couleurs d'automne

Grenouille léopard présentant sa robe de la collection printemps-été


Lorsque les jours se font de plus en plus courts et frais, les grenouilles foncent. La question n'est pas tant de savoir où que comment et pourquoi. Hein ?
Contrairement à nous qui avons tendance à pâlir quand il fait froid, la grenouille léopard, et probablement d'autres, prend une teinte brun foncé qui lui permet de tirer un plus grand profit des rayons de soleil plus maigres.
Collection automne-hiver de la Grenouille léopard 

  
  

Boisé du Tremblay: avant,après

Ce matin, je suis allé faire un tour dans mon voisin, le boisé. L'intention était de dénicher la zone de marais où se ravitaillent les grandes aigrettes des rapides de Lachine, une portion du Saint-Laurent à la hauteur de Montréal.  Pour être franc, nous avions déjà trouvé sa forme cristallisé cet hiver à l'occasion d'une ballade en raquettes et rendez-vous avait alors été pris pour ce printemps. Il est à portée d'oreilles et il nous réveille parfois au son du Butor d'Amérique.
Comme promis, je l'ai retrouvé. Magique comme beaucoup de marais et un régal pour les oreilles attentives. Une image qui n'est probablement pas celle du boisé originel, mais au moins du boisé oublié par l'humain. Dans la séquence vidéo qui suit, on entend plusieurs espèces d'oiseaux: Carouge à épaulettes, Paruline jaune, Paruline masquée, Moucherolle des aulnes, Bruant chanteur, Bruant familier et peut-être une Paruline à flancs marron (mes oreilles ramollissent). Mais j'attire votre attention sur le ping-pong des grenouilles vertes.


Au retour, je suis tombé sur un aménagement destiné à transplanter et à préserver une partie de la population des rainettes faux-grillons qui habitent le boisé et qui empêchent les promoteurs immobiliers de poursuivre l'étalement de la banlieue. La rainette faux-grillon de l'ouest est une petite grenouille protégée parce qu'elle est à la limite nord de son aire de répartition. J'avais entendu parler de ces aménagements dans les médias locaux, Il faut dire que les politiciens, habituellement plus respectueux de leurs investisseurs -  on dit aujourd'hui "développement durable" - se sont gargarisés de ces initiatives rendues incontournables par l'association CIEL, vouée à la défense de l'environnement.
Chapeau aux responsables de CIEL qui se battent dans l'indifférence de la majorité électorale qui ne s'intéresse à l'environnement que pour y construire une maison, un stationnement, un gazon, un arbre exotique et un centre commercial.
À la vue de l'aménagement, pffff est l'onomatopée de découragement qui m'est venue: un trou d'eau géométrique, une bouteille en plastique flottant à sa surface, une végétation rare autour et absente dedans. Les seules traces de vie que j'y ai constatées sont celles de pneus de tout-terrain. À l'automne, elles devraient s'être enrichies de quelques bûches calcinées et de bouteilles de bière vides.
Les promoteurs peuvent se frotter les mains. Une des raisons du ralentissement de l'économie vient de disparaître dans la bonne conscience du devoir de préservation accompli et le compte de taxes pourra bientôt financer la plantation des arbres municipaux. Quel drôle de monde !

Fausse joie

La découverte de cet amphibien dans le bassin a fait naître l'espoir d'accroître la biodiversité du jardin. La taille dans la dizaine de centimètres, la couleur verte du dos et jaune de la gorge, le tympan plus grand que l'oeil suggéraient un ouaouaron (Rana Catesbeiana). Un doute, cependant, subsistait: l'habitat. En effet, ce gros anoure, le plus gros au Québec, est extrêmement territorial et peut occuper une longueur de rive de 35 mètres, ce que le bassin est loin de lui fournir. 


Après vérification des critères d'identification dans l'excellent guide "Amphibiens et Reptiles du Québec et des Maritimes, Jean-François Desroches et David Rodrigue, Éditions Michel Quintin", la présence de deux plis dorsaux longitudinaux a infirmé l'identité et a indiqué qu'il s'agissait plutôt d'un gros spécimen de grenouille verte. Les mâles de cet espèce ont, en outre, la gorge jaune.




La couleuvre et la grenouille

Dans cette vidéo, la grenouille verte tient un des premiers rôles, mais pas le plus agréable. L'autre vedette est la couleuvre du jardin, celle qui se parfume à la lavande. Un de ces lieux de prédilection, à part la lavande, est le bassin. Elle aime le traverser à la nage de temps à autre, mais son plus grand plaisir est d'y chasser la grenouille. À l'affût sur un buis qui surplombe l'eau ou sur une feuille de nénuphar, elle prend le temps de choisir celle qui aura l'honneur de faire son repas. Si le batracien espère ressembler à un boeuf, le fantasme de la couleuvre est de devenir aussi grosse qu'une grenouille. Elle y parvient parfois.