Tuer n'est pas jouer


Comme chaque année, un lapin à queue blanche vient, certains soirs d'hiver, ronger les troncs du fusain ailé qui dépassent de la neige. Cette année, l'arbuste aura du mal à s'en sortir. Les plaies sont trop profondes, plus profondes que le cambium, cette couche de cellules qui assure la croissance du bois en épaisseur. La cicatrisation, au cas où elle soit possible, risque d'être longue et la voie, grande ouverte pour les agents pathogènes. Pire, la sève élaborée chargée de sucres, celle qui descend des feuilles, n'alimentera plus la partie inférieure des branches; les vaisseaux qui la conduisent passent entre l'écorce et le cambium. 
J'avais espéré que les renards et les coyotes qui traînent dans le bois, nous débarrassent du lapin. Je n'aurai pas la patience. 
Comme je ne suis pas assez affamé, pas assez violent, pas assez sportif non plus, en un mot pas assez chasseur, j'ai ressorti la cage à marmotte et appâté avec deux carottes, qui sont devenues dures et inodores après quelques heures en dessous de zéro. Seule la couleur est encore attrayante, mais la lapin ne semble pas être sensible à leur charme puisque, jusqu'à présent, tout ce que j'ai réussi à attraper, c'est de la neige.
À moins que le lapin ait changé ses plans. Je ne le vois plus, ni ses traces d'ailleurs, depuis quelques jours. A-t-il compris le message ? Se garde-t-il un peu de fusain pour l'année prochaine ? Peut-être a-t-il croisé Goupil ? 

À la recherche de la lapone

Partis chercher des chouettes lapones, nous sommes rentrés bredouilles et fourbus. Le redoux avait rendu la neige lourde et collante aux raquettes. Par moment, des bourrasques dressaient des murs de neige et nous donnaient l'agréable illusion d'être seuls au monde. Dans une accalmie, nous avons quand même pu observer une bande de jaseurs boréaux; nos premiers de l'année.       


Pic mineur, Picoides pubescens, Downy Woodpecker

On ne peut pas vraiment avoir envie de préserver ce que l'on ignore, en particulier la nature. J'ai eu la chance  d'avoir des parents qui ont su éveiller et encourager ma curiosité pour les choses naturelles. Tout y est passé, les végétaux, les animaux, les minéraux, les fossiles et les astres. Mes souvenirs de vacances ressemblent à des valises remplies des trouvailles faites au cours des excursions et parfois des prospections minières faites à ma demande, dans les différentes régions de France pendant les grandes vacances: les ammonites des plages vendéennes, les fossiles de fougères du carbonifère ramassés dans des mines du centre de la France, le talc des Pyrénées, les insectes et les fleurs de partout.


Tour cela pour dire que le meilleur moyen, et le plus durable, pour préserver l'environnement, c'est de montrer aux enfants que la nature qu'ils aiment voir dans les livres existe tout autour d'eux.
Une petite paire de jumelles à 20 $ dans une pharmacie, une marche dans le parc le plus proche (Mont-Royal, Jardin botanique, Pointe-aux-Prairies, ) ou une mangeoire pleine de suif accrochée à la fenêtre ou fond de la cour et même en ville, il devient facile d'observer le pic mineur et peut-être même le pic chevelu. À Montréal, on les trouve partout où il y a des arbres. Pour les repérer, il suffit de tendre l'oreille à la recherche du léger toc-toc-toc que produit le martèlement du bec sur le bois. 
  

Se désaltérer en hiver

Comment les oiseaux se désaltèrent-ils en hiver alors que toute l'eau se présente sous forme solide ? Ils font comme vous et moi dans la même situation. Comme nous le prouve ce chardonneret jaune, ils mangent de la neige. À ceci près, qu'ils ne se gèlent pas les dents, eux.