Pic maculé, Sphyrapicus varius, Yellow-bellied Sapsucker

Quelques images de mauvaise qualité (comme d'habitude), volées à un pic maculé par la fenêtre de mon bureau  (tu n'avais qu'à ne pas me déranger).
Pourquoi les pics tambourinent-ils ainsi ?


Il y a au moins deux bonnes raisons. Premièrement, c'est une façon d'attirer l'attention d'une compagne, au moins aussi valable (sinon plus) que de faire jouer la radio de sa décapotable. Deuxièmement, c'est une façon de fixer et de revendiquer un territoire beaucoup plus agréable qu'un douanier américain (vous pouvez étendre le caractère à la nationalité de votre choix).
Les pics ne jouent pas du bec sur n'importe quelle surface; ils cherchent la résonance d'un tronc creux ou d'une gouttière. Chacun a son style: le pic maculé commence par une première série extrêmement rapide, puis la fréquence des coups ralentit et devient irrégulière. Ça pourrait s'écrire: trrrrrrra-ta-tata-tata--ta--tata-----tata, mais c'est mieux d'aller l'écouter ici (le cinquième).   

Orignal, Alces americanus, Moose

Quand, en se promenant en forêt, on trouve ça...

Si on regarde bien autour, on peut voir ça...


Et avec un peu de chance, tomber nez à nez avec ça...


L'orignal habite les forêts boréales de tout l'hémisphère nord. Dans les congrès de biologistes, on se demande encore si  les animaux américains sont une espèce à part entière (Alces americanus) ou une sous-espèce (Alces alces americana) de l'Élan d'Europe (Alces alces) qui devient alors Alces alces alces; et c'est sans parler des distinctions entre pays d'un même continent ou entre provinces d'un même pays. Pour compliquer les choses, le mot "orignal" utilisé en Amérique francophone vient d'Europe, plus précisément de "oreinak" qui veut dire "Hé Paskoal, c'est pas un cerf là-bas ? Où ça, je ne vois rien." en langage de marin Basque mettant pied à terre en Amérique entre deux chasses à la baleine.
Le marin basque avait l’œil, car l'orignal est un magicien qui ne se laisse pas voir par tout le monde. Le plus gros des cervidés peut en effet se rendre invisible en un clin d’œil; il lui suffit de faire quatre pas de côté et il disparaît derrière un arbre.
L'animal est plutôt solitaire en dehors du rut: 1 orignal pour 10 km2 en forêt Montmorency et jusqu'à 10/10 km2 en Gaspésie, si je me souviens bien de ce que nous a dit Pierre Vaillancourt, l'excellent guide naturaliste de la forêt Montmorency. Je dois préciser que Pierre, outre sa très grande expérience du terrain, est une mine inépuisable d'informations et j'invite ceux qui veulent profiter de leur passage dans la forêt Montmorency à le contacter.  

Porc-épic d'Amérique, Erethizon dorsatum, American Porcupine

On sait qu'une espèce est abondante quand, à la fin d'une randonnée, on ne lui prête plus guère attention. C'est ce qui a failli nous arriver avec le porc-épic de la forêt Montmorency (Québec). Quand on ne peut même plus s'asseoir au bord d'un lac à la brunante, pour écouter les crucifères saluer le coucher du soleil  ,sans se faire renifler les fesses par une couronne d'épines, c'est qu'on frôle la surpopulation. Mais, comme on ne vit pas là, ce fut parfait et même espéré.
Pour arriver à un tel résultat, il y a quelques conditions à réunir. D'abord, il faut engager une équipe de chasseurs qui va vous débarrasser des prédateurs du porc-épic; en l'occurence, le carcajou (disparu du Québec). Les autres, le trappeur, le pékan et l'automobile, ne semblent pas suffire à limiter les effectifs, à moins que le pékan soit une nouvelle victime du premier de la liste. La deuxième condition: il faut s'éloigner des routes et chercher des endroits moins fréquentés par l'humain, la forêt Montmorency par exemple. Enfin la dernière condition et elle vaut pour tous les animaux: il faut être silencieux, immobile et attentif. La curiosité des animaux fera le reste et ils s'approcheront timidement pour voir pourquoi vous n'avez pas tiré dès que vous les avez aperçus. Il est vrai que l'obscurité naissante et la myopie légendaire du porc-épic contribuent aussi à la proximité du contact.
C'est un drôle d'animal, avec ses épines disposées aux endroits stratégiques, la tête et l'arrière-train. Généreux, ils n'hésite d'ailleurs pas à vous en faire cadeau. Une fois plantées dans la peau, les barbillons dont les pointes sont bardées rendent difficiles leur extraction. Ma blonde, prête à tous les sacrifices pour faire avancer nos connaissances, en a fait l'expérience.
Le porc-épic n'est pas le seul de sa famille. En fait, il y a deux familles: les éréthizontidés (4 genres, 12 espèces) qui peuplent les  Amériques et les hystricidés (3 genres, 11 espèces) qui se partagent le reste du monde. Les hérissons, tout aussi piquants, ne font pas partie de ces familles; les oursins non plus, mais on s'en doutait un peu.   

Trille penché, Trillium cernuum, Nodding Trillium

Sur la quarantaine d'espèces de trilles que compte la planète, on peut en voir quatre au Québec. À ce qu'en dit la flore laurentienne, le Trille penché domine le nord et se fait rare dans le sud; ce qui rend la Réserve nationale du lac Saint-François encore plus extraordinaire.