Voyageurs et casaniers

Les oiseaux reviennent souvent nicher au même endroit, même après avoir parcouru des milliers de kilomètres. Ainsi, d'une année à l'autre, les fous de Bassan renflouent la caisse des bateliers de l'île Bonaventure (Québec, Canada), les hirondelles rustiques décorent les automobiles du stationnement étagé de l'université de Montréal et Owl 99906, la jeune Harfang des neiges de l'aéroport Logan de Boston (États-Unis), passe l'hiver à regarder atterrir les avions. Après l'avoir équipée d'un émetteur, des curieux de Mass Audubon (un organisme voué à la protection de la nature du Massachusetts) ont suivi ses déplacements  du 4 mars 2012 au 15 janvier 2013.

Route migratoire du harfang owl 99906 
Extrait du site Mass Audubon: Protecting the nature of Massachusetts
http://www.massaudubon.org/get-outdoors/wildlife-sanctuaries/blue-hills/snowy-owl-project/migration-maps

Il était une forêt


J'ai été voir en France le dernier film de Luc Jacquet, "Il était une forêt", qui met en scène le botaniste Francis Hallé et la forêt tropicale. Dit comme ça, cela peut paraître un brin vaniteux mais ce fut un concours de circonstances.
J'avais de grosses attentes; alors forcément, j'ai été déçu. Décalage horaire oblige, j'ai  même cogné deux ou trois clous à mi-parcours. Les commentaires ne m'ont pas appris  grand chose et leur poésie ne m'a pas touché. Par ailleurs, l'incrustation de dessins animés ne parvient pas à réconcilier le temps de l'arbre et celui du 24 images par seconde. 
À voir pour soutenir la cause !

  
    

Pain de perdrix, Mitchella repens, Squaw Vine


Couvre-sol des sous-bois du nord-est américain, sa nervure centrale vert pâle contraste avec le reste de la feuille et attire l'attention. Alors, on se penche et on remarque les fleurs ou les fruits; c'est selon la saison. Les fleurs, petites et blanches, valent la peine qu'on s'y attarde; au moins le temps d'admirer leur "barbe". Elles vont par deux et sont tellement proches que les fruits qu'elles deviendront, fusionnent en mûrissant.


Les fruits, ils sont peu nombreux. C'est probablement parce qu'ils sont très appréciés des oiseaux forestiers. D'ailleurs, ces derniers n'ont pas toujours été les seuls à s'intéresser à la plante. À une époque, qui n'est pas assez lointaine pour qu'on accepte de s'en souvenir,  les femmes amérindiennes, en particulier les Delaware/Lenape, les Cherokee et les Iroquoises/Haudenosaunee utilisaient les propriétés utérotoniques de ses feuilles et de ses fruits pour faciliter l'accouchement, pour soulager les douleurs menstruelles et pour provoquer l'avortement. La tradition s'est perpétuée parmi les colons européens.

Impatientes, henné et herbe à puce

Dans le monde, il y aurait entre 800 et 1000 espèces d'impatientes ou de balsamines. Au Québec, on en trouve deux (sans compter les espèces cultivées): l'impatiente pâle (Impatiens pallida) à fleur jaune munie d'un éperon coudé à angle droit et l'impatiente du Cap (Impatiens capensis) à fleur orange teintée de rouge et à éperon replié contre la fleur.
Les amérindiens les utilisaient contre les piqûres d'insectes, les "brûlures" d'ortie et d'herbe à puce. Il suffirait de broyer les parties aériennes et de les appliquer sur la peau.
Pourquoi pas ? Elles contiennent des naphtoquinones qui ont des effets anti-inflammatoires et fongicides. Dans l'impatiente du Cap, on trouve en particulier la 2-hydroxy-1,4-naphtoquinone, à peine mieux connue sous le nom d'acide hennotannique ou de lawsone. Mais si je vous dis que c'est l'agent colorant du henné, alors là tout de suite...
Impatiente pâle
La science s'est évidement penchée sur les effets thérapeutiques de l'impatiente du Cap, mais comme souvent est restée dans l'incertitude. Certaines études concluent à l'absence d'effets; d'autres que la plante est aussi efficace que le savon. Ce n'est pas si mal car il est plus facile de trouver des impatientes du Cap à côté de l'herbe à puce que du savon.

Impatiente du Cap