Printemps texan

Dans le sud du Texas au mois d'avril, le bord du chemin qui mène de San Antonio à Nuevo Laredo en passant par Corpus Christi affiche plus de couleurs que n'en contient l'arc-en-ciel. Et si l’œil blasé du texan ne remarque plus ces "mauvaises herbes", le regard neuf du québécois de passage se laisse encore séduire.

Oenothera speciosa
Oenothera speciosa
Argemone sanguinea
Wisteria frutescens
Cercis canadensis
Guaiacum angustifolium
Phlox drummondii
Cirsium horridulum
Echinocactus texensis
Hibiscus martianus
Echinocereus triglochidiatus
Sphaeralcea hastulata
Sphaeralcea lindheimeri
Lantana urticoides
Gaillardia pulchellum
Acacia farnesiana
Acacia farnesiana
Thymophylla pentachaeta
Rayjacksonia phyllocephala
Oenothera drummondii
Parkinsonia aculeata
Parkinsonia aculeata
Euphorbia sp
Baptisia leucophaea
Prosopis sp
Prosopis sp
Yucca sp
Yucca sp
Cirsium horridulum
Allium drummondii
Cordia boissieri
Argemone polyanthemos
Citrus sinensis
Citrus sinensis
Solanum elaegnifolium
Solanum elaegnifolium
Herbertia lahue
Verbena bipinnatifida
Quincula lobata
Sophora secundifolia
Tradescentia humilis
Sisynrinchium campestre
Lupinus texensis


Moucherolle


Les moucherolles font partie de ces oiseaux qu'il est plus facile d'identifier à l'oreille qu'à l’œil, en particulier ceux du genre Empidonax.
Celui-ci nous attendait sur le patio, un matin froid de l'automne dernier. En cette saison, inutile d'espérer l'entendre, la plupart des oiseaux font de l'aphasie saisonnière et ne chantent qu'en période de reproduction. Les structures de leur cerveau qui commandent le chant régressent quand le taux des hormones sexuelles diminue. Alors, moucherolle des aulnes, moucherolle des saules ou moucherolle tchébec. Je dirais "des saules" mais ne me demandez pas pourquoi  ?  Peut-être la finesse du cercle oculaire, la largeur de la mandibule inférieure.  

Le parc provincial Algonquin


Il y a des lieux sur Terre, qui échappent à notre influence, des lieux plus puissants que l'Homme. Parfois, ils choisissent de se faire oublier, patientant, et nous construisons notre réalité autours, ignorant leur existence. Les ruisseaux ne continuent-ils pas de couler dans les profondeurs de nos cités ?
Parfois, ils s'exposent laissant filtrer une parcelle de la force qui les habite, force dont nous ne comprenons pas réellement la nature mais à laquelle nous ne sommes pas insensibles. Nous décrétons alors que le lieu est sacré ou qu'il présente un intérêt écologique suffisant pour en faire un parc et le préserver de nous-même.


Le parc algonquin est un de ces lieux. Terre de transition entre la douceur et le froid, entre la feuille qui demeure et celle qui choit, c'est le pays du loup, de l'orignal et de l'ours. Parcourir les collines du parc, fouler les affleurements rocheux du bouclier canadien, c'est marcher sur les écailles de la tortue wendate qui nous porte à travers l'univers.


Il ne faudrait pas croire que le parc algonquin n'est qu'un paysage. Non, c'est aussi une source d'enseignements. On y apprend les liens qui unissent les êtres vivants, que le pin blanc doit au feu de voir la lumière, que le nénuphar paie son voyage en nourrissant le castor et que la tordeuse assure la suprématie de l'épinette sur le sapin. On apprend finalement que la vision de l'Homme est aussi étroite que sa vie est brève.
Tout existait avant nous: les feux de forêt, les épidémies de tordeuses, la destruction de la toundra par la prolifération des caribous ... Et tout a survécu avant nous. La vraie question est plutôt de savoir ce qui survivra à notre manque d'humilité et à notre avidité ?