J'y étais


À force de se promener aux quatre coins de la planète, on finit par en trouver le centre. Il ne me restait plus qu'à aligner mon nombril.

Les voyages forment la jeunesse

Et nul besoin d'aller très loin, ni d'avoir d'automobile. Il suffit de faire tous ses déplacements en vélo ou à pied, et comme Yvette, qui a fêté  son quatrième vingtième anniversaire il y a quelques années, vous pourrez raconter à vos amis votre dernier voyage en Équateur et aux Galapagos avant de leur montrer votre nouveau kayak.
Puis, à la fin du dîner, vous proposerez une petite marche digestive dans la nature environnante et peut-être alors découvrirez vous la galle artichaut du saule.


Cette "maladie" est causée par un moucheron (Rabdophaga strobiloides) dont la larve se développe dans le bourgeon terminal d'un rameau de saule. Une fois pondu, l’œuf ou la larve sécrète des substances qui vont induire la  multiplication des tissus végétaux pour fournir abri et nourriture nécessaires à sa croissance.



Côte de bette rouge 2015


La bette à carde (aussi appelée blette ou poirée là d'où elle vient) appartenait à la famille déjà importante des chénopodiacées. Grâce à l'invention de l'acide désoxyribonucléique (ADN), elle est maintenant rattachée aux amaranthacées, une énorme famille (plus de 2000 espèces) avec des membres plus ou moins recommandables comme dans toutes les familles et selon ce qu'on entend par recommandable.
Parmi les plus présentes-à-table, citons la betterave, l'épinard, la salicorne et la nouvelle vedette des sociétés aisées qui ont le temps de se préoccuper de leur bien-être, le Quinoa (Chenopodium quinoa). Dans certaines sociétés d'Amérique du Sud décimées par les précédentes, on la cultive depuis au  moins 5000 ans et on n'en fait pas tout un plat; on en fait probablement plusieurs.
Mais revenons à la bette. Toutes les parties aériennes de la plante se mangent. les cardes (pétioles) de la bette et les nervures se déclinent aussi en jaune, en orange et en blanc. C'est beau sur une table.


3...2...1...Massacre


Je me suis retrouvé parce que mon GPS me proposait une route que je ne connaissais pas pour rentrer chez moi. "Là", c'est une sortie de rond-point qui débouche sur un cul de sac, face au boisé du Tremblay. En fait le chemin n'existe que sur le papier et dans la mémoire des ordinateurs; ce qui en dit long sur la planification du massacre du boisé. 
Ici, on n'attend plus que les bulldozers pour le raser. Pourtant, à en juger par les arbres morts en arrière plan, il semble y avoir un milieu humide, donc un refuge potentiel pour la rainette faux-grillon et de toute façon un milieu à protéger. Le temps de la photo, une buse à épaulettes - nicheuse dans le boisé - m'a même survolé. Malheureusement,  il faudra plus d'une espèce protégée pour arrêter l'avidité des promoteurs et la complaisance de la mairie de Longueuil.
Et tout ça pourquoi ? Pour faire du vert urbain, une couleur entre le gris béton et le vert pelouse avec une touche de bleu piscine.


Il est vrai que notre conseil municipal est soucieux de la durabilité du développement. Il faut bien loger les payeurs de taxes pour tenter d'éponger des déficits. On aime se bercer d'illusions puisqu'il faudra fournir des services couteux à ses nouveau citoyens (transport en commun, déneigement, service de ramassage scolaire, service de police et d'incendie, alouette...). Et inutile de proposer des économies ! On le sait. Au Québec, c'est la fuite en avant qui prévaut. Il faut déboiser, forer, construire, acheter, et vendre. Pas question de freiner, de rénover ou de recycler. On veut du confort, de la bébelle clinquante, du tape-à-l’œil, de l'obsolescence programmée; pas des choses qui durent et qui risquent de se démoder.
On compense le vide de nos existences par une illusion de puissance et de liberté. On rêve d'ailleurs devant sa télé, mais on admire sa piscine creusée en buvant de la bière. On passe son temps à astiquer son automobile et son véhicule récréatif pour aller s'échouer au camping des flots bleus à Rougemont. On fait des levées de fonds pour se payer des vacances en prétendant faire de l'humanitaire et on laisse les médias nous dicter notre façon de vivre.