15 centimètres plus tard

Hier
Aujourd'hui

Bon, je ne m'amuserai pas à compter les centimètres de neige pendant 6 mois, mais les 15 premiers, ça compte dans la vie d'un gars qui doit aller dégager son entrée à la pelle. D'autant plus que cette année, c'est plus tôt que d'habitude...
Avant que vous ne commenciez à accuser le dérèglement climatique, je préfère préciser qu'une habitude, sur mon échelle de temps, ne dure guère plus de trois ans. Au-delà, j'en ai changé ou j'ai oublié qu'elle en était une. Donc, pas d’affolement.
Ce qui m'inquiète un peu plus et qui est rapporté un peu partout par ceux qui les regardent, c'est la diminution des effectifs d'oiseaux aux mangeoires. Habituellement, quand une tempête de neige s'annonce et juste après qu'elle soit passée, il règne une espèce de frénésie autour du poste d'alimentation. Cette année, rien. Je regarde par la fenêtre pour vérifier et non, je ne vois rien. Mais où sont-ils ?
Hier, en allant casser une ou deux roches dans le boisé du Tremblay pour satisfaire ma curiosité géologique avant que la neige ne les recouvre, j'ai retrouvé le bruant fauve vu cinq jours auparavant; il s'était lié d'amitié avec un bruant chanteur. Il y avait aussi une mésange à tête noire, un pic mineur et un pic chevelu, rien de plus.

Bruant fauve
Bruant chanteur

Changement de phase



Nous y sommes presque. Le gel a profité de la nuit pour s'installer et on n'attend plus que la neige décide de rester.

Les fauves sont lachés



Passerella iliaca map 2.svg
Carte de répartition du Bruant fauve

   Aire de nidification
   Voie migratoire
   Aire d'hivernage

Par Cephas.
The IUCN Red List of Threatened Species 2016 
CC BY-SA 4.0Lien
Heureusement, ceux-là n'ont pas de dents et ne font que passer. Ces bruants fauves sont en transit entre leur aire de nidification au nord du Canada et leur aire d'hivernage dans le sud-est des État-Unis. Nous ne les reverrons qu'au printemps 2020 quand ils remonteront.
Enfin, il faut le souhaiter, car, si j'utilise le pluriel pour en parler, c'est plus par habitude de les voir migrer en petites bandes que pour décrire une réalité. Hier, j'ai passé une partie de la matinée à essayer de me perdre dans le boisé du Tremblay pour surprendre la faune. La nature marécageuse de cette forêt m'a obligé à faire de nombreux détours, mais tout le plaisir était là.
Ce fut bien le seul, car à part un pic mineur entendu au loin, je n'ai trouvé que la carcasse d'une automobile d'une autre époque, presque totalement digérée, et ce bruant fauve dont la solitude fut aussi surprise que la mienne.
Je lis partout que la biodiversité s'effondre. C'est vrai, mais ce n'est pas nouveau pour ceux qui s'intéressent à la nature et qui l'ont constaté bien avant qu'on le mesure. Ce dont il faudrait parler maintenant, c'est de l'effondrement de la biomasse. Car, si la diversité des espèces s'amenuise, je n'ai pas l'impression que les populations de celles qui restent connaissent un sort tellement plus enviable.