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Lignes de fuite

Tant qu'il y aura des arbres, il y aura de l'or à en pleuvoir, le bruissement des feuilles sous nos pas et des ombres pour les guider. C'est quoi déjà la chanson qui parle de la beauté du monde ?

De quoi nous privons-nous ?

La campagne d'abattage suit son cours dans le boisé du Tremblay. On coupe ras tout ce qui est mort et, tant qu'à faire, tout ce qui penche même si c'est encore vivant. On le fait au nom de la sécurité, car tout le monde le sait, quoi de plus dangereux qu'un arbre mort ? 

Récemment, le chantier a atteint la grande passerelle de bois qui enjambe une des nombreuses zones marécageuses du boisé. C'est un bel endroit qui ne laisse personne insensible. On y a même aménagé une terrasse avec des bancs pour pouvoir faire une pause et s'imprégner de l'ambiance. Au printemps, on vient écouter en famille le concert des grenouilles et les connaisseurs de nature savent que c'est un lieu propice à l'observation de la faune quelle qu'elle soit. 

Et puis les bûcherons sont passés, façon Attila et ses Huns. Le résultat est à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre. Je ne sais pas si nous y avons gagné en sécurité et en économie de réparation de la passerelle, mais je sais ce que j'ai perdu: les nichées de pics, les barboteurs de passage dont on croisait le regard à l'occasion d'une halte et la chouette rayée que je ne pourrai plus dorénavant admirer qu'avec une paire de jumelles, si elle trouve encore un intérêt au lieu.   

Ces deux espèces ont besoin d'une cavité dans un tronc pour nicher: le pic la creuse, le canard branchu doit en trouver une.
Pour barboter librement, il faut de l'eau sans entrave
Toutes les photos ont été prises au même endroit.

De Stonehenge à Stanstead

Ce qui est fascinant avec les sites mégalithiques comme ceux de Stonehenge ou de Carnac, c'est leur gigantisme compte tenu des moyens techniques que possédaient les peuples du néolithique pour les édifier et qui se résumaient à des outils de bois et de pierre polie. Et puis, on ne se sait presque rien de la vie des peuples qui les ont érigés, de leur motivation et de la signification qu'ils y accordaient.

C'est évidemment tout le contraire du cercle de pierres de Stanstead, une petite ville du sud du Québec dont l'intérêt tient plutôt au fait qu'elle est traversée par la frontière canado-américaine, au sens propre du terme. 

Ainsi, le théâtre qui fait aussi office de bibliothèque est coupé en deux. Cela en fait le seul théâtre sans scène et la seule bibliothèque sans livre des États-Unis puisque les artistes se produisent du côté canadien où sont aussi rangés les livres.

L'opéra Haskell dans le prolongement du ruban jaune qui marque la frontière. À gauche, nous sommes au Canada, à droite aux États-Unis. Je sais ! On pourrait croire qu'il est facile d'agrandir le territoire canadien en repoussant un peu le ruban, mais ce que ne montre pas la photo, ce sont les trois voitures de patrouille de la douane stationnées en contre-champ.    
À gauche, un groupe de Canadiens; à droite, un groupe d'Américains; entre les deux des fleurs peut-être  arrosées par des douaniers jardiniers. 

La forêt expérimentale de Grand-Sault

En route vers Shediac River (Nouveau-Brunswick), nous avons fait un arrêt dans la forêt expérimentale de l'Université de Moncton, le temps de faire une pause et de nous dégourdir les jambes. 

Nous aurions aimé emprunter le plus long des trois sentiers, celui de l'écureuil.  Malheureusement, il a dû venter fort dans le coin, car le chemin était enfoui sous les arbres abattus. Qu'à cela ne tienne, nous nous sommes rabattus sur celui de l'ours noir. Nous avons suivi le chemin balisé par les champignons et les excréments d'orignaux. Et puis, dans les repousses du sous-bois, un bruit à 10 mètres sur la droite a éveillé notre curiosité. Un raton laveur ? 

Mais non, l'animal se dévoile rapidement, c'est un ours noir. Moment de flottement qui semble durer une éternité, puis il part à la course du bon côté, celui qui s'éloigne de nous et nous continuons notre chemin le cœur battant. 


Un 1er mai à Pointe-Pelée

Savane des flèches de sable du lac Érié

Finalement, il n'a pas plu aujourd'hui et nous en avons profité pour retourner voir les cactus que nous avions trouvés hier. Il s'agit de l'Oponce de l'Est (Opuntia cespitosa), une des cinq espèces de cactacées du Canada; les autres étant dans le centre et l'ouest du pays.

Évidemment, l'Ontario n'est pas le Mexique et si la floraison de l'oponce (à partir de juin) est spectaculaire, la plante n'a de surprenant que son existence dans un pays qui a la réputation d'être froid. Pourtant, à Pointe-Pelée, nous sommes à la même latitude que Barcelone et le nord de la Californie et au plus froid de l'année, en janvier, la température moyenne est -3,4°C. 

Si on ne cherche pas l'oponce, on peut facilement passer à côté sans le voir, ou même le piétiner. On le trouve dans ce que l'on appelle la savane des flèches de sable du lac Érié, un écosystème dont il ne reste plus que deux autres exemplaires au Canada. C'est un milieu sec à sol sableux qui succède à la plage avant de devenir une forêt sèche. On y trouve notamment des graminées, des armoises des champs (Artemisia campestris) des genévriers communs (Juniperus communis) et des genévriers de Virginie (Juniperus virginiana). L'oponce y forme des tapis circulaires de "raquettes" prostrées qui se dressent parfois, mais jamais plus d'un segment ou deux.

Un 28 avril à Pointe-Pelée

Avec moins quatre degrés Celsius au lever, il a fallu enfiler des collants sous les jeans pour profiter de la plage de Pointe-Pelée. Et même si le soleil donnait des allure de mer tropicale au lac Érié, seul un fuligule ou un cormoran pouvait apprécier la baignade.

Malgré la température, la journée fut fructueuse. Les faits marquants du jour furent l'observation de deux parulines rares, la paruline orangée (voir la vidéo) et la paruline à ailes bleues, celle d'un viréo aux yeux blancs tout aussi rare et le passage d'un dindon sauvage en goguette alors que nous pique-niquions. Nous l'avions entendu toute la matinée dans les bois alentours sans jamais pouvoir l'observer et alors que nous dinions, il a traversé la clairière sans faire cas de nous, à quelques pas seulement.

Un 27 avril à Pointe Pelée

Après une dizaine d'heures de route et un peu de neige, nous sommes arrivés à Leamington (Ontario). Plus nous roulions vers le sud, plus le mercure du thermomètre chutait, jusqu'à atteindre +1°C à Hamilton. Le climat serait-il déréglé ?

Qu'à cela ne tienne ! Nous avons jeté nos bagages à l'hôtel, enfilé nos tuques et nos mitaines et nous sommes précipités au parc national du Pointe Pelée pour acheter nos passes pour la semaine et faire un petit repérage des lieux.

À part les genévriers de Virginie, les arbres commencent tout juste leur feuillaison; ce sera facile pour observer les oiseaux. Et des oiseaux, il y en a, même si nous ne sommes qu'au début du pic migratoire. Une ballade d'une heure jusqu'à la pointe nous a déjà permis d'observer 38 espèces dont deux parulines exceptionnelles plus au nord: la paruline à capuchon et la paruline à gorge jaune.

Dans le sous-bois, des tapis de dicentres à capuchon
La pointe: de l'autre côté du lac Érié, ce sont les États-Unis 
La pointe en regardant vers les États-Unis
La pointe en regardant vers le Canada. Elle est bordée des deux côtés par le lac Érié.  

L'île de la Visitation humaine

À droite de la retenue: le niveau plus ou moins originel de la rivière des Prairies où viennent frayer les dernières aloses savoureuses qui remontent de l'océan et le lépisosté osseux. Au fond à gauche: le barrage hydroélectrique 

Il ne reste rien des rapides parsemés d'îlots de la Rivière-aux-Prairies. Juste une croix rappelant la mort de Nicolas Viel, missionnaire récollet, et de Ahuntsic, son compagnon d'aventure, qui s'y sont noyés le 6 juin 1625 en revenant de leur séjour chez les Hurons des Grands-Lacs. Tout a été englouti par la construction du barrage hydroélectrique, en 1925. 

Il ne reste pas grand-chose, non plus, de Sault-au-Récollet, un de ces villages qui ont fait le commencement du Québec; tout juste un nom de quartier de Montréal, une digue et quelques ruines de moulins.

Les ponts abritent parfois d'intéressantes galeries d'art.