Parc national du Mont Orford


Est-ce à cause de ses 300 et quelques sites de camping, de ses deux plages ou de sa proximité avec le centre économique de l'Estrie (probablement les trois à la fois), toujours est-il que je n'étais jamais allé me promener dans le parc du Mont Orford.
Mais l'attrait de la découverte étant plus fort que ma misanthropie, cette lacune a été comblée récemment, non sans avoir soigneusement choisi le moment, c'est-à-dire en semaine et par une météo à décourager la plus aventurière des familles.


Grand bien nous en a pris, car le lieu nous a offert quelques observations exceptionnelles, de celles qu'on espère sans trop y croire. Nous aurions pu nous contenter du spectacle des chélydres serpentines qui jalonnaient la route menant au parc, mais à peine arrivés sur le site de campement, nous avons eu la chance d'observer une gélinotte huppée, nous signifiant que nous n'étions pas les bienvenus et que la cohabitation ne serait possible que si nous nous faisions discrets. "Message reçu fort et clair, nous n'empièterons pas sur votre territoire !" Je ne sais pas si vous entendrez sur la vidéo de mauvaise qualité qui suit, le tambourinement sourd produit par le battement des ailes, mais ce son que l'on entend fréquemment en forêt au printemps est émis par les mâles pour attirer les femelles et revendiquer leur territoire. 


À la tombée de la nuit, une marche d'exploration des alentours nous a ensuite conduit à un barrage de castors où se produisaient rainettes versicolores et autres anoures. Malheureusement pour nous, toutes les places du concert avaient été réservées par des moustiques et nous avons rebroussé chemin sans nous faire prier.


Le soir même, alors que nous avions monté notre propre spectacle de feu de bois, une chouette rayée probablement inspirée par la magie du moment vint nous conter une histoire à faire peur. Si nous ne l'avions pas déjà entendue, elle aurait certainement produit son effet. Évidemment, comme les paroles portent loin dans les montagnes, d'autres ont voulu raconté leur propre version et la chicane a fini par pogner. La discussion s'est poursuivie tard dans la nuit mais nous nous sommes endormis avant d'en connaître l'issue.


Le lendemain, après avoir déjeuné avec la gélinotte, nous sommes partis en randonnée jusqu'au Mont Chauve. Sur le chemin, les têtes des pics, grand et maculés, sortaient de leur fenêtre pour nous regarder passer. La tête en l'air, occupé à les saluer, je n'avais pas vu ce qui allait être le clou de la visite. C'est ma blonde, au bord de l'apoplexie, qui a attiré mon attention sur un chicot au bord du chemin où trônait nul autre que Actias luna, le papillon lune. Celui-là, je ne pensais pas le voir un jour (ni même une nuit), car il ne vole qu'entre 1 et 3 heures du matin, après avoir senti les phéromones qu'une femelle a émise un peu plus tôt dans la nuit . Moi, à cette heure-là,  je dors depuis longtemps.


Je vous passe les détails des nombreuses plantes rencontrées sur le chemin et du cerf de Virginie qui se prenait pour un orignal. Tout ce que je peux dire, c'est qu'une fois de plus je ne regrette pas d'avoir cédé à ma curiosité

Lychnide fleur de coucou
Vératre vert
Vératre vert

Ballade naturaliste au parc Angrignon


Samedi matin, je guidais une sortie ornithologique de la Société de biologie de Montréal dans le Parc Angrignon, à Montréal. Ce fut tranquille et agréable. Et même si le couvert forestier a rendu l'écoute des oiseaux plus facile que leur observation, nous en avons néanmoins recensé 34 espèces. Parmi celles-ci, le grand pic obtient assurément la palme du plus coopératif.
Toutefois, le clou du spectacle fut d'une toute autre classe, celle des reptiles précisément. Nous avons pu en effet approcher une splendide tortue serpentine qui prenait un bain de soleil sur la berge de l'étang du parc. Un peu plus tard, elle nous a révélé les secrets de sa reproduction, mais nous nous garderons bien de les ébruiter.


Marais de Cooper

En prenant la route de Toronto à partir de Montréal, peu après qu'on soit entré en Ontario et que la 20 devienne la 401, on traverse Lancaster, une charmante petite ville que même mon GPS ne situe pas sur la carte.
Il y a pourtant deux bonnes raisons de s'y arrêter. Premièrement, c'est la Liquor Control Board of Ontario la plus proche de chez moi et l'unique moyen de me ravitailler en Glayva, une liqueur de whisky importée d'Écosse que l'on ne trouve que dans les LCBO. La deuxième raison, c'est le marais de Cooper, une excellente place pour observer les oiseaux.


Beau temps, mauvais temps, nous y allons au moins une fois par an...quand la bouteille est vide. Nous ne sommes jamais déçu. Hier encore, malgré la pluie et le froid, l'endroit nous réservait de belles surprises parmi lesquelles trois grues du Canada, un ballet aérien et sonore de bécassines de Wilson en pleine pariade, un balbuzard pêcheur sur sa plate-forme et des callas des marais que je n'avais pas vus en fleur depuis longtemps.   

Les chemins ombragés sont rares, mais habités par une faune sonore 
Pour une partie de cache-cache avec les oiseaux
De l'eau dans du vert




Crapaud d'Amérique

Anaxyrus americanus n'est pas très gracieux avec toutes ses verrues, qui sont en fait des glandes à venin (mais non, il n'est pas dangereux). Par contre, il chante bien; une longue trille aiguë qu'il pousse au printemps. Pas très grand (11 cm maximum), bien camouflé (couleur brun pâle à brun foncé), on passe généralement à côté sans le remarquer. Il est pourtant très commun. On le trouve même dans les jardins de banlieue, entre la piscine, le barbecue et la tondeuse.


Quand coasse la léopard...

Le printemps est certainement la saison la plus sonore de l'année. C'est le temps pour monsieur de chanter à madame les avantages qu'elle aurait à s'accoupler avec lui ou d'indiquer à ses rivaux les limites de son territoire. C'est aussi le temps pour nous d'en profiter car le concert ne durera pas. Une fois l'objectif atteint, tout le monde fera silence pour élever sa progéniture sans risque d'attirer les prédateurs. Le printemps est sonore, mais pas cacophonique. La musique est bien réglée et chacun sait quand il doit entrer en scène. Il faut dire que les répétitions se comptent par millions. Ainsi, quand le temps est venu pour la grenouille léopard de chanter, celui de la rainette faux-grillon achève.

Faire l'amour comme un escargot

C'est compliqué.
Premièrement, la plupart des escargots sont hermaphrodites. Chaque individu produit à la fois des spermatozoïdes et des ovules, mais pas en même temps. Les spermatozoïdes arrivent à maturité avant les ovules; ce qui rend l'autofécondation impossible.Les escargots doivent donc s'accoupler. Pour ce faire, ils commencent par s'embrasser baveusement pendant des heures (entre 2 et 12 exactement).
Ensuite les choses dégénèrent rapidement. Près de la tête de celui que l'on désigne comme le mâle , une petite poche musculaire s'ouvre et projette un dard blanc et rigide dans son partenaire. Ce dard d'amour que les plus romantiques appelleront la flèche de Cupidon contient des hormones qui augmentent les probabilités de fécondation. Cette dernière peut se produire sans, mais elle sera moins fructueuse.
Pour la suite des choses, on revient dans la normalité...enfin c'est une façon de parler. Les deux partenaires déploient un pénis blanchâtre (visible sur la photo ci-dessous, à moins que ce soit le dard d'amour) et s'inséminent mutuellement. 



Gentlemen Only Ladies Forbidden

Il n' y a pas plus conservateur qu'un saule. Pour être sûr qu'il n'y ait pas de sexe avant le mariage, chacun vit sur un pied différent. C'est ce qu'on appelle la diécie, qui est pratiquée par les plantes dioïques. 
Rassurez-vous, il y a aussi des plantes dioïques, qui tolèrent les deux sexes sur le même pied à condition qu'il n'y ait pas de contact (mâles et femelles sont portées par des fleurs différentes). Et puis, il y a celles que le saule considère comme des dépravées: les plantes hermaphrodites qui ont des fleurs parfaites portant les deux sexes. Imaginez !

Châtons mâles de saule

Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages

Ni les grenouilles des bois, même si c'est à s'y méprendre parfois.



Et puis, maintenant que son ménage est fait, la sittelle peut chanter elle aussi.


Le chant du cygne

Hier, j'ai eu le plaisir d'entendre chanter les rainettes faux-grillons, une espèce qui survit dans quelques lieux privilégiés du sud du Québec.
Mais pour combien de temps encore ? Les promoteurs immobiliers les ensevelissent sous des quartiers de Lego,  les terrains de golf les tapissent de vert et les empoisonnent pour des "pousseux de p'tites balles" qui se prennent pour des sportifs et le ministère des transports les asphalte pour faire passer nos véhicules vides de sens mais remplis d'ego.
Il y a quelques années, je m'endormais au chant de la rainette. Aujourd'hui, je marche quelques kilomètres pour aller les écouter. Demain, je regarderai cette vidéo pour me rappeler les beaux jours.


Ô Apidés

Fonzie fait déjà tourner ses moteurs. Espèce de "workaholic" !
En passant, l'abeille domestique (Apis mellifera) n'est pas une indigène en Amérique du Nord.

Ménage de printemps



Vue hier au parc-nature du Cap Saint-Jacques dans l'ouest de l'île de Montréal, cette sittelle à poitrine blanche a décidé que c'était le printemps. Plus loin, un coyote, probablement pressé de l'imiter, a traversé le chemin dans nos jambes à notre plus grande joie. Et aujourd'hui, une virée post-journée-de-travail au parc Michel Chartrand à Longueuil nous a permis d'observer un magnifique renard roux, une première dans ce lieu. Tout cela semble placer notre année sous le signe des mammifères prédateurs et c'est tant mieux car le lynx est sur notre liste depuis belle lurette.

L'amertume du café

Difficile de passer à côté de Boquete (prononcez bokété) ! Tous les guides touristiques vous y conduisent, vantant les charmes de cette petite ville réputée internationalement pour ses plantations de café. Nichée dans le fond d'une vallée à 1600 m d'altitude, on y côtoie, dans un curieux mélange de populations, des touristes promenant Ulysse le Routard, leur meilleur ami sur cette Lonely Planet, des riches retraités états-uniens en quête de confort, de sécurité et d'avantages fiscaux, des bobos panaméens qui le temps d'un congé savourent le plaisir de dominer la chaîne alimentaire avant de retourner dans la jungle incertaine de Panama Ciudad et de ses affaires, et les indiens Ngobe qui profitent de cette manne pour troquer leur production artisanale contre des produits de première nécessité, en l’occurrence des sacs de maïs et du tissu.  S'il reste de l'argent, ils se feront plaisir avec de l'accessoire, mais jamais du superflu.


Tout ce petit monde se côtoie dans une indifférence feinte parfois écorchée par l'appareil photo d'un touriste et dans une paix surprenante compte-tenu de la disparité manifeste des ressources de chacun. Il faut croire que tout le monde y trouve son compte puisqu'on ne peut pas accuser la police d'être outrageusement présente.
Les hauteurs de Boquete sont occupées par les plantations de café. On y arrive par des routes de montagnes étroites et après avoir traversé les baraquements des travailleurs saisonniers. Ici, le confort ne se traduit pas en étoiles ou alors ce sont celles que l'on voit à travers les trouées des toits de tôle. Baraquements saisonniers ou permanents, difficile à dire quand on est touriste et qu'on ne fait que passer. Ce qui est sûr, c'est qu'ils abritent des familles entières.

À l'extérieur des murs
Dans les murs

La plantation est au bout de la route. On y est accueilli par une guérite et une barrière, mais les gros 4X4, même s'ils sont de location, sont toujours les bienvenus. La barrière se lève avant même d'avoir esquisser un signe de la main et nous nous retrouvons dans le confort chic et cher de la propriété. Nous sommes en janvier et la récolte du café bat son plein. Tout ce fait à la main, en prélevant seulement le fruit à bonne maturité; un travail d'indien, même pas de moine.



Le grain sera ensuite séparé de la pulpe du fruit (une drupe) par séchage ou par lavage, puis décortiqué - la fine membrane qui recouvre la graine est retirée mécaniquement - et torréfié.



Le caféier est un arbuste à feuilles persistantes dont deux espèces sont cultivées: Coffea arabica qui produit le café arabica et Coffea canephora qui donne le robusta. L'arabica, plus fin et plus aromatique est aussi moins chargé en caféine. Un peu plus exigeant quant à ses conditions de culture, il préfère la fraîcheur des flancs montagneux des régions tropicales. En Amérique, il n'est pas indigène; il viendrait plutôt d'Éthiopie et il n'a été planté là que pour notre plaisir de boire son infusion. Or, ce qui fait notre bonheur ne fait généralement pas celui de l'autre, la nature, car nous ne savons pas nous fixer de limites. Ici, c'est évident. Les rangs de caféiers ont complètement  supplanté la forêt originelle. Seul témoignage du massacre, d'énormes souches qui refusent de se putréfier et quelques prisonniers que l'on tolère pour leur ombre.
 
 
     

Une panaméenne du Chiriqui

On recense plus de 1200 espèces d'orchidacées du genre Pleurothallis, toutes d'Amérique tropicale. Celle-là pousse sur les flanc du volcan Baru, à 2000 mètres d'altitude. On l'a appelée P. maduroi en l'honneur de son découvreur Andrew Maduros, fondateur de Finca Dracula, un sanctuaire dédié aux orchidées .

Espèces d'épiphytes

Épiphytes peut-être, mais pas parasites...à part ce cher Gui, bien sûr.
Des plantes qui grimpent sur les autres pour atteindre le lumière, nous en connaissons tous. Au bas de l'échelle de l'évolution, il y a par exemple cette association d'une algue bleue et d'un champignon qui se fait passer pour un lichen et que l'on peut voir un peu partout sur l'écorce des arbres ou sur un minéral. Mais, il y en a d'autres, beaucoup d'autres et beaucoup plus évoluées.  


Celles qui ont le mieux réussi dans la vie, notamment dans la nôtre, sont probablement les orchidées. On en compte plus de 20000 espèces (un millier au Panama), épiphytes ou non, réparties dans 800 et quelques genres. 


Il y aussi les représentantes de la famille des aracées comme les monsteras que nous utilisons pour verdir nos salons et les broméliacées qui embellissent nos centres de table ou nos jardinières suspendues. 


Les plus chanceuses germent au sommet d'un arbre profitant de l'interstice d'une écorce et s'y cramponnent à la force des racines. D'autres naissent en bas, dans l'ombre des grands. Elles ne doivent parfois leur salut qu'à une corde qui finira bien, un jour, de se balancer. L'égalité des chances, qui croit à ça ?

  

Les larmes du Dieffenbachia


Dans un coin du salon, près de la fenêtre, j'ai un vieux dieffenbachia, souvenir d'une autre vie postdoctorale et biophysico-pharmaco-physiologique. 
Contrairement aux saules qui ne sont pas si inconsolables qu'on le chante, mon dieffenbachia n'en finit plus de pleurer. Est-ce la nostalgie de ses jeunes années ou le spectacle de la rue enneigée qu'il contemple par la fenêtre et lui fait regretter sa terre natale ? Toujours est-il que, tous les matins, j'éponge ses larmes.


Soucieux de son état d'âme, il fallait que je trouve une explication et une solution. J'ai donc entrepris un voyage au Panama pour visiter sa famille. À ma grande surprise, j'y trouvais des individus tout aussi éplorés malgré la chaleur et la moiteur du climat et en arrivais à la conclusion que la mélancolie est inscrite dans les gènes des dieffenbachias.
Comme quoi, on peut arriver aux bonnes conclusions à partir d'hypothèses et de raisonnements complètement erronés. Car effectivement (je l'ai appris par hasard au retour) ces larmes sont un trait de caractère inscrit dans les gènes de la plante. Il affecte certaines espèces qui poussent dans des milieux saturés ou presque en eau. Le phénomène, appelé guttation, leur permet de maintenir l'absorption d'eau et des éléments minéraux par leur racine.
Cette absorption racinaire et l’ascension de la sève brute dans la tige sont des phénomènes indispensables à la survie de la plante. Entièrement "passifs", ils ne dépendent que de l'appel d'eau créé par l'évaporation au niveau des feuilles. Si la teneur en vapeur d'eau de l'air augmente, l'évaporation diminue et l'eau n'est plus absorbée par les racines. Pour pallier le problème, certaines espèces sont équipées de glandes qui leur permettent d'excréter activement l'eau et de maintenir ainsi sa circulation. C'est pas beau la nature ?  

Mammicompostage

Météo oblige, nous ne pratiquons le vermicompostage qu'en été. En hiver, nous nous rabattons sur le mammicompostage, beaucoup plus rapide.
Il suffit de disposer les restants de cuisine sur la neige, en fin de journée.
Dans la nuit, les cerfs de Virginie se chargent des éléments végétaux et les ratons de tout ce qui est carné.
Le lendemain matin, c'est déjà recyclé.

La vie en vert

Le Panama est un petit pays de 75517 km2, soit 0,8 % de la superficie du Canada. On y recense pourtant une dizaine de milliers d'espèces végétales (un peu plus de 3200 au Canada). En y ajoutant 957 espèces d'oiseaux, 259 espèces de mammifères et 229 espèces de reptiles (on n'a pas encore fini de compter les insectes), on obtient le deuxième point chaud de la biodiversité sur Terre.

L'organisation Conservation international n'accorde ce titre qu'aux régions abritant au moins 1500 espèces de plantes vasculaires endémiques (ou 5 % des espèces mondiales). Là où le bas blesse, c'est que ces zones de grande biodiversité doivent aussi avoir perdu 70 % de leur habitat d'origine pour l'obtenir. Plus qu'une invitation à profiter du spectacle de la vie, le terme "point chaud" est donc un encouragement à se retrousser les manches pour la préserver.


En Amérique centrale, la menace pèse principalement sur la forêt primaire. Au Panama par exemple, le couvert forestier est passé de 70 % en 1947 à 45 % aujourd'hui; ce n'est pas le pire pays en la matière. Et même si depuis quelques années le travail acharné des environnementalistes a réussi à ralentir le processus, la déforestation se poursuit.
La forêt primaire est un enchevêtrement d'espèces végétales et animales qui participent au maintien d'un équilibre mis en place il y a des milliers d'années. Ici comme ailleurs, rien n'est superflu; tout est important et chacun joue son rôle. Bien que nous n'en comprenions pas encore tous les mécanismes, nous savons maintenant que la forêt primitive est un des éléments indispensables à la survie de notre espèce. Elle contribue à faire de la Terre un endroit vivable en contribuant à la régulation de son climat et à la composition de son atmosphère; elle nous nourrit aussi de façon plus ou moins directe et elle nous soigne. 

Les fougères sont arborescentes,
les herbes, géantes, donnent des bananes
et les arbres rêvent d'atteindre les étoiles
Mais l'exploitation forestière et l'agriculture rongent lentement la forêt panaméenne. Le profit immédiat et personnel l'emporte une fois de plus sur l'intérêt général et à long terme. La jungle fait place aux rangs de cultures maraichères et aux troupeaux de vaches et la campagne panaméenne finit par ressembler à n'importe quelle campagne. À 1800 mètres d'altitude, les indiens gravissent les pentes dénudées et courbent le dos pour travailler une terre qui appartient dorénavant aux descendants des colons européens. Une chose est sure toutefois; cela ne durera pas. En labourant dans le sens de la pente, les travailleurs précipitent involontairement la fin de leur exploitation, car le ruissellement de l'eau vient à bout de n'importe quel humus, même s'il a des millénaires d'épaisseur.


Le gardien de vos nuits tropicales

Dans ma quête d'un pays sans hiver où la plante que je suis pourrait s'établir, cette année, j'ai essayé le Panama. Du point de vue de la chaleur, de la lumière et de l'humidité, c'est un peu trop pour un caractère forgé sous un climat tempéré. Mais on s'habitue à tout, et au moment où je commençais à me sentir chez moi, mon porte-monnaie m'a rappelé que le dollar américain, même si on l'appelle là-bas le balboa, est mal adapté au format de mon compte en banque...c'est toujours trop big avec les américains.
En revanche, en ce qui concerne les plantes et la faune, ça ressemble beaucoup à l'idée que je me fais du paradis des naturalistes. Évidemment, je n'ai pas pu m'empêcher de ramener des souvenirs, en l’occurrence une belle ceinture rouge qui me rappelle les magnifiques découvertes de mon voyage quand elle me démange. Il faut bien avouer que les aoutâts panaméens sont très attachants, beaucoup plus que les moustiques.
Et puis, pour vous débarrasser de ces derniers, il y a le gecko (Hemidactylus frenatus).


Quand vous entrez dans votre chambre et que vous le surprenez accroché au plafond au-dessus de votre lit, la première fois, ça surprend. J'irais même jusqu'à dire que ça inquiète un peu. Mais bon, avec ses dix centimètres, on est loin du varan du Nil. Il suffit de se dire qu'il sait ce qu'il fait et espérer qu'il ne va pas sursauter de peur quand vous allez allumer la lumière pour vous rendre à la salle de bain. De toute façon, il fait partie du service de nettoyage des chambres. C'est le spécialiste des cafards, moustiques et autres insectes. Contrairement au reste du personnel affecté aux besognes sous-payées, il ne fait pas partie d'une des huit nations autochtones du Panama. Non, c'est un représentant d'une autre catégorie d'exploités, celle des travailleurs émigrés. Lui est venu du sud-est asiatique. Arrivé probablement par bateau, il a du mettre pied à terre à l'occasion du passage des écluses du canal de Panama.   
J'aurai l'occasion dans les prochains jours de revenir sur la nature panaméenne...si j'ai le courage car passer de +35 à -25°C et du vert au blanc ne tue pas que les aoûtats. 

Un peu de publicité

Comme j'y ai collaboré pour la recherche et la rédaction, je ne peux m'empêcher d'attirer l'attention sur cet ouvrage publié l'année dernière (déjà) aux Éditions Québec Amérique; il est aussi disponible en France.
Et il y aura peut-être un troisième tome sur les viandes et les poissons, mais je ne devrais peut-être pas le dévoiler. En tout cas, je suis bien placé pour savoir qu'il est écrit.