Un 15 novembre quelque part à Longueuil

Ne vous avisez pas de plonger pas votre regard dans celui de la Chouette rayée, vous risqueriez de vous y perdre

Ce matin, nous sommes sortis suffisament tôt pour croiser une nocturne retardataire qui est venue nous saluer avant d'aller se coucher. Je reste flou sur la localisation (un espace vert de Longueuil que je fréquente régulièrement), car c'est le genre d'espèces dont je respecte la discrétion et la tranquillité. L'observation et la photograhie des oiseaux étant devenues des loisirs de masse, cela amène son lot d'indésirables et d'indélicats et vous n'imaginez pas les dégats que peuvent faire un autobus de photogtraphes animaliers lachés à la recherche d'une chouette. 

Il y a quelques années quand je siégeais au conseil d'administration de l'AQGO (devenu le regroupement Québec-Oiseaux), je réclamais un peu de discrétion et de retenue sur le dévoilement des observations de strigidés et d'autres oiseaux peu communs sur les forums internet et on me répondait alors que s'ils étaient vraiment dérangés, il leur suffisait de se déplacer ailleurs. Et c'est ce qu'ils ont fait, et les ailleurs sont devenus de plus en plus rares, et on les a vus de moins en moins, et finalement la discrétion s'est imposée d'elle-même. 

Par conséquent, puisque nous sommes incapables de sacrifier notre satisfaction immédiate au profit de considérations un tout petit peu plus générales, altruistes et dont le terme dépasse nos brèves existences (je parle de la préservation de notre environnement), je me retiens malheureusement de dévoiler l'endroit où d'autres pourraient avoir la chance d'entrer en contact avec le sauvage et de réaliser que cette nature que l'on nous montre dans les media est en réalité bien plus proche de nous qu'on ne le pense. Je précise "malheureusement", car je suis un fervent partisan de la circulation de l'information et suis persuadé qu'à long terme, la seule véritable solution durable passe par l'éducation et la sensibilisation à l'environnement...sinon pourquoi entretiendrais-je ce blog ?  

La chouette rayée est une résidente du Québec qui devient plus facile à observer une fois que les feuilles sont tombées. 

Un 10 novembre dans le parc national de la Yamaska

L'érablière sait à quoi s'attendre et elle est prête
Forts de leur expérience, ces vieux pommiers aussi

Après un petit deux-centimètres de neige préhivernale, le réchauffement climatique nous offre un sursis d'été avec une semaine autour de 20°C. Autant en profiter pour faire l'école buissonière en allant se promener au parc de la Yamaska. Trop fréquenté, trop familial, trop aménagé, la nature y est pourtant belle. Avec ses plantations de conifères bien alignés, ses vergers abandonnés et ses chemins bien tracés, c'est une nature à l'européenne, c'est-à-dire plus campagne que sauvage.

Bah, la journée était tellement belle que nous n'avons pas boudé notre plaisir; la lune non plus qui avait donné rendez-vous au soleil. Sur le réservoir, il y avait des oies des neiges en escale, et dans le sous-bois, les pieds dans l'eau, cette Dorine d'Amérique (Chrysosplenium americanum, de la famille des Saxifragacées) que je n'aurais pas reconnue si je ne l'avais pas croisé la semaine précédente en pourvuivant ma mise à jour de la Flore laurentienne.  

OIes des neiges
Sittelle à poitrine rousse
Dorine d'Amérique

Un 31 août dans le parc national des Grands Jardins

Au Québec et partout où ils existent, il y a au moins deux espèces d'oiseaux qui ne refusent jamais une main tendue, surtout quand elle est pleine de graines. C'est la mésange à tête noire, qui fait la joie des petits et des grands dans les parcs des grands centres urbains, et le mésangeai du Canada, qui fait celle des campeurs; enfin peut-être pas de tous puisqu'on le surnomme "Camp Robber" en Anglophonie.

Si la mésange se trouve - et vous trouve - facilement, le second en revanche se mérite un peu plus. Grand amateur d'épinettes dans lesquelles il perche son nid, il faut aller le chercher dans les forêts boréales ou de montagne. Pour le reste, il suffit d'installer son campement pour voir rappliquer l'opportuniste, un brin  chapardeur (il faut bien le reconnaitre). Mais quand il accepte de venir se percher sur votre main, c'est le bonheur et on lui pardonne tout.

Cet été, nous en avons croisé au parc des Grands Jardins, dans un décor qui leur va bien, en altitude au milieu des épinettes noires et des lichens géants dont raffolent les orignaux. Bien sûr ce sont eux qui nous ont trouvés et interpellés. Heureusement, nous avions de quoi payer le passage.