Airelle en corymbe, Vaccinium corymbosum, High Blueberry


Si, en vous promenant dans un bois humide, vous trouvez des bleuets au dessus de votre-tête, ne soyez pas surpris. Les bleuets géants poussent sur des arbustes qui peuvent atteindre 3 m de hauteur. Ils sont très cultivés aux États-Unis où on aime les choses disproportionnées.  
      


Culicidés

Celui qui aimerait se familiariser avec les diptères piqueurs et mordeurs du Québec devrait aller camper dans les Laurentides en ce moment. De la mouche noire (ou brûlot) au moustique (ou maringouin) en passant par le taon (ou mouche à chevreuil), toutes les espèces y sont représentées.
Les moustiques par exemple, que serions nous sans eux ? Probablement plus heureux, car mine de rien, il sont l'un des plus importants vecteurs de maladies, en particulier de zoonoses (maladies qui se transmettent de l'animal à l'homme). Selon les latitudes, en une piqûre, ils vous inoculent un plasmodium (responsable de 250 à 500 millions de cas de malaria par an), une filaire ou un virus qui vous rendra malade de la dengue, de la fièvre jaune, de la fièvre de la vallée du Rift, de la fièvre du Nil occidental, du chikungunya ou d'une quelconque encéphalite. Si vous avez la chance de vivre loin de ces maladies - ce qui n'est pas notre cas au Québec où déjà 2 décès de la fièvre du Nil occidental ont été enregistrés -  vous vous gratterez de toute façon pendant des heures.


Seule les femelles du moustique piquent; tout le monde le sait. Se dire qu'elles le font pour une bonne cause,   comme assurer le développement de leurs œufs grâce aux protéines que contient le sang, n'apporte pas un grand soulagement. Difficile de les éviter, elles vous reniflent à 30 mètres. C'est le gaz carbonique émis par votre respiration et votre transpiration qu'elles détectent en premier, puis viennent certains acides de votre sueur. D'autres paramètres aident à cerner la cible: la chaleur (très pratique pour trouver une veine) et la couleur (les moustiques femelles adorent le noir).
Ces dames ne piquent pas n'importe qui à n'importe quelle heure. Certaines espèces - il y en a 3 523 dans le monde, réparties en 44 genres - préfèrent les mammifères, d'autres les oiseaux, les reptiles, les batraciens, ou même d'autres insectes. Certaines sont anthropophiles (un amour qui n'est pas réciproque), d'autres beaucoup plus généralistes. Enfin, selon les espèces, elles piquent la nuit, le jour ou au crépuscule.  
Sachant tout cela, la question qui pourrait venir à l'esprit des plus curieux est: "Mais de quoi se nourrissent les mâles ?". Avant de vous livrer la réponse, sachez que plusieurs générations d'entomologistes ont été sacrifiés sur l'autel de la science pour mettre à jour ce secret. Passant des heures à essayer de déterminer le sexe du moustique, puis à le suivre, un beau jour, l'un d'entre eux émergea du bois, exsangue mais le sourire de la découverte et du travail accompli aux lèvres: "Les mâles, comme les femelles d'ailleurs, se nourrissent du nectar des fleurs."  "Ah ben !" firent ses collègues peu enclins à la reconnaissance des grandes découvertes. La science est un milieu compétitif, peu fortuné et où il reste de moins en moins de choses à découvrir, mais ce sont les plus importantes. Aussi la découverte d'un autre risque-t-elle de vous priver des moyens d'avoir vous aussi votre instant de gloire.
Pour en savoir un peu plus sur le virus du Nil occidental, je vous renvoie à un article que j'avais écris en 2005 pour le magazine Québec Oiseaux et à l'article de wikipedia. Dans nos contrées, la transmission à l'humain se fait surtout par l'espèce Culex pipiens, une espèce généraliste qui piquent tous les animaux à sang chaud. Peut-être avez-vous déjà développé une immunité contre le virus, car dans 80 % des cas, l'infection passe inaperçue. Le virus est très vite repéré et détruit par un système immunitaire en santé qui préviendra une autre infection en fabriquant des anticorps spécifiques. Si vous n'êtes pas chanceux ou plutôt que votre système immunitaire est affaibli par une maladie, des médicaments ou l'âge, alors l'infection pourrait se traduire par un syndrome grippal et dans quelques cas rares, une encéphalite pouvant avoir de graves conséquences. Pour parer à cette éventualité, mieux vaut s'asperger de répulsif. 

        

Telle est prise qui croyait prendre


Si cela ne vous ennuie pas, je me contenterais de dire que la proie est une araignée et que le chasseur est un hyménoptère, un ordre qui regroupe les abeilles, les bourdons, les guêpes, les fourmis et un paquet d'autres familles d'insectes. En me forçant un peu, je pourrais aller jusqu'à dire qu'il appartient au sous-ordre des apocrites - ça écarterait les mouches-à-scie et les sirex - et pourquoi pas à la superfamille des Ichneumonoïdes; ce qui réduirait le choix à quelques milliers d'espèces en Amérique du Nord, mais augmenterait énormément le risque d'erreur. 
De toute façon, ça ne l'empêchera pas de pondre ses œufs dans sa proie et de laisser ses larves la dévorer.
"Mais c'est dégueulasse", s'indigne le lecteur.
"Pas plus que de manger de la viande enveloppée dans un film plastique et de la mousse de polystyrène" lui répondrai-je.        

Beau et intelligent à la fois

Contrairement à ce qu'en pense le grand Jacques, c'est possible...


...et même souhaitable. En ces temps difficiles pour les butineurs, ce genre de condo est à reproduire partout, dans la mesure de ses moyens, même petits. Au lieu de couper les vieux troncs, faites des trous. Des petits trous, des gros trous, qu'elle que soit leur classe, faites les avec une légère pente pour éviter le remplissage par l'eau de pluie.  

Comment lui dire ?


By USGS [Public domain], via Wikimedia Commons
Un dimanche à Longueuil, il est 14:00 heures et il pleut, juste assez pour constater que l'intelligence est une ressource aussi mal partagée que l'eau.


Développement durable

L'expression a de multiples sens. Pour un grand nombre de municipalités québécoises, cela signifie abattre des arbres pour construire des bungalows, puis des centres commerciaux, puis des stationnements, puis des arénas, etc... Longueuil n'échappe pas à la règle. 
Pour durer au poste de maire, il y a deux conditions essentielles à remplir: (1) satisfaire les entreprises qui contribuent à votre parti ou vous menacent d'aller s'installer ailleurs si vous ne leur accordez pas ce qu'elles demandent et (2) faire valider votre position en demandant aux citoyens ce que, dans un système démocratique, on appelait un vote et qui ressemble de plus en plus à une carte blanche pour honorer la première condition.


Ce que vous entendez dans la vidéo, c'est un morceau du boisé du Tremblay emporté par les tronçonneuses et les déchiqueteuses, un de plus. Les enfants qui grandiront là se demanderont peut-être un jour pourquoi leur quartier s'appelle "Aux portes du boisé", "la paix de la nature", "le marais enchanté", et pourquoi ils habitent rue des hirondelles ou impasse des rainettes faux-grillons. Ce à quoi les parent répondront qu''ils n'ont qu'à taper "boisé" dans google. 

Coptide du Groenland, Coptis groenlandica, Gold-thread


Pour trouver la Savoyane, il faut se promener dans les forêts de conifères et ne pas négliger les détails, car elle n'attire pas l’œil malgré son abondance. La feuille, vert foncé et luisante, est divisée en 3 lobes. Pour s'assurer de son identité, il suffit de la déterrer et on trouve rapidement un rhizome jaune orangé qui lui vaut le nom vernaculaire de Racine jaune (Racine d'or serait plus valorisant). Il est anti-inflammatoire et se mâche en cas de mal de gorge ou d'aphte, entre autres.      

Les bourdons se suivent...

...et ne se ressemblent pas toujours.


Répétez-le autour de vous, les bourdons ne sont pas les mâles des abeilles. Ils constituent un genre à part entière, le genre bombus, dont il existe environ 250 espèces en tenant compte uniquement de l'hémisphère nord (c'est là qu'ils sont les plus abondants).
En prenant le temps de les regarder de plus près, on constate parfois des différences de coloration. Dans la photo, la couleur orange saute aux yeux, mais cela peut être plus subtil comme la proportion ou la répartition du jaune, du noir, du orange et du blanc sur les différents segments. Il s'agit rarement de variations individuelles liées au sexe, l'âge ou la coquetterie. Généralement, ce sont des espèces différentes. Ici, ce pourrait bien être Bombus sylvicola.

Mélèze laricin, Larix laricina, Tamarack


En hiver, si vous croisez un "sapin" sans aiguille, c'est qu'il est mort...ou qu'il fait semblant. Dans le deuxième cas, c'est un mélèze; en tout cas au Canada.
On a avancé beaucoup d'hypothèses pour expliquer cette déviance du comportement des conifères, mais selon le fameux principe du rasoir d'Ockham, dont la formulation moderne veut que l'hypothèse la plus simple soit la plus vraisemblable, la seule vraie raison de ce comportement est que le mélèze ne voulait pas finir sur le bord d'un trottoir, un lendemain de Noël.
Comme l'illustre la photo ci-dessus, le mélèze est une espèce monoïque. Contrairement aux hermaphrodites dont les sexes sont portés par la même fleur et contrairement aux dioïques dont les sexes sont portés par des individus différents, les sexes sont portés par la même plante mais par des fleurs différentes: les fleurs mâles, ou plutôt inflorescences ou cônes mâles, sont ici en haut (couleur crème) et les cônes femelles en bas (couleur rose). Ce sont ces dernières qui évolueront pour donner les cônes écailleux et secs qui valent leur nom aux conifères. Si l'ovule a été fécondé, la graine se trouvera à la base de l'écaille.       
  
 

Au rythme de la la nature


Aujourd'hui est idéal pour honorer ses commandes. j'écrirai donc cet article sur le mangoustan pendant que ma blonde mettra un nom sur un mégot de cigarette trouvé à côté d'un cadavre.
Demain sera un autre jour. Une promesse d'éclaircie m'emmènera à Philipsburg, écouter si les parulines azurées sont arrivées: zeur, zeur zeur zeur zriiiiii.

L'entre-deux-mondes


Afficher L'entre-deux-mondes sur une carte plus grande

Dans le sud du Québec, près de la frontière américaine, il existe un endroit aussi mystérieux que dangereux, un lieu impénétrable entre terre et eau, le marais Fraser. Un érable rouge en garde l'entrée depuis des centaines d'années sans jamais avoir failli à la tâche.
Si ses cicatrices ne vous dissuadent pas de poursuivre l'aventure, l'armée des symplocarpes fétides postée un peu plus loin saura vous arrêter. Mais malgré leur air menaçant, sachez que c'est vous qu'ils protègent, car au delà de leurs rangs, le sol est mouvant et les dangers vous guettent. Le Saint-Laurent n'est qu'à 1,6 km à vol d'oiseau - tant mieux pour eux - mais pour le simple bipède que vous êtes, ce qu'on appelle les Everglades du Québec sont sans issue. Certes, ici, le danger ne vient pas de l'eau et vous ne risquez pas d'être dévoré par un alligator. Non, dans ce marais, le péril vient des arbres, dont le simple contact vous brûle jusqu'aux os. 

Le gardien
Passez cette ligne de choux puants, attendez-vous au pire !

Symplocarpus foetidus
Certains l'appellent une fleur: il vous aura prévenu
Rhus vernix: le bois d'enfer
Bon, j'ai peut-être un peu exagéré les dangers. Si le Sumac à vernis contient bien une résine irritante composée d'urushiol, il faut qu'elle suinte par une plaie de la plante pour provoquer des irritations de la peau et toutes les personnes n'y sont pas sensibles. Mais, dans le doute, s'abstenir d'y toucher.   

Pic maculé, Sphyrapicus varius, Yellow-bellied Sapsucker

Quelques images de mauvaise qualité (comme d'habitude), volées à un pic maculé par la fenêtre de mon bureau  (tu n'avais qu'à ne pas me déranger).
Pourquoi les pics tambourinent-ils ainsi ?


Il y a au moins deux bonnes raisons. Premièrement, c'est une façon d'attirer l'attention d'une compagne, au moins aussi valable (sinon plus) que de faire jouer la radio de sa décapotable. Deuxièmement, c'est une façon de fixer et de revendiquer un territoire beaucoup plus agréable qu'un douanier américain (vous pouvez étendre le caractère à la nationalité de votre choix).
Les pics ne jouent pas du bec sur n'importe quelle surface; ils cherchent la résonance d'un tronc creux ou d'une gouttière. Chacun a son style: le pic maculé commence par une première série extrêmement rapide, puis la fréquence des coups ralentit et devient irrégulière. Ça pourrait s'écrire: trrrrrrra-ta-tata-tata--ta--tata-----tata, mais c'est mieux d'aller l'écouter ici (le cinquième).   

Orignal, Alces americanus, Moose

Quand, en se promenant en forêt, on trouve ça...

Si on regarde bien autour, on peut voir ça...


Et avec un peu de chance, tomber nez à nez avec ça...


L'orignal habite les forêts boréales de tout l'hémisphère nord. Dans les congrès de biologistes, on se demande encore si  les animaux américains sont une espèce à part entière (Alces americanus) ou une sous-espèce (Alces alces americana) de l'Élan d'Europe (Alces alces) qui devient alors Alces alces alces; et c'est sans parler des distinctions entre pays d'un même continent ou entre provinces d'un même pays. Pour compliquer les choses, le mot "orignal" utilisé en Amérique francophone vient d'Europe, plus précisément de "oreinak" qui veut dire "Hé Paskoal, c'est pas un cerf là-bas ? Où ça, je ne vois rien." en langage de marin Basque mettant pied à terre en Amérique entre deux chasses à la baleine.
Le marin basque avait l’œil, car l'orignal est un magicien qui ne se laisse pas voir par tout le monde. Le plus gros des cervidés peut en effet se rendre invisible en un clin d’œil; il lui suffit de faire quatre pas de côté et il disparaît derrière un arbre.
L'animal est plutôt solitaire en dehors du rut: 1 orignal pour 10 km2 en forêt Montmorency et jusqu'à 10/10 km2 en Gaspésie, si je me souviens bien de ce que nous a dit Pierre Vaillancourt, l'excellent guide naturaliste de la forêt Montmorency. Je dois préciser que Pierre, outre sa très grande expérience du terrain, est une mine inépuisable d'informations et j'invite ceux qui veulent profiter de leur passage dans la forêt Montmorency à le contacter.  

Porc-épic d'Amérique, Erethizon dorsatum, American Porcupine

On sait qu'une espèce est abondante quand, à la fin d'une randonnée, on ne lui prête plus guère attention. C'est ce qui a failli nous arriver avec le porc-épic de la forêt Montmorency (Québec). Quand on ne peut même plus s'asseoir au bord d'un lac à la brunante, pour écouter les crucifères saluer le coucher du soleil  ,sans se faire renifler les fesses par une couronne d'épines, c'est qu'on frôle la surpopulation. Mais, comme on ne vit pas là, ce fut parfait et même espéré.
Pour arriver à un tel résultat, il y a quelques conditions à réunir. D'abord, il faut engager une équipe de chasseurs qui va vous débarrasser des prédateurs du porc-épic; en l'occurence, le carcajou (disparu du Québec). Les autres, le trappeur, le pékan et l'automobile, ne semblent pas suffire à limiter les effectifs, à moins que le pékan soit une nouvelle victime du premier de la liste. La deuxième condition: il faut s'éloigner des routes et chercher des endroits moins fréquentés par l'humain, la forêt Montmorency par exemple. Enfin la dernière condition et elle vaut pour tous les animaux: il faut être silencieux, immobile et attentif. La curiosité des animaux fera le reste et ils s'approcheront timidement pour voir pourquoi vous n'avez pas tiré dès que vous les avez aperçus. Il est vrai que l'obscurité naissante et la myopie légendaire du porc-épic contribuent aussi à la proximité du contact.
C'est un drôle d'animal, avec ses épines disposées aux endroits stratégiques, la tête et l'arrière-train. Généreux, ils n'hésite d'ailleurs pas à vous en faire cadeau. Une fois plantées dans la peau, les barbillons dont les pointes sont bardées rendent difficiles leur extraction. Ma blonde, prête à tous les sacrifices pour faire avancer nos connaissances, en a fait l'expérience.
Le porc-épic n'est pas le seul de sa famille. En fait, il y a deux familles: les éréthizontidés (4 genres, 12 espèces) qui peuplent les  Amériques et les hystricidés (3 genres, 11 espèces) qui se partagent le reste du monde. Les hérissons, tout aussi piquants, ne font pas partie de ces familles; les oursins non plus, mais on s'en doutait un peu.   

Trille penché, Trillium cernuum, Nodding Trillium

Sur la quarantaine d'espèces de trilles que compte la planète, on peut en voir quatre au Québec. À ce qu'en dit la flore laurentienne, le Trille penché domine le nord et se fait rare dans le sud; ce qui rend la Réserve nationale du lac Saint-François encore plus extraordinaire. 


Morille blonde, Morchella esculenta, Common Morel

Cela faisait plus de 10 ans que je n'avais pas fait une bonne rencontre comme celle-là. C'était à peu près au même endroit. Trop belle pour la cueillir, je l'ai laissée pour le plaisir de la découverte par d'autres.


Si l'âge tue...

Il blanchit d'abord
Il finira par avoir sa tête
Mais le tussilage s'en fout
C'est tout ce qu'il attend.




Le flamant des pavés

Les enfants sont des magiciens. D'un coup de craie, ils peuvent faire apparaître la nature dans des endroits où l'on ne s'attendrait pas à la trouver. Hybride entre le flamant rose et un souvenir de vacances en Floride, le flamant des pavés est une espèce éphémère qui resurgira au fil des générations tant que le rose existera. Si seulement les parents ne rêvaient pas secrètement de faire de leurs enfants des vedettes du hockey ou du foot, la magie se prolongerait peut-être et le monde serait plus beau. 

L'hydre du 4,5,0

Moins exotique que celle de Lerne, elle parait aussi beaucoup moins terrifiante. Elles nous observaient tandis que nous sirotions notre café, tranquillement assis dans les marches, chauffés par les premiers rayons du soleil et interpellés par le chant des bruants à gorge blanche qui finiront peut-être un jour par trouver Frédéric (je précise pour les non-amateurs d'oiseaux que "Où est-tu Frédéric, Frédéric ?" est la phrase mnémotechnique associée au chant de ce bruant).

Ne le répétez pas...

...mais ma réserve d'ortie est cachée derrière le cabanon, en prévision du jour où il faudra demander à Monsanto la permission d'en laisser pousser chez soi.
1 kg d'ortie fraîchement coupée dans 10 litres d'eau pendant 10 jours en remuant tous les jours et vous obtenez un fertilisant (riche en azote, faible en potasse), un insecticide (contre les pucerons) et un éliciteur (substance qui stimule le "système immunitaire" des plantes). Plus de 10 jours et vous obtenez un herbicide. Elle soigne aussi.



Sous-bois printanier

Claytonie de Caroline
Que de changements dans le boisé du Tremblay (Longueuil, Québec) ! 
Il y a une semaine, les premières feuilles d'érythrones d'Amérique pointaient à peine des feuilles mortes; aujourd'hui, elles formaient des tapis entiers dans le sous-bois et quelques fleurs étaient même épanouies. Quant aux claytonies de Caroline, nul n'aurait pu imaginer qu'il y en avait autant.
Côté faune, une paruline à croupion jaune, notre première de l'année, chantait quelque part au-dessus de nos têtes. Deux planeurs à tête rouge, des urubus, nous ont aussi survolés silencieusement. Plus loin, nous avons trouvé un gros nid de branches assez haut perché, peut-être celui du couple de buses à épaulettes qui est revenu cette année encore.
Érythrone d'Amérique


Chasseur de toux

À une époque, on prescrivait les infusions de tussilage (du latin tussis: la toux et agere: agir) contre la toux. Aujourd'hui, il a l'effet contraire chez les médecins. Il faut dire qu'il contient quelques alcaloïdes pas très sympathiques pour le foie.   


Sanguinaire ?

Seulement si on la froisse.


Jour de la terre


Ah oui, c'est vrai ! Il fallait marcher aujourd'hui. Marcher pour quoi déjà ? Essayer de convaincre nos congénères de ne pas scier la branche sur laquelle ils sont assis. Marcher pour se rappeler que quelque part au nord de Laval et au sud de Longueuil, il y a encore quelques espaces verts accessibles sans droit d'entrée. Dire aux minières que nous ne sommes pas contents qu'elles défigurent la Terre. Oups, nous n'en sommes pas là; il faudrait déjà qu'elles ramassent leurs résidus. Dire aux forestières qu'elles nous asphyxient avec leurs coupes à blanc, progressives, de régénération, par bande ou en dentelle, appelez les comme vous voulez. 
Alors soit, j'ai marché. En fait, nous avons marché, ma blonde et moi. Pas dans les rues de Montréal; nous sommes plutôt allés à la rencontre de la terre justement. Oh juste un petit bout, celui qui s'appelle le boisé du Tremblay à Longueuil. Mais avant, nous avons quand même planté un arbre dans le jardin, un amélanchier du Canada, une espèce de fantasme personnel avec l'argousier et un saule à osier qu'il me reste encore à exaucer.   
Et, comme d'habitude, la Terre ne nous a pas déçus: moucherolle phébi, épervier trop rapide pour être identifié, bihoreau gris, bruant des marais, hirondelle bicolore, canard d'Amérique, couples de canards colverts trop discrets pour les éviter, Bernache du Canada, et au chapitre des grands, le héron, pic et le corbeau. Tout ça dans une ambiance de jungle imposée par le chant des rainettes crucifères.     

La déchiqueteuse et le lombric


Un rédacteur dans la cinquantaine
qui n'écrivait plus à la mitaine
mais ne pouvait lire un écran
imprimait ses documents

Soucieux de son environnement
Et le papier s'accumulant
Il acheta un déchiqueteur
Pour nourrir ses verres de "teurre"

 (La poésie, c'est pas mon truc)    


15 avril 2013

Les rainettes crucifères et les grenouilles des bois chantent pour la première fois cette année.

Entre hiver et printemps...

...le mont Saint-Bruno renaît sous le signe de l'eau. Les dernières feuilles pleurent leur déchéance avant de disparaître. Dans l'écorce d'un bouleau gris, un pic maculé a gravé un message pour les générations futures. Dans une vieille souche, une salamandre a dissimulé son collier de perles tandis qu'une armée de mousses est prête à conquérir le monde.   







Hudsoni...cus ou ca ?

Pour dessiner une mésange à tête brune, on trempe son pinceau dans le brun et on repasse sur toutes les parties grises et noires de sa congénère, à l'exception toutefois de la bavette.
Pour trouver un modèle, il faut chercher beaucoup de conifères, donc se déplacer plutôt vers le nord de Montréal. La forêt Montmorency au Nord de Québec est un endroit comme celui-là. On s'enfonce ensuite dans la forêt et on écoute. Lorsqu'on entend une mésange à tête noire parler du nez, il faut commencer à chercher dans les branches tout autour. Mais, comme elle est aussi curieuse et téméraire que l'autre, elle vous trouvera certainement la première.   

Dindon sauvage, Melaeagris gallopavo, Wild Turkey


Le réchauffement climatique a au moins ceci de bon: il favorise l'élargissement vers le nord de l'aire de distribution des oiseaux méridionaux. Toutefois, ce qui est bon pour l'observateur d'oiseaux ne l'est pas forcément pour l'écologie des autres espèces, qu'elles soient animales ou végétales. Et, en y pensant bien, avec tous ces virus et parasites qui n'attendent qu'un ou deux degrés de plus pour s'installer, ce n'est peut-être pas si bon que cela pour l'observateur d'oiseaux lui-même.
Le dindon est un bel exemple d'espèce qui profite de notre crime. L'ancêtre de toutes les dindes de noël du monde est américain. Au Québec, il s'est installé depuis les années 70. Sa population a longtemps été limitée à l'extrême sud de la province. Oiseau forestier se nourrissant de graines et de petits invertébrés qu'il trouve au sol,  le couvert neigeux de nos hivers l'empêchait d'accéder à sa nourriture.
Ce gros truc inoffensif qui bouge a tout de suite attiré l'attention de ces gros trucs armés qui ne bougent pas et qu'on (consonance fortuite) appelle des chasseurs. On l'a donc réintroduit et aujourd'hui, sans qu'il soit très abondant pour autant, on peut en croiser un peu partout dans le sud du Québec.
Ceux qui voudraient en observer n'ont qu'à parcourir les petites routes de campagne qui bordent les lignes américaines en prêtant attention aux lisières des forêts. On ne peut pas le manquer et il impressionne par sa taille, sa caroncule rouge et cette barbe qui pend de sa poitrine ! Malgré son poids, il vole très bien. Il court aussi, jusqu'à 29 km/h avec des pointes à 48 si j'en crois le dernier numéro du magazine Québec Oiseaux.

C'est le printemps !


Hier vendredi,ce que j'ai pris pour un Bouleau jaune (j'ai tout d'un coup un énorme doute et j'invoque ici la science de Roger et de Luc pour le dissiper) fleurissait aux parc des îles de Boucherville pendant que deux chouettes rayées se faisaient chauffer au soleil.
Ce samedi matin, au mont Saint-Bruno, le cardinal rouge chantait le printemps et un couple de colverts prenait soin de nous préciser qu'un froid de canard, tout relatif qu'il soit, reste au dessus du point de congélation.

Où est le fond ?

La lecture du dernier numéro de Biosphère, le magazine de la Fédération canadienne de la faune, a un petit côté déprimant. De page en page, on y fait le constat du lent recul de la vie devant la progression de l'espèce  autoproclamée supérieure. Il est vrai que si l'évolution se mesure à la capacité d'écraser la concurrence, alors nous sommes bien les gagnants de la sélection du pire.  
Bref, dans ce numéro, on apprend que depuis quelques années, les petits pingouins étendent leur aire de migration hivernale jusqu'en Floride, soit des centaines de kilomètres plus au sud qu'il y a quelques années. Est-ce la conséquence d'un réchauffement océanique qui déplace la nourriture vers d'autres régions ? Toujours est-il que la route est plus longue et que les oiseaux arrivent affaiblis, hypothéquant leur remontée vers les aires de nidification.
Un peu plus loin, on peut lire que la population de Thon rouge du Pacifique a diminué de 96,4 % depuis qu'on le pêche, qu'il reste moins de 1000 couples de chevêches des terriers au Canada, qu'il reste 800 individus de grèbes mitrés dans le monde, que le Bécasseau maubèche (diminution de 70 % de la population depuis 2000) et la Barge hudsonnienne sont menacés, que les effectifs de l'ensemble des oiseaux de rivage ont diminué de moitié depuis les années 70 et que celui des oiseaux marins a chuté de 60 %. Un dernier chiffre pour terminer cette rubrique nécrologique: en 1980, 25000 anguilles par jour remontaient le Saint-Laurent; 20 ans après, on en compte moins de 250.
Mais rassurons-nous, tous les nouveaux moyens de faire de l'argent, ce qu'on appelle le développement durable, vont arranger les choses. Vive la bourse du carbone qui nous permet de continuer à rouler en VUS ! Vive les redevances minières qui vont leur permettre de saccager Anticosti et de piller des ressources non renouvelables ! Vive le plan nord qui va nous permettre d'exploiter un écosystème un peu trop livré à lui-même et aux premières nations !   

Chouette rayée, prise 4


Les plectrophanes promis hier attendront, car une promenade au Mont Saint-Bruno, écourtée en raison d'une foule un peu trop extravertie, nous a quand même permis d'observer notre quatrième chouette rayée de l'hiver.
Si c'est l'année de la chouette lapone au calendrier québécois, pour nous c'en est une à rayée. Elles viennent même nous chercher jusqu'à la maison. Vendredi dernier, un mouvement dans le bois a attiré mon attention alors que nous préparions le souper. Ce fut bref et gros. J'ai d'abord cru à un épervier - ils aiment s'embusquer à la lisière pour surveiller les mangeoires - mais les motifs du plumage avaient quelque chose d'inhabituel. Suffisamment en tout cas pour que je prenne la peine de chercher aux jumelles, qui finirent par me trouver une chouette rayée à travers les branches. Il ne faut pas oublier que la chouette rayée est un prédateur. Difficile en effet de ne pas être la proie de son regard. 

Bruants des neiges et Alouettes hausse-col



Nous avons manqué les hiboux des marais. À la place, nous avons trouvé une bande de bruants des neiges accompagnés de quelques bruants lapons et d'alouettes hausse-col. La preuve demain...peut-être.

Faucon émerillon, Falco colombarius, Merlin


Cela fait une quinzaine de jours que madame Émerillon s'est installée dans le quartier. En l'observant discrètement à travers nos fenêtres, nous avons fini par percer un de ses secrets: elle a le don d'arrêter le cours du temps.
Il n'y a aucun doute. Chaque fois qu'elle vient se percher dans le jardin, tout ce qui vit alentour se fige instantanément. Même nous, ne sommes pas insensibles à sa magie et nous nous étonnons de son emprise  quand, d'un battement d'ailes, elle brise le charme et nous rend notre liberté de mouvement. L'écureuil semble le seul à être capable de s'arracher à son pouvoir pour regagner au ralenti son abri dans le bois.
Je comprends mieux maintenant pourquoi les anglais l'appelle "merlin".

Chouette lapone, Strix nebulosa, Great Grey Owl


Ouf, l'hiver ne passera pas sans que nous n'ayons vu une chouette lapone. Tous les quatre ans à peu près, elles descendent plus nombreuses dans le sud du Québec. C'est leur année, il faut en profiter.
Son petit air de croqueuse d'enfant ne laisse personne indifférent. Bien qu'elle soit  la plus grande de sa famille, elle n'occupe pas le sommet de la chaine alimentaire qu'elle cède au Grand-duc d'Amérique, plus puissant. Chez les strigidés, l'esprit de famille n'est pas très développé et le plus gros mange le plus petit.
Je l'ai toujours observée dans des forêts matures à proximité d'un marais, soit se reposant en lisière perchée à mi-hauteur d'un gros arbre, soit chassant à découvert perchée sur un gros arbre mort au milieu du marais. 
Celle-là, découverte lundi dernier, n'a pas dérogé à la règle.
Il faut avouer que nous avons été aidés par des photographes. Avec l'avènement et la démocratisation de la photo numérique, faire de l'ornitho est devenu plus facile. Avant, pour trouver des chouettes, il fallait avoir une certaine connaissance de leur habitat et de leur mode de vie. Pour espérer en observer une, il fallait arpenter les sous-bois à la recherche d'indices de leur présence:  fientes, pelotes de régurgitation, cri d'alerte des corneilles ou des mésanges qui les avaient repérées. Aujourd'hui, il suffit de chercher des photographes et de regarder dans la direction des objectifs.
Difficile la vie d'une chouette à l'ère du numérique. Deux photographes au milieu de son terrain de chasse, c'est un peu comme si on postait un ours à l'entrée de votre épicerie. On angoisse, on s'agite, on dépense de l'énergie et on change d'épicerie, pour s'apercevoir que là aussi il y a un ours devant l'entrée. Au bout du compte, on mange moins.
Je vous parlerai un autre jour des ruses de photographes peu scrupuleux telles que l'appâtage avec des souris d'élevage tenues au bout d'un fil pour être sûr d'avoir un cadrage correct ou la diffusion répétitive d'enregistrement de chants d'oiseaux sur le territoire de reproduction au risque de faire abandonner la nichée.

L'oiseau et la peste

Je ne vous conterai pas de fable en disant que ceux qui croient rendre service aux oiseaux en entretenant des mangeoires se trompent lourdement. Je le sais, j'en ai. En fait, il y a des tas de bonnes raisons pour ne pas le faire: 
  • La dépendance que nous créons chez les oiseaux.
  • Les espèces que nous favorisons par rapport à d'autres; des espèces opportunistes dont nous contribuons à augmenter les effectifs.
  • Le changement d'équilibre entre les populations; une espèce peut se développer au détriment d'une autre, tant du point de vue des ressources que de l'occupation du territoire.
  • Les nuisances que peuvent occasionner une population croissante. 
  • Le risque de transmission de maladies entre les oiseaux accru par leur convergence à la mangeaoire et leur promiscuité. 
Finalement, la seule bonne raison de nourrir les animaux, c'est de satisfaire son propre plaisir. C'est vrai quoi ! C'est beau tous ces oiseaux qui virevoltent sous la neige, ça met de la vie dans le jardin. Les mésanges se disputent les places à la mangeoire; les tourterelles et les bruants ramassent les graines qu'elles laissent tomber par terre, les rats aussi.
Pardon. Comment ça, les rats ? Hé oui, aujourd'hui, Rattus norvegicus mieux connu sous le nom de rat surmulot, rat de Norvège, rat brun ou encore rat d'égout est venu manifester son apport à la biodiversité du jardin.
Le voir traverser effrontément en courant sur la neige en plein jour m'a permis de constater que quelque part au fond de moi, peut-être gravé dans mes gènes en quatre lettres ou dans cette partie de l'inconscient qui nous unit, subsistait la crainte de ce propagateur d'épidémie. Attention, il n'est pas le seul responsable, car si le rat est le réservoir de la peste dans les pays pauvres, c'est plutôt l'écureuil des rochers (Spermophillus variegatus) et le spermophille de Californie (Spermophilus beecheyi) qui remplissent cet office en Amérique du Nord, un continent où la pauvreté et la peste sont endémiques. Oui, la peste est endémique dans l'ouest des États-Unis et quelques cas d'infection par le bacille Yersinia pestis sont rapportés chaque année ou presque (voir les statistiques du CDC, ici).  L'Organisation mondiale de la santé considère même que  la maladie est réemergente, une conséquence de la libre économie et du capitalisme peut-être.   
Alors qui va remplir les mangeoires ce soir ?    

Armoise commune

Photo de Christian Fischer
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Artemisia vulgaris (Astéracées) est aussi appelée Armoise vulgaire, Armoise citronnelle, Herbe aux cent goûts, Herbe de feu, Artémise, Herbe royale, Remise ou Tabac de Saint-Pierre.
En Amérique du Nord, elle a été introduite comme plante médicinale par les colons européens. On la trouve en bordure des chemins ou dans les terrains vagues. On peut la reconnaître à ses tiges rouge foncé et au duvet qui recouvre la face inférieure de ses feuilles.
On utilise les parties aériennes, qui sont apéritives, emménagogues, toniques et vermifuges.
Parmi les principes actifs de l’armoise commune, on trouve :
  • Une huile essentielle composée entre autres, de cinéole, de camphre et de thuyone; laquelle stimulerait l’activité utérine.
  • L’ombelliférone, une coumarine utilisée dans les crèmes solaires parce qu’elle absorbe les rayons ultraviolets et comme agent azurant, notamment dans les lessives.
Contre les règles irrégulières, l'anémie, la fatigue, la colique, la diarrhée, la digestion difficile, le manque d'appétit, les vers intestinaux, les spasmes, la nervosité, l'hystérie, l'épilepsie, les convulsions et les troubles de la circulation.
  • Infusion de 4 à 5 g de feuilles ou de fleurs dans 150 ml d’eau, 2 à 3 fois par jour; commencer 10 jours avant la date normale des règles (aménorrhée).
  • Teinture (1:5 éthanol à 50 %) à raison de 1 à 4 ml, 3 fois par jour.
  • Vin d’armoise (fleurs 1:50, 10 jours) à raison de 30  ml, 3 fois par jour, 8 jours avant le moment des règles.
Contre les abcès, les furoncles, les plaies même infectées et les piqûres d'insectes.
  • Cataplasme de feuilles broyées.
  • Lotion ou compresse avec une infusion de 35 g par litre d’eau.
Il ne faut pas en prendre en cas d'inflammation des voies digestives ou génito-urinaires, ni en période de grossesse ou d'allaitement. Elle peut causer des allergies chez les personnes sensibles aux astéracées. Par ailleurs, compte-tenu de sa teneur en thuyone, mieux vaut en limiter l’usage.



Tuer n'est pas jouer


Comme chaque année, un lapin à queue blanche vient, certains soirs d'hiver, ronger les troncs du fusain ailé qui dépassent de la neige. Cette année, l'arbuste aura du mal à s'en sortir. Les plaies sont trop profondes, plus profondes que le cambium, cette couche de cellules qui assure la croissance du bois en épaisseur. La cicatrisation, au cas où elle soit possible, risque d'être longue et la voie, grande ouverte pour les agents pathogènes. Pire, la sève élaborée chargée de sucres, celle qui descend des feuilles, n'alimentera plus la partie inférieure des branches; les vaisseaux qui la conduisent passent entre l'écorce et le cambium. 
J'avais espéré que les renards et les coyotes qui traînent dans le bois, nous débarrassent du lapin. Je n'aurai pas la patience. 
Comme je ne suis pas assez affamé, pas assez violent, pas assez sportif non plus, en un mot pas assez chasseur, j'ai ressorti la cage à marmotte et appâté avec deux carottes, qui sont devenues dures et inodores après quelques heures en dessous de zéro. Seule la couleur est encore attrayante, mais la lapin ne semble pas être sensible à leur charme puisque, jusqu'à présent, tout ce que j'ai réussi à attraper, c'est de la neige.
À moins que le lapin ait changé ses plans. Je ne le vois plus, ni ses traces d'ailleurs, depuis quelques jours. A-t-il compris le message ? Se garde-t-il un peu de fusain pour l'année prochaine ? Peut-être a-t-il croisé Goupil ? 

À la recherche de la lapone

Partis chercher des chouettes lapones, nous sommes rentrés bredouilles et fourbus. Le redoux avait rendu la neige lourde et collante aux raquettes. Par moment, des bourrasques dressaient des murs de neige et nous donnaient l'agréable illusion d'être seuls au monde. Dans une accalmie, nous avons quand même pu observer une bande de jaseurs boréaux; nos premiers de l'année.       


Pic mineur, Picoides pubescens, Downy Woodpecker

On ne peut pas vraiment avoir envie de préserver ce que l'on ignore, en particulier la nature. J'ai eu la chance  d'avoir des parents qui ont su éveiller et encourager ma curiosité pour les choses naturelles. Tout y est passé, les végétaux, les animaux, les minéraux, les fossiles et les astres. Mes souvenirs de vacances ressemblent à des valises remplies des trouvailles faites au cours des excursions et parfois des prospections minières faites à ma demande, dans les différentes régions de France pendant les grandes vacances: les ammonites des plages vendéennes, les fossiles de fougères du carbonifère ramassés dans des mines du centre de la France, le talc des Pyrénées, les insectes et les fleurs de partout.


Tour cela pour dire que le meilleur moyen, et le plus durable, pour préserver l'environnement, c'est de montrer aux enfants que la nature qu'ils aiment voir dans les livres existe tout autour d'eux.
Une petite paire de jumelles à 20 $ dans une pharmacie, une marche dans le parc le plus proche (Mont-Royal, Jardin botanique, Pointe-aux-Prairies, ) ou une mangeoire pleine de suif accrochée à la fenêtre ou fond de la cour et même en ville, il devient facile d'observer le pic mineur et peut-être même le pic chevelu. À Montréal, on les trouve partout où il y a des arbres. Pour les repérer, il suffit de tendre l'oreille à la recherche du léger toc-toc-toc que produit le martèlement du bec sur le bois. 
  

Se désaltérer en hiver

Comment les oiseaux se désaltèrent-ils en hiver alors que toute l'eau se présente sous forme solide ? Ils font comme vous et moi dans la même situation. Comme nous le prouve ce chardonneret jaune, ils mangent de la neige. À ceci près, qu'ils ne se gèlent pas les dents, eux.