Grosse journée au Beach club

Paruline du Canada

Cette semaine, c'était le lancement officiel de la saison 2021 du Beach club de Longueuil, que l'on ne présente plus (ici et ). Côté vedettes, la production avait invité du "lourd" cette année avec nulle autre que la paruline du Canada.

C'est la deuxième fois que nous la voyons au jardin en 18 ans, et presque aussi souvent en nature. Le Cosepac (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada) lui a donné le statut d'espèce préoccupante en 2020 en raison d'une remontée lente mais constante de ses effectifs depuis 2012.

Rattrapé par ses démons

Le bouleau verruqueux: une nuance de vert au milieu des autres

Le plus gros arbre du jardin est un bouleau. Il était là quand nous sommes arrivés, mais il n'est pas venu tout seul puisqu'il s'agit d'un bouleau verruqueux (Betula pendula) qui pousse normalement en Europe. C'est l'arbre qui nous fait de l'ombre quand nous mangeons, lisons et prenons l'apéro, et auquel nous accrochons le hamac quand il fait trop chaud pour faire autre chose qu'une sieste; c'est pour dire à quel point il est important. 

Nous en prenons grand soin; c'est-à dire que nous y touchons le moins possible. Il y a quelques années, il avait une vilaine cicatrice dans le tronc qui se remplissait d'eau à chaque pluie et se creusait au lieu de se refermer. J'ai fini par forer un trou dans le bas de la cavité pour que la plaie se draine et elle a fini par disparaître. Cela me donne l'occasion de manifester ce complexe de supériorité sur la nature qui habite l'espèce humaine en prétendant l'avoir aidé.  

Lymantria dispar (enfin je crois) dans toute leur beauté

Cette année, il en pleut des chenilles qui ressemblent à des spongieuses, les larves d'un papillon nocturne appelé le Bombyx disparate (Lymantria dispar). Si notre bouleau pensait échapper à ce fléau européen en s'installant en Amérique, c'était sans compter sur Étienne Léopold Trouvelot qui introduisit le ravageur en 1869. Normalement, l'arbre devrait y survivre, car si les chenilles en profitent, elle finiront par faire profiter les oiseaux, les insectes qui les parasitent et quelques pathogènes de lépidoptères. À ce propos, j'ai déjà vu quelques fourmis charpentières en rapporter vers leur colonie, probablement établie dans le cabanon du voisin. D'ailleurs, peut-être devrais-je lui en toucher un mot, lui qui croit s'en être débarrassé.

Et pourquoi pas un pimbina ?

Viorne trilobée
Viorne trilobée

Quand on veut planter un arbuste dans son jardin, on va généralement acheter le dernier truc cher à la mode à la jardinerie du coin, souvent un arbuste arraché à son continent d'origine ou fabriqué de toutes pièces qu'il faudra abrier l'hiver et désabrier au printemps. À la place, on pourrait très bien planter un arbuste indigène; il y en a de très beaux comme le sureau du Canada ou l'aubépine et de très parfumés comme le chalef (ah, le parfum du chalef...plutôt un petit arbre qu'un arbuste). 

Viorne trilobée
La viorne trilobée est une petite maligne: elle fait quelques grosses fleurs voyantes, mais stériles, en périphérie pour attirer les insectes et plein de petites fleurs fertiles au centre qui donneront des grappes de fruits. Chez la viorne comestible, toutes les fleurs sont identiques.

Le pimbina, quant à lui, a cet avantage sur les autres qu'il fait de la lumière au printemps, de l'ombre en été et des fruits en automne, qu'il est vigoureux et qu'il prend la forme qu'on lui donne. Le nôtre vient d'un fruit ramassé dans le parc du Mont-Tremblant. Il s'agit d'une viorne trilobée (Viburnum opulus var. americanum), à ne pas confondre avec la viorne comestible (Viburnum edule) qui porte le même nom vernaculaire. De toute façon, la confusion est sans conséquence puisque toutes les viornes du Québec (il y en a 9 en comptant la viorne mancienne d'origine européenne) produisent des fruits comestibles quand ils sont mûrs.

Viorne trilobée
Viorne trilobée, comme sa feuille. Celle de La viorne comestible peut l'être aussi

Toutefois, comme comestible ne veut pas nécessairement dire bon, pour la consommation, il vaut mieux choisir les fruits des pimbinas. Ils s'utilisent comme les canneberges sous forme de gelée, de confiture ou même de jus de fruit (voir ici), ou encore simplement cuits pour accompagner une viande. J'ai toujours entendu dire qu'il fallait attendre le deuxième gel avant de les cueillir, mais maintenant avec les congélateurs...