Il y a des lieux sur Terre, qui échappent à notre influence, des lieux plus puissants que l'Homme. Parfois, ils choisissent de se faire oublier, patientant, et nous construisons notre réalité autours, ignorant leur existence. Les ruisseaux ne continuent-ils pas de couler dans les profondeurs de nos cités ?
Parfois, ils s'exposent laissant filtrer une parcelle de la force qui les habite, force dont nous ne comprenons pas réellement la nature mais à laquelle nous ne sommes pas insensibles. Nous décrétons alors que le lieu est sacré ou qu'il présente un intérêt écologique suffisant pour en faire un parc et le préserver de nous-même.
Le parc algonquin est un de ces lieux. Terre de transition entre la douceur et le froid, entre la feuille qui demeure et celle qui choit, c'est le pays du loup, de l'orignal et de l'ours. Parcourir les collines du parc, fouler les affleurements rocheux du bouclier canadien, c'est marcher sur les écailles de la tortue wendate qui nous porte à travers l'univers.
Il ne faudrait pas croire que le parc algonquin n'est qu'un paysage. Non, c'est aussi une source d'enseignements. On y apprend les liens qui unissent les êtres vivants, que le pin blanc doit au feu de voir la lumière, que le nénuphar paie son voyage en nourrissant le castor et que la tordeuse assure la suprématie de l'épinette sur le sapin. On apprend finalement que la vision de l'Homme est aussi étroite que sa vie est brève.