Jardin de simples

Les jardins de simples étaient au Moyen-Âge ce que sont les pharmacies aujourd'hui. Les plantes médicinales (simplicis herbae), principaux remèdes de l'époque, y ont été cultivées jusqu'à ce que la révolution industrielle et les progrès scientifiques permettent d'identifier, d'isoler et de synthétiser leurs principes actifs. Les chamans, guérisseurs, herboristes, apothicaires ou médecins se sont alors transformés en pharmacologues et pharmaciens. Pas tous cependant, car certains s'efforcent de perpétuer un savoir-soigner traditionnel .

Si la formation et le diplôme d'herboriste n'avaient pas été supprimés en 1941 par le gouvernement collaborationniste de Vichy, peut-être aurais-je été l'un deux. À la place, je suis devenu pharmacologue. Cela n'a pas entamé mon attachement pour ces plantes qui sont à l'origine de beaucoup de nos médicaments modernes et qui continuent aujourd'hui encore à alimenter notre pharmacopée. J'ai même, depuis trois ans, entrepris de collectionner les plantes médicinales dans mon jardin, une sorte de retour aux sources. Elles y sont rassemblées par famille, 3 à 4 individus par espèce et doivent répondre aux conditions suivantes: les vivaces doivent survivre à l'hiver québécois sans autre protection que le couvert neigeux et les annuelles doivent se resemer d'elles-mêmes.

Tige quadrangulaire de la bugle rampante

Comme il fallait commencer quelque part, le choix de la première année s'est porté sur les lamiacées, une grande famille d'environ 6000 espèces qui a fourni quelques célébrités aromatiques et médicinales comme la menthe, la lavande, le thym, l'origan, le basilic et la sauge.

Faciles à identifier, les plantes de la famille ont en commun: une tige quadrangulaire, des feuilles simples, opposées (paire de feuilles se faisant face sur la tige) et décussées (chaque paire de feuilles fait un angle de 90° avec la précédente), des fleurs généralement bilabiées (une lèvre supérieure et une inférieure) à pétales soudés et un calice à 5 sépales soudés en forme de tube.

Jusqu'à présent, une vingtaine d'espèces sont acclimatées au jardin (marquées d'un astérisque dans la liste plus bas); il en reste une dizaine à trouver et à essayer de faire pousser.

Fleur de bugle rampante à lèvre supérieure presque inexistante
Fleur de monarde écarlate nettement bilabiée
Feuilles opposées et décussées de la menthe poivrée


Des lamiacées médicinales

Agripaume cardiaque – Leonurus cardiaca *
Ballote fétide – Ballota nigra
Basilic – Ocimum basilicum
Basilic de Ceylan – Ocimum gratissimum
Basilic sacré – Ocimum tenuiflorum
Brunelle commune – Prunella vulgaris *
Bugle ivette – Ajuga iva
Bugle rampante – Ajuga reptans *
Bétoine – Stachys officinalis *
Calament – Clinopodium nepeta
Cataire – Nepeta cataria *
Collinsonie du Canada – Collinsonia canadensis
Coléus – Coleus forskohlii
Dictamne de Crète – Origanum dictamnus
Épiaire des bois – Stachys sylvatica
Épiaire des marais – Stachys palustris
Galéopside à tige carrée – Galeopsis tetrahit *
Galéopside douteux – Galeopsis segetum
Gattilier – Vitex agnus-castus
Germandrée des bois – Teucrium scorodonia
Germandrée maritime – Teucrium marum
Germandrée petit-chêne – Teucrium chamaedrys *
Hysope – Hyssopus officinalis *
Lamier blanc – Lamium album
Lavande aspic – Lavandula latifolia
Lavande stœchade – Lavandula stoechas
Lavande vraie – Lavandula angustifolia *
Lavandin – Lavandula x intermedia
Lierre terrestre – Glechoma hederacea *
Lycope – Lycopus europaeus
Marjolaine – Origanum majorana
Marrube blanc – Marrubium vulgare *
Menthe poivrée – Mentha x piperita *
Menthe pouliot – Mentha pulegium
Menthe verte – Mentha spicata
Monarde pourpre – Monarda didyma *
Monarde fistuleuse – Monarda fistulosa
Mélisse – Melissa officinalis *
Mélitte – Melittis melissophyllum
Origan d’Espagne – Coridothymus capitatus
Origan d'Héralée – Origanum heracleoticum
Origan vulgaire – Origanum vulgare *
Origan à inflorescences compactes – Origanum compactum
Orthosiphon – Orthosiphon stamineus
Patchouly – Pogostemon cablin
Pérille faux-basilic – Perilla frutescens
Romarin – Rosmarinus officinalis
Sarriette des montagnes – Satureja montana *
Sarriette des jardins – Satureja hortensis
Sarriette vulgaire - Clinopodium vulgare
Sauge d’Espagne – Salvia lavandulifolia
Sauge officinale – Salvia officinalis *
Sauge sclarée – Salvia sclarea
Scutellaire latériflore – Scutellaria lateriflora *
Scutellaire toque – Scutellaria galericulata
Scutellaire du Baïkal – Scutellaria baicalensis *
Serpolet – Thymus serpyllum *
Thym citron – Thymus x citriodorus
Thym saturéoïde – Thymus satureioides
Thym vulgaire – Thymus vulgaris *

Un 14 janvier à Longueuil (Québec)

Pas de fumée sans feu. Et quand l'écureuil gris fume, c'est qu'il fait froid. Il ne ressent peut-être pas les -20°C de ce matin de la même façon que moi, mais les effets du froid sur notre physiologie sont identiques et sa résistance me laisse admiratif.

Un 13 janvier à Longueuil

8:00, - 15°C, ciel nuageux, je regarde par la fenêtre. Ils sont tous là, regroupés dans le pommetier voisin, à attendre un soleil qui ne viendra pas. Des habitués, il ne manque que le pic, la tourterelle, la sittelle et le moineau. Peut-être sont-ils en train de manger les graines que nous leur avons laissées sous la terrasse. Pour m'en assurer, je descend au sous-sol pour jeter un œil par la fenêtre qui donne sous le patio; j'y trouve le reste de la gang des bruants et le pic mineur qui gosse une vieille souche récupérée pour servir de nichoir aux abeilles charpentières. Apparemment, elle sert aussi de supplément protéinique pour le pic qui a vite compris l'usage qu'en faisaient les abeilles. Pas d'inquiétude à avoir, il laisse toujours assez de larves pour une prochaine génération.

Cardinal rouge (femelle)
Cardinal rouge (mâle)
Bruant hudsonien
Roselin familier (mâle)
Junco ardoisé
Pic mineur (femelle)