Quand écrire 10 lignes vous demande tout un effort, quand tout geste prend des allures de montagne à soulever, c'est la dépression saisonnière. Rien de bien grave, mais il va falloir attendre encore jusqu'au 10 janvier avant que ma glande pinéale comprenne que les jours rallongent. En attendant, je vais me forcer pour présenter Gros-père.
Gros-père, c'est le nom qu'on a donné à un vieux chat errant et borgne, mangeur d'oiseaux et de tamias rayés que nous n'avons pas pu nous empêcher de prendre en pitié. Il n'est pas rancunier, car, plus jeune, je le chassais du jardin. Je pressentais en lui un redoutable chasseur; ce que sa longévité et ses cicatrices n'ont pas démenti.
Aujourd'hui, nous essayons de l'aider à passer à travers la mauvaise saison sans en faire plus que de lui offrir de l'eau et de la nourriture. Nous avons renoué quelques liens d'amitié respectueuse. Jamais il ne franchit le seuil de la porte; il aime trop sa liberté. Nous sentons que la fin se rapproche et quand il n'est pas au rendez-vous, nous l'imaginons couché au pied d'un arbre dans le bois, reposant là où il a aimé vivre. Mais, il n'en finit pas de nous surprendre et il réapparait toujours sur le pas de la porte.
Vivement le printemps !