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Ce qu'il y a de mieux à faire pour la nature...

...est de ne rien faire. J'en ai eu la preuve encore aujourd'hui.

Au fond du jardin, derrière la clôture, il y a le boisé du Tremblay, un milieu naturel sur lequel je veille comme un pitbull sur son os. Il suffit que j'entende une chainsaw, une hache ou une branche qui craque pour que je me précipite contre la clôture pour grogner et montrer les dents. 

Il y a quelques semaines, quelques mois même, la ville est venue couper les frênes morts et quelques autres essences mal proportionnées ou n'affichant pas la rectitude réglementaire, ne laissant qu'une clairière et deux érables rouges. Devant la désolation, j'avais l'intention de remplir le vide avec des espèces indigènes, mais finalement, je ne ferai rien.

Aujourd'hui, j'ai eu la surprise de trouver un érable à sucre, un érable rouge supplémentaire, un chèvrefeuille haut d'un bon mètre cinquante que je n'ai jamais vu arriver et un cerisier qui semble être de Virginie, un plus haut que moi et plein de cerises. Comme je ne l'ai pas vu fleurir au printemps, il faut croire que j'ai passé le la première moitié de l'année ailleurs... Le problème est de savoir où. 

La consoude du boisé

Cela fait maintenant une couple d'années que cette consoude s'est installée au bord du chemin. Elle doit son existence à l'aménagement du sentier; une graine dans le concassé, qui attendait le moment propice pour germer. 

Chaque printemps, je la guette. Avec le vieux saule et bien d'autres végétaux, elle me sert d'amer quand je navigue dans le boisé du Tremblay. Quand je la croise à gauche, je m'éloigne de la maison; à droite, je n'en ai plus pour longtemps avant de regagner le port.

Ce printemps, j'ai bien cru la perdre. Avec cette barrière que les promeneurs contournent par la gauche, j'ai vu son emplacement piétiné à la fonte des neiges, bien avant qu'elle ne paraisse. Si j'avais eu l'audace, j'aurais pu planter un écriteau: "Attention, consoude à venir, faites un détour". 

Mais bon, le geste ne suit pas toujours l'intention. Et puis, elle a fini par émerger du sol et j'ai compris que je n'étais pas le seul à la considérer et à l'apprécier. 

Un 26 avril dans le boisé du Tremblay

Au fur et à mesure que le printemps s'installe, les promenades dans le boisé du Tremblay s'allongent; particulièrement ce matin, car il n'est pas tombé que de la pluie la nuit dernière. 

Probablement portés par les vents du sud qui ont amené l'humidité, de nombreux migrateurs se sont ajoutés aux bruants à gorge blanche et aux roitelets à gorge rubis arrivés il y a deux jours. Nous avons même croisé notre première paruline, une paruline à couronne rousse, pas du tout celle que nous nous attendions à voir. Il y avait aussi des bruants des marais, des bruants fauves, des grives solitaires, des quiscales rouilleux, des tonnes de roitelets à couronne rubis (et pour faire une tonne de cet oiseau, il en faut beaucoup), et parmi eux, un roitelet à couronne dorée. 

Bruant des marais

C'est une sorte d'avant-goût de Pointe-Pelée (Ontario), destination pour laquelle nous partons demain avant l'aurore; c'est quand même à neuf heures et demie de route. Point le plus au sud du Canada, sur la rive nord du lac Érié, cet échantillon de la forêt carolinienne est un point de passage obligé pour les migrateurs qui traversent les Grands Lacs, incluant les Monarques. La légende veut que lorsque les vents sont favorables, ils sont des milliers à tenter la traversée de nuit et à s'échouer à l'aube, épuisés, sur la plage de Pointe-Pelée.

En fait, ce n'est pas tout à fait une légende, juste une réalité de quelques années auparavant, d'avant l'agriculture industrielle, des tours à bureaux de nos centre-villes éclairées la nuit sur lesquelles les migrateurs s'écrasent, d'avant la destruction massive des habitats naturels (il n'y a qu'à regarder une vue satellite du coin sur google earth pour s'apercevoir de l'étendue du problème).

Quiscale rouilleux: remarquez la nuance de brun sur la tête qui le distingue du quiscale bronzé et la queue beaucoup plus courte et droite que celle de son congénère.

L'affaire est dans le sac

C'est le moment idéal pour apprendre à reconnaître les grenouilles à leur chant. En plus, le nombre des espèces est quand même assez limité, en tout cas au Québec, et leur chant, vraiment distinctifs. Bon, je sais ce que vous allez me dire: "à quoi ça sert de connaître le chant des grenouilles ?" Sur quoi je vous répondrai sur un ton blasé: "À la même chose qu'une piscine hors-terre dans un pays où l'eau est gelée pendant 6 mois... À se faire plaisir !"

Pour produire leur chant, les grenouilles ont recours à un ou deux sacs gulaires (c'est selon les espèces). Un sac gulaire est une poche membraneuse extensible située au niveau de la gorge. Chez les amphibiens, il a une fonction d'amplification du son et on lui donne aussi le nom de sac vocal. Il est considéré comme un caractère sexuel secondaire, parce que seuls les mâles en possèdent et qu'il ne se développe que pendant la saison de l'accouplement. 

Ces sacs gulaires existent chez d'autres espèces animales comme les oiseaux par exemple. Il sert alors à se démarquer des autres en affichant des couleurs vives pour s'attirer les faveurs d'une femelle (frégates) ou à attraper de la nourriture (pélicans).

Sur les vidéos ci-dessous, on peut voir une grenouille des bois qui a besoin de deux sacs vocaux pour produire un couac disgracieux et deux petites rainettes crucifères qui n'ont besoin que d'un sac vocal pour produire un sifflement extrêmement sonore (elles peuvent aussi faire des trilles sur la même note).

Un 11 avril dans le boisé du Tremblay


Hier était une belle journée de printemps, comme aujourd'hui d'ailleurs. Alors, nous sommes allés voir où en était le printemps dans le boisé du Tremblay. 

Il faut croire que c'était la journée des tas. En nous promenant, nous en avons croisé de toutes les sortes: des tas de tussilages en fleurs, des tas de couleuvres rayées très occupées à s'accoupler, des tas de grenouilles des bois très occupées à les imiter et des tas de troncs d'arbres, beaucoup trop (j'y reviendrai dans un autre article).

Les couleuvres rayées se regroupent dans un hibernacle pour passer l'hiver. Ce peut être un terrier abandonné, une anfractuosité d'un rocher; celles de notre jardin se regroupent dans le mur de briques de la maison derrière un compteur électrique. Au printemps, elles se dispersent pour vaquer à leurs occupations, notamment la reproduction. Les femelles sécrètent alors des phéromones sexuelles pour attirer les mâles des alentours qui forment des amas autour des femelles pour tenter de les féconder. Cela ne dure pas très longtemps; nous n'en avons pas trouvé aujourd'hui.

Les grenouilles aussi forment des amas, les mâles s'agglutinant autour d'une femelle. 

Et le printemps ?

Nonobstant le centimètre de neige que la météo nous annonce pour demain, il suit son cours et on commence à voir du vert à travers la neige. Les premiers quiscales bronzés sont arrivés hier, les bernaches sillonnent le ciel, le premier bruant chanteur a chanté et le tamia, sorti de sa torpeur, fait la navette entre son refuge et la mangeoire. Il ne vient pas encore quand on l'appelle. C'est une habitude qu'il faut reprendre chaque année et c'est très bien ici; le sauvage doit le rester.   

Le parc du Tremblay

Hier, nous nous promenions dans le boisé du Tremblay et constations la poursuite de sa transformation en un espace de moins en moins naturel. Après avoir ouvert des avenues pour les promeneurs de chien, planter des bancs pour y déposer des cannettes en aluminium ou des tags, reverdi les bas-côtés avec des végétaux pas toujours indigènes, on coupe aujourd'hui les frênes morts et, dans la foulée, quelques peupliers faux-trembles vivants.

Pour les frênes, c'est évidemment une question de sécurité, même si le tronc de certains tient dans ma main. Pour les autres, je ne sais pas, mais ce sont des vieux...et on n'aime pas les vieux. 

Pour parachever l'aménagement, on coupe les troncs au ras su sol pour être sûr qu'aucun animal xylophile ou "xylodépendant" ne les utilisera et on les réduit en paillis; ce qui ne devrait pas aider les tapis d'hépatiques, de claytonies et d'érythrones à se remettre du piétinement des bucherons et de leurs engins.

Curieuse humanité ! Hier, on se frôlait sans masque sans avoir peur d'attraper une maladie qui a fait 6 millions de morts dans le monde. Aujourd'hui, on a peur d'un arbre mort qui a toutes les chances de ne pas nous tomber dessus.

Tiens, en parlant de "xylodépendant", au cours de notre promenade, nous avons croisé l'épervier brun qui chasse régulièrement dans le jardin. Cela fait deux jours que la porte-fenêtre est secouée par ses attaques contre les tourterelles qui viennent se faire chauffer sur la terrasse. Avant-hier, nous avons eu le temps de le voir partir avec l'une d'entre elles. Ce coup-ci, il avait attrapé un tamia rayé.

Cliquez sur la photo et regardez ce que tient l'épervier

Et en parlant de tamia, il y a deux jours, à la même date que l'année dernière, j'ai pu apercevoir un de ceux qui habitent le jardin. Ce fut bref, le temps d'un aller-retour sous les mangeoires d'oiseaux, mais avant qu'il plonge à l'abri de la neige, j'ai eu le temps de l'identifier comme étant "grande-queue". Ça sent le printemps et nous commençons à penser à nos canards, car la date de leur arrivée approche.


Un 23 janvier dans le boisé du Tremblay

Pas grand-chose à signaler dans le boisé en ce lendemain de -30° C, à part peut être le passage d'un artiste sponsorisé par Tim Hortons et celui d'un sportif champion du lancer de sac à m... qui oblige les promeneurs à suivre ses exploits depuis un ou deux ans. Force est de constater qu'il ne fait pas beaucoup de progrès. Sartre avait raison. 

La météo des mangeoires

Les mangeoires ont des choses à dire; il suffit de les écouter. Elles vous parlent du temps qu'il va faire et vous racontent des histoires de chasse

Par exemple, quand les oiseaux s'y bousculent frénétiquement, c'est qu'il va neiger dans les heures qui suivent. Par contre, si elles sont désertes alors qu'il neige, comme ce matin, c'est qu'il y a une bonne raison. Sur la photo ci-dessus, elle est facile à trouver: les mangeoires sont à gauche, la raison est perchée sur la clôture.  

Il s'agit d'un jeune épervier, probablement de Cooper. Jeune en raison des rayures verticales brunes de la poitrine et "de Cooper" pour plusieurs raisons: la taille de l'oiseau, les rayures de la poitrine qui sont plus fines, plus discontinues et moins marquées que celles d'un épervier brun (elles descendent aussi moins bas sur la poitrine), et la tête plus aplatie au sommet, sans sourcil pâle et net au-dessus de l'œil.

Un 3 janvier dans le boisé du Tremblay

Petite ballade matinale pour se mettre les idées en place avant de se mettre au travail: quand tes narines se collent entre elles à la première inspiration et que ta respiration se condense dans tes cils, c'est qu'il fait -20°C.

Un 3 décembre dans le Boisé du Tremblay

Cela faisait un moment que j'avais envie d'aller voir le fameux passage faunique construit sous le futur et feu prolongement du boulevard Béliveau pour permettre soi-disant le passage des rainettes faux-grillons boréales. "Soi-disant", car on a appris plus tard que la ville de Longueuil avait aussi prévu de laisser construire des unités d'habitations de chaque côté du boulevard; ce qui aurait probablement mis fin à la rainette dans le secteur.

Mais tout ça est révolu, les défenseurs du boisé ont fini par faire entendre raison aux décideurs et tous les travaux ont été abandonnés.  

Le prolongement devait relier le rond-point (en bas, plus ou moins au centre) au cul-de-sac (plus haut) et couper ainsi le boisé en deux à travers un habitat humide connu pour héberger la rainette faux-grillon.

En arrivant sur les lieux, ma première surprise fut de constater les dégâts. Égouts, aqueducs, bornes-fontaines, lampadaires, tout était là, il ne restait plus qu'à recouvrir les grenouilles déjà enterrées d'un linceul d'asphalte.

En gris, la zone marécageuse; en blanc, le tracé du boulevard

Je me dirigeais donc vers le milieu du chantier, à mi-distance entre le rond-point et le cul-de-sac, là où je m'étais imaginé trouver le fameux corridor. Dans le prolongement d'une zone marécageuse que les grenouilles utilisent pour se reproduire, à mi-distance entre les trépidations d'un boulevard très fréquenté (bas de la photo) et les activités humaines d'une zone résidentielle (en haut), ce n'était pas faire preuve de trop d'imagination, de juste un peu de bon sens. Mais je me trompais, je l'ai trouvé plus loin, au ras des maisons. 

Tout cela a couté un peu plus de deux millions. Depuis, la mairesse qui a approuvé les travaux a été remplacée. Le directeur général, celui qui "sous l'autorité du comité exécutif, est responsable de l'ensemble de l'administration de la Ville, dont il planifie, organise, dirige et contrôle les activités" (sic le site internet de Longueuil), est toujours en place et les défenseurs du boisé réclament à juste titre la restauration des lieux, ou ce qui s'en approche le plus, dans l'éventualité où la rainette faux-grillon boréale aurait survécu à ces travaux. Mais ça, nous le saurons que le printemps prochain en tendant l'oreille.

Rainette faux grillon de l'Ouest ou boréale ?

Jusqu'à récemment, si vous m'aviez demandé quelle espèce d'amphibiens menacée justifie que l'on protège le boisé Du Tremblay, je vous aurais répondu la rainette faux-grillon de l'Ouest (Pseudacris triseriata). 

Pseudacris triseriata par Pfinge at French Wikipedia., CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Eh bien, je me trompais et je vous répondrai dorénavant la rainette faux-grillon boréale (Pseudacris maculata). Pour ma défense, il faut préciser que les deux espèces sont indiscernables à première vue et que je ne faisais que répéter ce qu'on lit partout, même dans la littérature scientifique récente.

Mais voilà, les connaissances scientifiques évoluent avec les techniques d'analyse et l'ADN a remplacé le rapport T/SVL.   

Le rapport T/SVL est calculé en divisant la longueur du Tibia par la distance entre le museau (Snout) et l'orifice du cloaque (Vent). Ce rapport est en moyenne de  42,6 chez P. triseriata et de 39,3 chez P. maculata, avec un chevauchement des valeurs extrêmes.

Jusqu'en 2003, on pensait que la rainette faux-grillon boréale était complétement absente du Québec. Jusqu'à ce qu'une équipe de l'entreprise FORAMEC la découvre autour de la baie de Rupert (Jamésie, Québec) lors d'une étude d'impact du détournement de la rivière Rupert par Hydro-Québec (voir ici). 

C'est en se basant sur une mention non vérifiée et en faisant jouer des enregistrements des chants de la grenouille que l'espèce fut découverte. 

Pseudacris maculata par Tnarg 12345 at English Wikipedia., CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Puis en 2007, une étude américaine portant sur l'ADN des populations de rainettes faux-grillons permet de redessiner la carte de distribution des différentes espèces. Elle confirme également que la faux-grillon boréale est présente dans le sud de l'Ontario et suggère que les populations de faux-grillons de l'Ouest du Québec méridional pourraient avoir été mal identifiées. 

En 2015, une équipe de chercheurs québécois se penche sur la question. Ils inventorient des sites du sud du Québec connus pour héberger la faux-grillon de l'Ouest (notamment le boisé du Tremblay) en utilisant des enregistrements sonores des deux espèces. Première constatation, seules les faux-grillons boréales répondent aux appels. Ils prélèvent ensuite des échantillons d'ADN, qui, après analyse, confirment qu'ils appartiennent bien à des rainettes faux-grillons boréales.

Pseudacris maculata map
Distribution de Pseudacris maculata par Cephas, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Pour la première fois, ces travaux apportent la preuve que les populations de faux-grillon du Québec méridional ont été mal identifiées. Les chercheurs expliquent cette erreur par une diminution du rapport T/SVL dans une population locale et isolée qui a continué malgré tout à évoluer.

Est-ce que cette découverte change quelque chose à la protection de ces grenouilles et des milieux qui les hébergent ? Absolument pas et au contraire, étant donné l'isolement et la fragilité de ces populations de faux-grillon boréale, et de la quantité d'informations scientifiques qu'elles peuvent fournir sur leur biologie, leur évolution et la dynamique de leur population.

Sources:

Picard, I., & Desroches, J.-F. (2004). Situation de la Rainette faux-grillon de l’Ouest (Pseudacris triseriata) en Montérégie - Inventaire printanier 2004. En Collaboration Avec Le Centre d’information Sur l’environnement de Longueuil (CIEL), Longueuil, Québec, 50 pages. 
Fortin, C., Ouellet, M., & Grimard, M. J. (2003). La rainette faux-grillon boréale (Pseudacris maculata) : présence officiellenent validée au Québec. Le Naturaliste Canadien, Vol. 127, 71–75. 
Lemmon, E. M., Lemmon, A. R., Collins, J. T., Lee-Yaw, J. A., & Cannatella, D. C. (2007). Phylogeny-based delimitation of species boundaries and contact zones in the trilling chorus frogs (Pseudacris). Molecular Phylogenetics and Evolution, 44(3), 1068–1082.
Rogic, A., Tessier, N., Noël, S., Gendron, A., Branchaud, A., & Lapointe, F. J. (2015). A “trilling” case of mistaken identity: Call playbacks and mitochondrial DNA identify chorus frogs in Southern Québec (Canada) as Pseudacris maculata and not P. triseriata. Herpetological Review, 46(1), 1–7.
Dubois-Gagnon, M. P., Bernatchez, L., Bélisle, M., Dubois, Y., & Mazerolle, M. J. (2021). Distribution of the boreal chorus frog (Pseudacris maculata) in an urban environment using environmental DNA. Environmental DNA, (May), 1–13.

Cet article a couté 5 heures de recherches, de rédaction et de mise en page. Vous pouvez compenser la dépense d'énergie en cliquant sur le bouton "Buy me a coffee" ci-contre.

Un 9 novembre dans le boisé du Tremblay

La nuit tombe sur le boisé du Tremblay. Il n'est pas très tard, mais avec le changement d'heure, nous voilà revenus à l'heure solaire et comme le temps est nuageux, il devient diffcile de faire de la photo après 17 heures.

Dommage parce qu'il y a cet oiseau au bord du chemin. Perché au plus haut du plus grand arbre, de la taille d'un merle, on reconnait tout de suite sa silhouette, même sans lumière. Comme je ne le vois quand hiver, ce n'est pas bon signe.

Allez, je secoue mon apathie saisonnière, je zoome et je déclenche deux ou trois fois pour assurer. Bon, tout le monde l'a reconnu. Inutile de jouer sur le gamma, de pousser un peu le contraste et la vibrance, c'est une pie-grièche. Laquelle, la migratrice ou la boréale ? Je pencherais pour la boréale pour trois raisons:

  1. On a tellement modifié le paysage qu'observer la migratrice est devenu un exploit.
  2. Le bandeau noir sur l'oeil est quasi inexistant, ce qui suggère non seulement une pie-grièche boréale mais aussi que c'est son premier hiver. Et puis il y a beaucoup de teinte brune dans le plumage, un autre indice de son âge.
  3. La taille du bec et le crochet bien visible au bout.     

La même en "croppant" l'image et en poussant le gamma. Fu.. le français, je me lâche lousse. Ça fait pro et plus de son temps.

Invasion de domicile

Cela fait deux fois en deux jours que je vois "galoper" des tiques sur mon plancher. Comme elles ne sont pas venues toutes seules, il va falloir que je sois plus prudent quand je rentrerai du jardin ou du bois et que je m'examine attentivement de la tête au pied. Probablement la faute aux ratons laveurs qui, toutes les nuits, viennent visiter le bassin et attraper ses grenouilles.  

Jusqu'à présent et en dépit du nombre de tiques, françaises et québécoises, que j'ai retirées depuis que je suis gamin, j'ai échappé à la maladie de Lyme. Ma blonde ne peut pas en dire autant et son expérience m'invite à la prudence, car les choses n'arrivent pas qu'aux autres, quoi qu'en pensent les négationistes de la COVID.

Après l'avoir examinée sous toutes les coutures et consuté le Guide d'identification des tiques du Québec, il semble bien que ce soit la tique à pattes noires (Ixodes scapularis), le vecteur de la maladie de Lyme. 

Sau, sau, sau...Sauvons la rainette

Ne sont-ils pas beaux, ces défenseurs du boisé du Tremblay ?

C'est le slogan qu'ont scandé 150 citoyens de Longueuil, dimanche après-midi, en déambulant dans les rues du quartier du Boisé du Tremblay. Nous étions rassemblés pour exiger l'arrêt des travaux de prolongement du boulevard Béliveau à travers l'un des derniers refuges de la rainette faux-grillon, l'abandon du projet de construction de logements de part et d'autre du boulevard et la restauration de l'habitat déjà détruit.

Cent cinquante, quand même ! Moi qui pensais que nous ne serions pas plus d'une trentaine, sans le support de Greta. Tout le monde était là:

  • Tommy Montpetit sans qui le boisé ne serait plus depuis longtemps,
  • Martin Geoffroy, un citoyen concerné à qui l'on doit l'initiative de cette prostestation,
  • quelques représentants d'associations de défense de la nature, les indispensables spécialistes de l'organisation des marches protestataires qui peuvent être écologistes sans nécessairement être des écologistes.
  • quelques politiciens locaux qui ressemblaient à leurs affiches électorales, mais en plus bavards, et qui ont quitté le groupe dès que nous nous sommes mis en marche,
  • quelques dizaines de citoyens préoccupés par l'avenir du boisé, mais aussi, de manière plus globale, par celui de la planète.
  • un photographe de la presse locale qui venait faire sa job,
  • les tondeurs de pelouse du dimanche qui nous regardaient passer en nous faisant des signes amicaux,
  • les automobilistes qui nous croisaient en faisant retentir leur klaxon solidaire,
  • et deux policiers débordés par la foule (150 marcheurs tranquilles et disciplinés) qui, au nom de notre sécurité, ont quand même trouvé le moyen d'abuser de leur position et de nous imposer des trottoirs trop étroits en temps de pandémie et des pistes cyclables pour ne pas gêner la circulation des autos (celle des vélos est moins importante).   

Tommy Montpetit qui est à l'origine de la préservation du boisé et qui a envoyé sa première lettre de protestation contre le prolongement du boulevard en 1994. Il en faut du courage pour partir seul au front et ne pas se décourager après tout ce temps.
Martin Geoffroy, directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR), un autre courageux qui, en toute logique, ne devrait pas tombé dans le piège de la radicalisation pourtant si facile à emprunter devant l'inaction et l'arrogance des autorités. Ne vous y trompez pas en lisant l'affiche: le désinformateur n'est peut-être pas celui qui la dénonce...  

Un de mes coins préférés

 

Quelque part dans le Boisé du Tremblay, il y a un endroit qui refuse obstinément de se laisser photographier. C'est un affleurement rocheux peuplé d'érables rouges, de caryers ovales, d'ostryers de Virginie et de chênes rouges où vient parfois se reposer une chouette rayée. 

Il y a des grains de peaux que l'on reconnaît facilement, comme celui de l'ostryer de Virginie

Développement durable

Ce matin, j'ai voulu aller constater l'avancement des travaux du prolongement du boulevard Béliveau à Longueuil; un trait rouge dans le vert sur la photo, un pointillé sur le plan d'urbanisme, une erreur de navigation dans les GPS qui l'avaient déjà intégré dans leur calcul.

Alors, ça y est ! La ville de Longueuil va de l'avant, la conscience tranquille puisque elle a l'acceptation sociale d'une poignée de résidents locaux fatigués de rester coincés dans les embouteillages qu'ils créent, à écouter la musique de supermarché des stations FM qu'ils choisissent de syntoniser. Pourtant, c'est en pure perte (de milieux naturels), car on le sait maintenant avec le recul: construire une route, c'est augmenter le trafic routier, pas le réduire (voir ici). 

2015
2021

Pour rendre durable, ce nouveau développement, la ville met de l'avant l'aménagement d'un corridor faunique; comprenez un tunnel sous le boulevard permettant le libre passage des animaux dans leur environnement de plus en plus morcelé. L'intention est louable et il ne restera plus qu'à convaincre ladite faune d'emprunter ce corridor et lui expliquer que la ligne droite, si elle est encore le chemin le plus court, n'est pas forcément le plus sûr. Il faut croire que c'était plus facile que de convaincre les résidents d'utiliser les transports en commun.

Quand aux rainettes faux-grillons (une espèce soi-disant protégée) qui vivaient sur le passage du boulevard, elles sont mortes. Les autres, celles qui vivent dans le quadrilatère de milieu humide restant (en dessous du trait rouge), il faudra qu'elles composent avec les rebuts de gazon, les pneus d'hiver usagés et autres déchets que les riverains ne manquent pas de jeter dans le bois, sans négliger l'agrandissement des cours arrière par l'abattage des arbres et leur remplacement par du gazon ou des végétaux exotiques. Pour finir, on arrosera de Bt parce que les milieux humides sont des nids à moustiques incompatibles avec l'apéro sur la terrasse. 

Les pots étaient probablement trop lourds pour leur faire passer l'hiver à l'intérieur. Peu importe, on en rachètera l'année prochaine. 
Riches et analphabètes