En me promenant dans le boisé du Tremblay cet après-midi, je suis tombé sur le met préféré des cerfs de Virginie, après les thuyas de mes voisins. En m'approchant pour me rassurer sur leur présence, j'ai pu constater que les cornouillers stolonifères avaient été broutés récemment; si récemment que j'ai aperçus les cerfs un peu plus loin. Il y avait aussi une piste qui pourrait avoir été tracée par un renard roux au galop.
Un 5 décembre dans le boisé du Tremblay
La journée n'est pas encore commencée que le boisé est déjà à moi, ou presque.
À en juger par les pas que j'emprunte le temps d'un sentier, nous sommes deux ce matin pour assister au lever du jour, à défaut du soleil. Deux humains et rien de plus. En tout cas, rien qui n'ait laissé des traces dans la neige fraîche de cette nuit.
Cela exclut évidemment les oiseaux qui, beau temps mauvais temps, été comme hiver, se réveillent toujours de bonne heure. Pourtant, pics, sittelles, mésanges et cardinaux semblent de moins en moins nombreux.
Au sommet d'un arbre, une pie-grièche est déjà à l'affût et j'entends les trois corbeaux du coin se raconter leur rêve dans cette langue gutturale si caractéristique.
La vie du vinaigrier
À la maison, nous faisons notre vinaigre, par plaisir et par satisfaction de ne pas être absolument dépendants de ces grandes chaines d'épicerie qui nous affament. Le processus est naturel et spontané, et ne demande rien d'autre qu'un vinaigrier; ce peut être n'importe quel récipient.
Le vinaigrier est un écosystème en soit, même s'il est extrêmement simple. Enfin c'est ce que je croyais ! À la base, il y a le vin et des bactéries acetobacter qui transforment le vin en vinaigre, ou plus précisément l'éthanol en acide acétique. Là où ça se complique, c'est que que l'odeur du vinaigre qui filtre à travers le couvercle ou qui suinte un peu du robinet attire inévitablement les mouches à vinaigre, que l'on appelle aussi mouches à fruits ou drosophiles (Drosophila melanogaster).
Une colonie d'acetobacter dans toute sa splendeur; on l'appelle aussi mère de vinaigre |
Si la facilité d'élevage de cette mouche fait la joie des généticiens et d'autres spécialistes en ADN, il faut bien reconnaître que sa présence fait désordre dans une cuisine, bien qu'elle soit complètement inoffensive et ne transmette, à ma connaissance, aucune maladie.
Bref, j'ai tout essayé pour les éliminer: le papier tue-mouche, la mise en quarantaine du vinaigrier dans un sac en plastique jusqu'à la mort des mouches par inanition, l'applaudissement (les insectes détestent cette forme de reconnaissance, surtout quand ils deviennent le centre d’intérêt de vos paumes de main). En vain.
Il y a quelques jours pourtant, j'ai remarqué que mon approche ne suscitait plus aucune émotion chez les mouches et que l'espace aérien autour du vinaigrier était incroyablement calme lorsque je tirais du vinaigre. Alors que je me réjouissais de la disparition des diptères et m'interrogeais très très vaguement sur la cause, ma blonde a presque mis le doigt, au sens propre, sur l'explication.
En fait, la biodiversité du vinaigrier venait de s'enrichir d'une nouvelle espèce. Un pholque phalangide (Pholcus phalangioides) avait mis la table autour du vinaigrier et élu domicile dans le bol destiné à recueillir le vinaigre. Des quatre espèces d'araignées qui vivent presque en paix à la maison, celle-là est certainement la plus discrète, mais apparemment pas la moins utile. Évidemment, sa contribution à l'harmonie de notre communauté a été récompensée par un droit perpétuel de siéger dans le bol et par une attention particulière de notre part pour minimiser son dérangement.
En fait, la biodiversité du vinaigrier venait de s'enrichir d'une nouvelle espèce. Un pholque phalangide (Pholcus phalangioides) avait mis la table autour du vinaigrier et élu domicile dans le bol destiné à recueillir le vinaigre. Des quatre espèces d'araignées qui vivent presque en paix à la maison, celle-là est certainement la plus discrète, mais apparemment pas la moins utile. Évidemment, sa contribution à l'harmonie de notre communauté a été récompensée par un droit perpétuel de siéger dans le bol et par une attention particulière de notre part pour minimiser son dérangement.
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