L'amour sur un compteur électrique

Avant de rentrer du jardin, nous jetons toujours un coup d'œil sur le compteur électrique; non pour contrôler notre consommation, mais pour saluer en passant la couleuvre qui s'y tient parfois. Situé à 2 mètres du sol, elle y grimpe par la clématite et vient probablement chercher la chaleur des briques chauffées par le soleil dans la journée. Cette fois-ci, elle avait un invité.
Avertissement: ce film s'adresse à un public averti. La supervision des parents est conseillée.

Oriole de Baltimore, Icterus galbula, Northern Oriole

Quelle fin de semaine !
D'abord, nos trois colibris sont enfin arrivés. Nous étions un peu inquiets; quand on pèse 3 grammes, la traversée du golfe du Mexique du sud au nord  n'est pas de tout repos, même si les plateformes pétrolières peuvent vous fournir une halte si les vents tournent.
Le Tyran huppé est arrivé lui aussi; à la même date que l'année dernière. Et puis, trois orioles de Baltimore, deux cardinaux à poitrine rose, une paruline à joues grises, les parulines à croupion jaune, une paruline à tête cendrée, une paruline noir et blanc, la paruline couronnée que nous n'avons pas vu mais dont le chant est si caractéristique (tipié, tipié, tipié) qu'on ne peut se tromper. Nous avons aussi entendu à plusieurs reprises le bourdonnement de la paruline bleue (zeur zeur zeur zriiii). Mais surtout, nous avons eu la visite de la paruline à calotte noire. Magnifique ! C'est une régulière, mais nous ne l'avions pas vu depuis 2 ou 3 ans. 
Enfin, nous avons la chance d'habiter sur la route qu'empruntent les grandes aigrettes pour se rendre de leur colonie des rapides de Lachine à une aire d'alimentation pas très loin de chez nous; ce qui fait que tous les matins et tous les soirs en sens inverse, nous en voyons passer au-dessus de la maison...quand elles sont de retour évidemment. Et elles sont de retour.

Quiscale bronzé, Quiscalus quiscula, Common Grackle

La famille des ictéridés, dont fait partie ce quiscale, est exclusivement américaine. Elle regroupe 108 espèces dans 27 genres, réparties dans les trois Amériques. Au Québec, on peut voir le quiscale bronzé, le quiscale rouilleux, le vacher à tête brune, le carouge à épaulettes, le goglu des prés, la sturnelle des prés, l'oriole du nord (ou de Baltimore, il a si souvent changé de nom que je ne sais plus) et, si on est chanceux, un carouge à tête jaune égaré et et un oriole des vergers tout aussi perdu. 
Malheureusement, le quiscale bronzé, et quelques autres "oiseaux noirs" comme la corneille d'Amérique ne sont pas les bienvenus dans la Belle Province. Une vieille loi provinciale permet en effet à quiconque de les tuer entre le 1er juillet et le 30 avril, uniquement parce qu'ils sont considérés comme des nuisibles.
Je suppose que le qualificatif "bronzé" fait référence à la couleur de sa tête. Comme quoi, le spectre du bronze semble relativement étendu: du rouge fin-de-coup-de-soleil au bleu métallique.

Geai bleu, Cyanocitta cristata, Blue Jay

Le jour, tous les oiseaux des alentours viennent boire et se baigner dans le bassin. Aussi, a-t-il été aménagé pour leur faciliter la tâche. Le bassin supérieur, plus petit, est entouré de perchoirs naturels qui constituent une étape indispensable pour s'assurer de l'absence de prédateurs avant le moment de distraction et de vulnérabilité que représente le bain. Dans l'eau, avant la chute vers le grand bassin, une pierre plate descend en pente douce pour que chaque oiseau puisse trouver profondeur à sa taille.
J'avais pour projet de filmer toutes les espèces qui  fréquentent l'endroit. Premier essai, brut de décoffrage, avec le geai bleu. La journée était ensoleillée et les couleurs saturées, un traitement d'image eut été indiqué. Une prochaine fois !
Juste un mot avant de finir. Notez le son que produit le geai sous la douche: can it get satisfaction ?  
Ah oui,  j'oubliais. La nuit, l'oasis de banlieue est aussi un rendez-vous pour les mammifères nocturnes. Nous y avons déjà surpris Goupil et son larron laveur. Une autre prochaine fois.   

Cerf de Virginie, Odocoileus virginianus, White-tailed Deer

L'espace du cariacou se quadrille et s'amenuise, mais le temps, la nuit, lui appartient encore.
Là où hier après-midi je marchais, cette nuit les cerfs broutaient. Il y a, à cet endroit, un tapis de carex qu'une paresse chronique m'a empêché d'identifier.
Mais, puisque des cervidés s'y intéressent, la curiosité du dernier échelon des primates (où devrais-je dire des hominidés dans un respect de la hiérarchie qui ne me ressemble pas) est piquée au vif. Dernier, dans le sens de nouveau-né, mais pas nécessairement d'ultime. Quoiqu'au train où vont les choses...  
S'ils m'en laissent un peu, je ferai un effort.

Moufette rayée, Mephitis mephitis, Striped Skunk

Enfin, la voilà ! Des points de passage dans le grillage qui entoure le jardin et les mousses du jardin retournées nous laissaient supposer qu'une moufette fréquente régulièrement le jardin à la recherche de petits invertébrés. Nous avions même laissé ouvert le terrier creusé l'année dernière par la marmotte en espérant que Miss Mephitis en prendrait possession. Il y a bien eu des tentatives d'aménagement ce printemps, mais pas de preuve formelle d'occupation.
Ce matin, en allant cueillir la caméra dans le jardin, le compteur de vue indiquait sept déclenchements. En dépouillant les vidéos, nous avons trouvé deux passages du même chat, un vieux baroudeur que nous avons surnommé "Gros Père", quatre déclenchements sans image et un avec la moufette. 
Nous avons maintenant la preuve qu'il nous fallait pour lui faciliter la visite en agrandissant les points d'entrée. C'est que nous n'avons pas hérité de cette aversion congénitale et irraisonnée pour l'animal. Le nom latin "exhalaison infecte", deux fois, est un brin exagéré. Certes, si vous la surprenez, elle ne vous parfumera pas au Chanel, mais je ne connais que des personnes qui ont un ami dont l'ami d'un ami a eu un chien arrosé par une moufette. Par contre, il nous est arrivé quelque fois de croiser sa route et nous n'avons jamais eu de problème. Si besoin est, il suffit de se signaler, de respecter une distance courtoise et chacun poursuit son chemin sans encombre.

La p'tite jaune

Cela faisait une semaine que nous arpentions le jardin en espérant rencontrer une des deux couleuvres qui l'habitent. Normalement, elles profitent des premiers rayons de chaleur pour se faire dorer l'écaille sur une pierre du bassin ou sur le bois du patio. Mais on ne sait jamais; il y a des couleuvres qui ne retrouvent jamais le chemin de la surface ou qui choisissent de rester dormir dans leur trou. Parce que tout le monde le sait; une couleuvre, ça ne meurt pas...de mort naturelle en tout cas ! La preuve, avez-vous déjà trouvé leur cadavre. Non, ça change de peau; un point c'est tout.
Toujours est-il que nous commencions à être inquiets de ne pas les avoir encore vues. Mais la couleuvre n'est pas pressée, elle connait bien sa météo et la dernière neige tardive de la fin d'avril lui a donné raison. Elle a donc attendu le dernier dimanche du mois pour se montrer. Comme d'habitude, c'est elle qui nous a trouvés. La p'tite jaune - parce qu'il y a aussi la grosse rouge - faisait une pause au soleil avant de faire la tournée de son terrain de chasse.
     

Prêle des champs, Equisetum arvense, Horsetail

La prêle est riche en silice (SiO2) et en acide silicique (Si[OH]4), la forme soluble dans l'eau. Outre ses usages thérapeutiques, elle était utilisée traditionnellement comme abrasif pour nettoyer la vaisselle. Aujourd'hui, elle est incorporée dans des préparations vendues pour prévenir l'ostéoporose et pour améliorer la santé des ongles et des cheveux.

Peuplier deltoïde, Populus deltoides, Eastern Cottonwood


Impossible de travailler aujourd'hui. Je loue ces propriétaires de VUS qui ont fait tourner leur moteur tout l'hiver dans les stationnements afin de nous offrir un printemps hâtif. Ils ont tellement bien fait que même l'été est en avance: 31° C, un 16 avril. Serait-ce le printemps le plus chaud du siècle ! Les professionnels du superlatif doivent être en train de consulter leur almanach  La météo se prête à une virée au bord du Saint-Laurent, d'autant plus que les radars nous annoncent des "flocks" migratoires. Alors, c'est décidé; aujourd'hui, ce sera école buissonnière. Il faut bien que quelqu'un accueille ces voyageurs du sud. Je débauche ma blonde et en route pour une virée au bord du Saint-Laurent dans le coin de Boucherville.

Comme l'un n'empêche pas l'autre, pendant que les oreilles répertorient les oiseaux, les yeux regardent pousser les fleurs. Qui parle de perte de temps !  Cela nous a permis de constater à quel point les bourgeons du Peuplier deltoïde (ou à feuilles deltoïdes) sont résineux et d'admirer quelques belles tiges fertiles de Prêle des champs.
Demain, après cette belle journée d'été, ce sera à nouveau le printemps !

Baie-du-Febvre

Il y a longtemps que nous n'étions pas aller à Baie-du-Febvre, une belle place pour y observer les oies des neiges en route vers  l'île Bylot, légèrement plus au nord. C'était frisquet, mais ça valait le détour. Nous y avons vu les oies, bien sûr, mais aussi la spécialité locale et rare au Québec, l'Érismature rousse. 
Dans le petit film qui suit, vous allez entendre son chant, qui ne vient pas à proprement parler du canard mais d'un enregistrement répété par un groupe de campeurs ventripotents qui se prenaient pour des photographes animaliers. 

Il ne manquait que la bière !
Si je devais voir les choses du bon côté, je dirais qu'il vaut mieux les voir avec un appareil photo qu'avec un fusil de chasse et qu'après tout, ces photographes-là savaient au moins ce qu'ils photographiaient puisqu'ils faisaient jouer le bon chant. Il y en a tellement d'autres dont la taille de l'équipement n'a d'égal que l'ignorance. Je me suis permis de mettre leur photo puisqu'elle est assez mauvaise pour qu'eux seuls puissent se reconnaître. 
Mais revenons à nos érismatures en pleine pariade. On commence par madame, sobre dans ses couleurs et dans son comportement, suivie par monsieur qui veut impressionner. 


Nous avons eu d'autres belles surprises. Par exemple, dans le dos des photographes, les champs s'étaient transformés en mini Grand-Nord; nous y avons observé une troupe de bruants des neiges, pardon de plectrophanes des neiges, un plectrophane lapon et deux Harfangs des neiges.

Le temps des sucres

Érable est un grand sensible; il pleure de joie au premier signe de réchauffement et rougit à la moindre contrariété. 

 

Les monstres du cabanon, prise 2

Laissez moi d'abord vous planter le décor.
À gauche, tout le monde aura reconnu des roues de vélo. Au sol et au milieu, immédiatement après le halo lumineux, trois tas de graines: du maïs à gauche, des graines de tournesol au centre et de carthame à droite. Au second plan, immédiatement après les graines, une roue plus petite, celle de la tondeuse, une non-motorisée s'il-vous-plait (respect de l'environnement oblige). À gauche de la tondeuse, une bobine de rallonge électrique pour les décorations de Noël (pas trop respectueuses de l'environnement) et le bricolage extérieur (perçage de trou dans les vieilles souches pour les abeilles). À droite de la tondeuse, une première pile de chaises de jardin blanches et juste derrière, une deuxième pile de chaises de jardin, mais vertes. De retour au centre, immédiatement derrière la tondeuse, des tuteurs pour les pieds de tomate; repérez les bien car ils vont avoir de l'importance pour la suite. Bon, je crois que j'ai fait le tour, il ne reste plus qu'à regarder. 
J'attire toutefois votre attention sur le fait, que la Souris à pattes blanches s'est faite une ou un ami, que son nid est au sommet de la pile de chaises vertes (nous l'avons trouvé et elle y va dans la vidéo) et qu'il y a peut-être une autre surprise dans l'entre-toit car, à un moment dans le film, on aperçoit une des souris qui emprunte le montant de bois plus pâle, en diagonale et en arrière plan.

Le monstre du cabanon: prise 1

Hier soir, j'ai inauguré mon dernier gadget: une caméra extérieure HD avec déclenchement infra-rouge et  prise de vue nocturne. C'est mon cadeau de noël, j'avais hâte de l'essayer, mais il fallait que j'attende des températures au-dessus de -10°C. Avec le redoux du faux-printemps de ces derniers jours, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller surprendre le monstre du cabanon en pleine action.
Je n'ai pas été déçu. Les 2 grammes de poils de la souris à pattes blanches ont commencé à s'agiter à 21:37 et sont partis se coucher à 6:21 le lendemain matin. Ce soir, je renouvelle l'expérience en modifiant le plateau de tournage afin de mettre un peu plus en évidence la vedette. Je devrais aussi être en mesure de donner un peu plus de détails chiffrés sur la fréquence des visites et la durée de son séjour dans le seau; lequel contient des graines de carthame normalement destinées au couple de cardinal rouge qui fréquente le jardin.
Ce qui est surprenant - mais en même temps ça ne l'est pas vraiment quand on connait un peu les animaux - , c'est la régularité du chemin que la souris emprunte pour rejoindre son nid, nid que nous avons trouvé dans une vieille couverte. Pour l'instant, elle semble seule mais les premiers souriceaux naissent vers la fin mars et, chaque printemps, quand nous nous ré-approprions le cabanon, il n'est pas rare de déloger 3 à 4 souris. 
Une histoire à suivre...

Souris à pattes blanches, Peromyscus leucopus, White-footed Mouse


Pour attraper une souris à pattes blanches, il faut:
  • un cabanon au fond d'un jardin,
  • un seau en plastique dans le cabanon au fond du jardin,
  • un sac en plastique au fond du seau dans le cabanon au fond du jardin,
  • des graines de carthame dans le sac en plastique au fond du seau dans le cabanon au fond du jardin.
Et surtout, ne pas sursauter quand vous plonger la main dans le seau.
Elle est pas "cute" ? On se doutait bien qu'elle venait; elle a laissé traîner des écales par-ci, par-là. Finalement, comme tous les ans, on l'a laissée dans les graines et on lui a ajouté une touffe de coton jusqu'au printemps.


Échange de bons procédés

Tous les ornithophiles du Québec connaissent le magazine Québec Oiseaux. Édité depuis 1989 par le Regroupement Québec OIseaux, c'est un magazine trimestriel de 52 pages en  couleur, beau et rempli d'informations.
En plus, dans le dernier numéro, celui du printemps 2012, Camille Dufresne y décrit joliment le jardin d'où sont tirées plusieurs observations de ce carnet. Vous comprendrez alors pourquoi je n'ai pas pu m'empêcher d'en parler. 

Des mésanges, une sittelle et moi


L'hiver, une ou deux familles de mésanges s'allient avec quelques sittelles, seules ou en couple, et quelques autres insectivores pour patrouiller leur territoire à la recherche de nourriture. 
Il n'est pas difficile de se joindre à la troupe. Le paiement se fait en graines de tournesol et la représentation dure autant que vous le voulez, jusqu'au printemps si vous êtes patients. Après les artistes se disperseront, le temps d'accroître leurs effectifs.    


Wapiti, Cervus elaphus canadensis, Elk


À Jasper (Alberta), pas de radars. Sur les routes, le wapiti est roi et le rut fait loi.
Il fut un temps pas si lointain où "Croupion blanc", comme l'appelle les algonquins, habitait toute l'Amérique du Nord et l'Asie. Aujourd'hui, ses effectifs ont considérablement diminué. Au Québec, on ne s'en souvient même plus.
On a longtemps considéré qu'il était une sous-espèce du cerf d'Europe, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), jusqu'à ce que les phylogénéticiens lui confèrent le statut d'espèce à part entière.

Cartes postales d'Alberta

Difficile de s'échapper de l'Alberta: à l'ouest, votre horizon est barré par les Rocheuses; à l'est vos aspirations sont ancrées dans la terre et son exploitation.
Mais après tout, pourquoi le voudrait-on ? Il y en a ici pour tous les goûts. La montagne fait glisser le touriste sportif. La plaine cultive ses céréales et se vide de son pétrole. Les naturalistes, quant à eux, se satisfont de tout...enfin de ce qu'il reste.
Coté Montagne, comment passer à côté du fameux lac Louise ? La réponse est simple, il suffit de s'arrêter au lac Peyto, qui doit son nom au trappeur Ebeneze William Peyto. L'eau y est tout aussi turquoise et le site est grandiose. Une preuve que la roture peut rivaliser avec la noblesse pour atteindre la majesté. La zone de transition entre le glacier et le lac, un mini sandur s'y j'en crois la définition du terme, ajoute à l'intérêt géologique du décor. Pour ceux qui s'interrogeraient sur la couleur de l'eau, elle vient des particules minérales que celle-ci arrache à la montagne. Elles absorbent une partie du spectre solaire pour ne nous renvoyer que le turquoise. Sans rancune !


Côté plaine, les valeurs s'inversent. Être sur le plat, c'est être en haut et pour voir quelque chose, il faut baisser les yeux. L'eau se cache au fond des canyons. Aller à sa rencontre, c'est remonter le temps et risquer de se trouver nez à nez avec un dinosaure.



Albert'eau


L'eau finit-elle toujours par rejoindre l'océan ? Quand elle coule sur le versant est des Rocheuses, ça peut être long. 

Scolytes

Les scolytes sont une famille d'insectes xylophages. Ils pondent leurs oeufs sous l'écorce des arbres ou dans le bois selon les espèces (la petite dépression verticale au centre des motifs). Après l'éclosion, les larves s'éloignent du lieu de ponte en se nourrissant du bois (les glyphes centrifuges).
J'imagine que celles qui ont sillonné l'écorce terrestre à Nazca (Pérou) étaient juste un peu plus grosses.

Lasius minutus

Une promenade dans un secteur différent du Boisé du Tremblay (Longueuil, Québec) m'a permis d'observer une belle colonie de Lasius minutus, à en juger par le nombre et la taille des fourmilières.
Chutttt. Laissons les dormir !

Arboretum Stephen-Langevin

Les observateurs d'oiseaux appelaient l'endroit "La Saulaie" à cause du restaurant du même nom qui le jouxtait. À en juger par les fondations de quelques bâtiments et l'agencement des nombreuses essences d'arbres exotiques qu'on y trouve, l'endroit a une origine anthropique. Combien de temps a-t-il été abandonné ? Je ne saurais le dire, mais la végétation en a profité, et la faune aussi. J'ai déjà eu le plaisir d'y observer quelques petites Nyctales et des Hiboux moyen-ducs. Des Grand-ducs d'Amérique y ont niché. À l'époque - il n'y a même pas une dizaine d'années - leur découverte se méritait car les arbres savaient les protéger.
Aujourd'hui, sous la menace des promoteurs immobiliers, je crois, et la contrainte des écologistes, la ville de Boucherville a décidé d'en faire un parc. Nous y sommes retournés récemment. Qu'il a souffert !
L'homme en a repris possession. Il a marqué son territoire; à l'entrée, un panneau signale qu'il s'agit de l'arboretum Stephen-Langevin, peut-être en l'honneur de ce qu'il a été. Son aménagement a débuté. Persuadé qu'ouvrir un horizon lui donnera de la profondeur de vue, l'homme coupe. La haie de Thuya, jadis si fournie, a été nettoyée. Elle est devenue fantomatique. Et, j'ai peu de doutes sur le sort réservé aux colonies de verge-d'or voisines, probablement du gazon à pique-nique.
En passant, nous n'avons trouvé aucun représentant des strigidés. Mais les hordes d'observateurs d'oiseaux et de photographes peu respectueux se sont chargés de les écarter bien avant les paysagistes. Par contre, nous y avons vu un grimpereau brun (ça faisait longtemps) et un groupe de merles d'Amérique qui se poursuivaient à travers les branches d'un pommetier, le seul qui portait encore ses fruits (va savoir pourquoi).

Saussurée dense, Saussurea nuda ssp densa, Purple Hawksweed

La saussurée, comme toute plante alpine qui se respecte, aime les hauteurs. Celle-ci a été trouvée sur les pentes rocheuses du Mont Whistler (Alberta) au mois de septembre. Elle y vit en compagnie des picas et de quelques lichens, bien au dessus de la ligne des arbres. Elle doit son nom à Horace-Bénédict de Saussure, un naturaliste né dans les Alpes en 1740 qui a identifié les premières espèces du genre.
Sans l'aide de Kim Forster, la, ou une, gestionnaire de l'information du Parc national du Canada de Jasper, elle me serait restée inconnue.


Sources thermales de Miette

Au bout de la route qui mène à Pocahontas, au fond d'une petite vallée des Rocheuses canadiennes, jaillissent de la montagne des sources d'eau sulfureuse. À la vitesse de 800 litres par minute, elles sortent au pied du bien-nommé Mont Sulphur à des températures pouvant atteindre 54°C. Ces eaux de ruissellement se sont réchauffées et chargées de minéraux en s'enfonçant dans le sous-sol à travers une ancienne faille.
Les amérindiens les ont indiquées aux colons de passage, lesquels leur ont trouvé des vertus curatives et ont fini par y construire des piscines où barbote le touriste. Aujourd'hui, les eaux sont conditionnées; refroidies, filtrées et débarrassées de l'odeur d’œuf pourri, caractéristique du sulfure d'hydrogène. Bref, elles ont perdu de leur charme. Mais, tout espoir de nature n'est pas perdu et en empruntant le sentier qui serpente dans l'étroit canyon creusé par le ruisseau Sulphur, vous tomberez d'abord sur les ruines de l'ancienne station balnéaire. Si l'heure est propice, si vous êtes réceptif et un brin romantique, vous pourrez peut-être y apercevoir le fantôme d'une élégante anglaise à chapeau se trempant le bout d'un pied dans la piscine aujourd'hui à sec.
Si la conversation ne vous intéresse pas, poursuivez sur le chemin et vous trouverez l'eau sauvage, odorante et chaude. En retrouvant l'air libre, elle dépose son chargement de souffre avant de rejoindre le courant.  

Bison d'Amérique, Bison bison, Bison

De retour dans les plaines d'Alberta. D'abord on aperçoit les bisons, impressionnants. Ensuite, on remarque les barbelés. L'animal sauvage et libre qui faisait vibrer les prairies de l'Amérique du Nord devient alors du bétail qui se souvient de son passé glorieux et compte ses derniers jours dans des réserves. Il n'y a place que pour un rêve, celui de l'américain blanc.

Hermine ou Belette ?

Petite promenade au parc du Mont-Saint-Bruno (Québec) par une belle matinée ensoleillée (-6°C) sans vent. La neige est fraîche de cette nuit et nous sommes les premiers humains à passer par là; ce qui nous donne l'opportunité d'en savoir un peu plus sur la faune locale: Écureuil gris, Renard roux, Souris sylvestre ou à pattes blanches. Nous trouvons aussi deux pistes intéressantes parce que nouvelles pour nous. Les traces de pattes groupées à intervalle régulier indique que l'animal progresse par bond. La traînée entre les pattes est laissée par sa queue. Il s'agit probablement d'une hermine ou d'une belette. L'autre piste que nous avons croisée pourrait être celle d'un coyote ou d'un gros chien errant, difficile à dire. 

Pic flamboyant, Colaptes auratus, Northern Flicker

Cette vidéo, faite à bout de bras et de zoom, est mauvaise mais sa qualité sera suffisante pour illustrer le propos; à savoir qu'il existe au moins deux sous-espèces de Pic flamboyant au Canada.
La sous-espèce Colaptes auratus luteus se rencontre dans tout le Canada. Les oiseaux se distinguent par une bande horizontale rouge vif derrière la tête, par des moustaches noires chez le mâle et par de magnifiques plumes dorées dans les ailes et la queue, visibles en vol ou lorsqu'il en fait cadeau comme ici.


La sous-espèce Colaptes auratus cafer ne se voit que dans l'ouest des États-Unis et du Canada, à partir des plaines de l'Alberta. Elle se reconnait à l'absence de bandeau derrière la tête, aux moustaches rouges du mâle et à la couleur rouge orangée des ailes et de la queue.

Grand Corbeau, Corvus corax, Common Raven

Lorsqu'on voit un gros oiseau noir, perché ou en vol, le premier réflexe est de dire que c'est un corbeau. Et, la plupart de temps, on se trompe, en tout cas dans la région de Montréal. Il est bien plus probable qu'il s'agisse d'une Corneille d'Amérique (Corvus brachyrhynchos). Certes, les deux sont noirs et les deux appartiennent à la famille des corvidés. Mais, ce sont bien leurs seuls points communs et, si on prend le temps de les regarder,  il devient difficile de les confondre.
La taille d'abord; le corbeau est plus gros que la corneille; un critère qui ne vaut pas grand chose tant que les deux espèces ne sont pas côte à côte. D'autant plus qu'une grosse corneille est à peine plus petite qu'un corbeau malingre.
Le chant, ou plutôt le cri, est un meilleur indice: : le corbeau  roule les R et a la voix un peu plus grave que les corneilles . Attention quand même, le Corbeau peut imiter la Corneille, mais pas l'inverse.
En vol, il faut regarder la queue. Celle du corbeau dessine nettement un losange tandis que celle de la corneille a une forme rectangulaire lorsqu'elle est fermée ou d'éventail lorsqu'elle est étalée.
Quand l'oiseau est perché, le bec du corbeau est beaucoup plus fort; à tel point que son front parait fuyant. Les vibrisses, les petites plumes autour du bec, sont souvent hérissées et plus apparentes chez le corbeau. Les plumes de sa gorge et de sa poitrine, aussi, sont souvent hirsutes.

Mouflon d'Amérique, Ovis canadensis, Bighorn Sheep

Dans les Rocheuses canadiennes, quelque part entre Banff  et Jasper, un groupe de brebis, d'agneaux et de jeunes béliers de la sous-espèce canadensis. Nous sommes en septembre et les mâles ne reviendront se joindre à la bande qu'en novembre, pour le rut.

L'oeil américain

Vous roulez sur une autoroute, à travers les Rocheuses, attentifs aux autres automobilistes, participez à la conversation de vos passagers et soudain, vous vous rangez sur le bas-côté. Vous sortez du véhicule, votre paire de jumelles à la main pour partager le spectacle que vous offre un Pygargue à tête blanche, trônant sur son arbre.
C'est ça, "avoir l'oeil américain". Heureusement, ce sens ne s'est pas éteint avec le Dernier des Mohicans. Il continue à se transmettre. Et, partout où il reste de la nature, vous trouverez toujours quelques "américains" pour vous la faire rencontrer.   


Écureuil roux, Tamiasciurus hudsonicus, Red Squirrel

En se promenant en forêt, on tombe souvent sur des copeaux et des trognons de pommes de pin, rassemblés au pied d'un arbre ou sur une vieille souche. Nous savons tous pertinemment qu'il s'agit des restes du repas d'un écureuil. Mais, si certains en doutaient encore, en voici un qui épluche méthodiquement son cône pour atteindre les graines à la base de chaque écaille.


Houx verticillé, Ilex verticillata, Common Winterberry

 
C'est tellement agréable de se promener dans les bois en automne: plus de moustiques, le bruit des feuilles mortes qui craquent sous les pas, le Iciii des mésanges à tête noires qui appellent le reste de la bande et, pour les yeux,  le houx qui a sorti ses décorations de Noël. 
C'est la seule espèce indigène du Canada et ce n'est pas pour rien qu'il garde ses baies; elles sont toxiques.

Tamia mineur, Tamias minimus, Least Chipmunk

Le partage de l'Amérique du Nord a fait l'objet de discussions houleuses chez les tamias. Les tamias rayés se sont attribués l'est du continent, laissant aux tamias mineurs l'ouest et ses montagnes, qu'ils n'ont d'ailleurs pas encore réussi à franchir. Mais les mineurs, mécontents, n'ont jamais abandonné l'espoir de tremper leurs pattes dans  l'Atlantique. Pour l'instant, leur conquête de l'Est s'est arrêté à l'Ontario, où ils côtoient les rayés. Un peu plus petits que leurs congénères orientaux, ils sont aussi un peu plus rayés. 


Bernache du canada, Brenta canadensis, Canada Goose

Jasper (Alberta), deuxième quinzaine de septembre, les bernaches commencent à redescendre dans le sud en empruntant la voie pacifique des grandes routes migratoires d'Amérique du Nord.
Si le vol est relativement sécuritaire malgré les chasseurs, les lignes électriques à haute tension, les champs d'éoliennes et les autres obstacles dressés par l'homme, l'escale de ravitaillement obligatoire expose le groupe - probablement une famille - à plus de danger. Heureusement, la vigie prend son rôle au sérieux.   

Pika d'Amérique, Ochotona princeps, Pika

Le Pika, une boule de poils d'une quinzaine de centimètres environ, vit en montagne, au-dessus de la ligne des arbres, dans les coulées d'éboulis. Il se nourrit de lichens et des plantes rases typiques de ce type de paysage.
Vestige de l'Oligocène ou de l'Éocène (il ne s'en souvient plus très bien lui-même), le genre Ochotona est le dernier rameau vivant de la famille des Ochotonidés. Il existait un autre genre monospécifique en Europe, qui s'est éteint au dix-huitième siècle avec la mort de son dernier représentant, Prolagus sardus ou Pika sarde. Les plus proches parents des Pikas sont le lièvre et le lapin qui appartiennent à la famille des Léporidés.
Plusieurs espèces de ce lagomorphe (ordre des mammifères qui regroupe les pikas, les lapins et les lièvres) fréquentent encore le monde; toutes sont confinées aux régions froides. En Amérique du Nord, on trouve le Pika d'Amérique dans les Rocheuses américaines et canadiennes, ainsi que le Pika à collier, vers l'Alaska.

Spermophile à mante dorée, Spermophilus lateralis, Golden-mantled Ground Squirrel

Le berceau des sciuridés doit être à l'ouest du Canada. Il y en a pléthore là-bas; de tous les genres: des marmottes, des tamias, des écureuils et même des spermophiles. Attention ! Étymologiquement parlant, spermophile signifie "qui aime les graines". Ha ben, c'est presque ça  (aparté grivois qui ne signifie rien pour la francophonie hors Québec) !
À force de soulever de la poussière, la mante dorée de ce spermophile a perdu de son éclat.  

Pic à dos rayé, Picoides dorsalis, Three-toed Woodpecker

En Amérique du Nord, deux pics ont une tache jaune sur le front: le pic à dos rayé et le pic à dos noir...à condition que ce soit des mâles. Pour distinguer les deux espèces, c'est facile; on regarde leur dos. S'il est noir, ce n'est pas un pic à dos rayé (faudrait pas que ce soit trop facile).  S'il est rayé, c'est un pic à dos rayé. Si le blanc l'emporte sur le noir et estompe les rayures (comme celui-ci), alors c'est un pic à dos rayé des Rocheuses.
Le pic à dos rayé fréquente de préférence les forêts de conifères, et plus particulièrement, celles qui ont brûlées. Il y trouve sa nourriture, des longicornes attirés par les brûlis.
L'absence de trépied, l'éloignement de l'oiseau et l'âge excuseront-ils le mouvement de la caméra ?

Belette à longue queue, Mustela frenata, Long-tailed Weasel

Dans le jargon des ornithologues, on appelle ça un "lifer"; ce qui pourrait se traduire par "je n'en reviens pas; de toute ma vie, c'est la première fois que j'en vois."
Pourtant, la belette à longue queue n'est pas rare et c'est, avec l'hermine, le mustélidé qui occupe le plus vaste territoire en Amérique du nord, aussi bien du nord au sud que d'est en ouest (la distribution de l'hermine est plus nordique). Évidemment, ses activités, principalement nocturnes, limitent les chances de l'observer, mais un seul pont à des lieues à la ronde crée forcément des rencontres.
Ha, j'oubliais ! Il faut aussi regarder et écouter, pas seulement voir et entendre. J'ai l'impression que le coureur qui a mis fin à la rencontre ne faisait ni l'un, ni l'autre.

Pie d'Amérique, Pica hudsonia, American Magpie

Sans indication géographique, il est impossible de dire si la scène se passe en Europe ou en Amérique du Nord, tant la Pie bavarde (Pica pica) ressemble à la Pie d'Amérique (Pica hudsonia). Au jeu des différences, je donne ma langue au chat. D'ailleurs, beaucoup prétendent qu'il s'agit de deux sous-espèces et que l'européenne aurait colonisé l'Amérique en passant par la Chine et le détroit de Behring; ça vous rappelle quelque chose ?
Pour lever toute ambiguité, celle-ci est nord-américaine, canadienne plus précisément, et de l'ouest puisqu'elles ne fréquentent que cette région. Je ne sais pas si elle est aussi voleuse que sa congénère européenne, mais les deux jacassent, c'est officiel.