L'intelligence au service du gazon

En banlieue, vous savez à quel point on aime nos pelouses. Au printemps, on les resème et on les engraisse. En été, on les tond et on les arrose de pesticides. Et depuis une dizaine d'années, dans mon quartier, en automne, on les abrille pour les protéger des sels de déglaçage. 

Ça ne sert à rien, c'est juste drôle.

Créez votre proverbe

À partir de la fin décembre, on a toujours une petite troupe de cerfs de Virginie qui passe ramasser les graines tombées des mangeoires.  Cette année, cela fait une semaine que nous avons commencé à les voir. Mais comme on dit: "Cerfs aux mangeoires, neige à pleuvoir" à moins que ce soit "Cerfs aux mangeoires, gel à prévoir".

C'est écrit dans la marge

L'année dernière, à peu près à la même époque, je manifestais avec quelques résidents du quartier pour arrêter des travaux visant à faire passer un boulevard dans un milieu protégé. Nous réussîmes à faire stopper le projet, mais pas à empêcher la destruction du milieu.

Comme il était vaguement question de contraindre le promoteur à restaurer le milieu, j'y suis retourné récemment pour constater l'état des lieux sans trop me faire d'illusion. 

Sans surprise, rien n'a changé après un an. L'artificialisation des sols a été telle que même la végétation a du mal à recoloniser l'endroit. Quant à la faune, celle qui a survécu, on pourrait croire qu'elle a fui. Pourtant, si on s'affranchit du cadre et des perspectives où la rectitude s'impose et si l'on sort du sentier battu pour s'attarder dans la marge, la vie est là, à l'état de traces.

Dans les fossés, il y a souvent un peu de boue pour retenir les pas.   
Ici, probablement un raton laveur 
Et là, un cerf de Virginie avec les deux doigts du sabot surmontant les deux ergots.