Faire la vaisselle...

À la maison, faire la vaisselle n'est pas une corvée, mais plutôt un prétexte pour s'évader dans le jardin par la fenêtre au-dessus de l'évier. C'est l'occasion de mesurer le passage des saisons et de surprendre l'intimité des habitants du lieu. 

En ce moment, le populage des marais se dépêche de fleurir avant que les fougères le fassent disparaitre sous l'ombre de leurs frondes, trois colibris mâles se disputent le jardin en écrivant des U dans le ciel et je viens de constater l'arrivée de la première femelle à la mangeoire. 

De gauche à droite, derrière les pierres du bassin et sur fond de boisé du Tremblay : les crosses filiformes et pourpres de la capillaire du Canada, les frondes vertes de la matteucie fougère-à-l'autruche, le populage des marais et le polystic faux-acrostic, juste devant lui.

Une nouvelle venue

Il y a une semaine, en faisant le tour du jardin, j'ai trouvé trois spécimens d'une nouvelle espèce de plantes à fleurs. J'attendais qu'elle fleurisse pour l'identifier; c'est fait. Il s'agit d'Omphalodes verna, ou  Omphalodes du printemps, ou encore Petite bourrache printannière. C'est une jolie petite vivace de la famille des boraginacées.

Je ne sais pas comment elle est arrivée là: une défécation d'oiseau, le vent, la semelle de nos souliers voyageurs ou un réveil de semences depuis longtemps endormies (on parle d'au moins vingt-cinq années depuis notre acquisition de la maison). Toujours est-il qu'elle est originaire des sous-bois européens et qu'elle s'est naturalisée en Amérique du Nord. 

Comme elle commence à fleurir à une saison qui manque encore cruellement de couleur, je la laisse pour l'instant. Mais attention, contrairement à elle, je ne suis pas né de la dernière pluie: cette façon d'apparaître brusquement et en nombre me laisse penser qu'elle pourrait facilement devenir envahissante. Je la garderai donc à l'oeil - ce qui n'est pas déplaisant. 

Tout le monde est là

Colibri à gorge rubis

Enfin presque ! Il ne manque plus que le cardinal à poitrine rose, probablement retenu par quelque événement extraordinaire, et le tyran huppé, probablement occupé à imposer des tarifs douaniers outranciers. On n'attend plus que leur arrivée pour commencer l'été. 

En attendant, notre colibri est obligé de partager sa mangeoire avec deux orioles ; ce qui n'est pas du tout, mais alors pas du tout, de son goût. Mais rien ne l'arrête et les trente grammes de l'oriole ne peuvent rien contre les trois du colibri, aussi teigneux qu'habile dans le combat aérien.    

Oriole de Baltimore