Fête du Canada

Le premier juillet correspond à la fête du Canada et au traditionnel déménagement des locataires québécois dont les baux annuels se terminent. C'était donc pour moi une excellente occasion de déménager les moufettes qui avaient décidé de squatter le sous-sol de notre cabanon.

Je dois préciser qu'à la vue du tas de terre fraichement excavée, j'avais d'abord pensé à une marmotte et que j'ai été bien surpris et embarrassé quand j'ai constaté que le piège (non léthal) avait attrapé deux jeunes moufettes et qu'une troisième tournait autour. En effet, comme tout le monde le sait, les moufettes, bien qu'inoffensives, possèdent une arme dissuasive très efficace qui consiste à asperger leurs assaillants d'un liquide nauséabond et tenace.

Personnellement, en tant que scientifique attaché aux résultats expérimentaux, j'ai plusieurs fois tenté de déclencher le jet tant redouté en les poursuivant en nature... en vain. Il m'est aussi arrivé d'en surprendre, autant que d'être surpris, et les rencontres, même très proches, se sont toujours bien déroulées. J'en suis donc arrivé à la conclusion que les moufettes étaient des animaux extrêmement tolérants et pacifiques. En leur présence, il suffit en fait de rester calme et de ne pas faire de gestes brusques. Et effectivement, encore une fois, le déménagement dans le bois derrière ma clôture, s'est passé sans anicroches, malgré le stress de l'emprisonnement temporaire et ma promiscuité avec l'animal. 

Au bout du compte, j'ai déménagé quatre charmantes locataires, et ce malgré le fait que j'ai toujours prétendu vouloir en héberger une. C'était avant de savoir que ces animaux préfèrent vivre en communauté. Malheureusement, notre jardin est trop petit pour en accueillir quatre et c'est bien dommage, car l'extension du territoire humain et l'intolérance, voire l'hostilité (non fondée, je le répète) de mes compatriotes à leur égard, font en sorte qu'il est de plus en plus difficile pour les moufettes de trouver leur place. 

Vivement les métavers !

À la vue de cette base de "disc golf" soigneusement désherbée, recouverte de gravillons et d'un carré de gazon artificiel au beau milieu d'un pré du parc des étangs Antoine-Charlebois, j'en suis venu à souhaiter l'avènement de ces univers virtuels dans lesquels ces amateurs de frisbee pourront enfin pratiquer leur activité dans un monde sans moustiques, sans trop de soleil, sans herbe qui chatouille les mollets, sans boue qui salit les chaussures et sans aspérités qui pourraient les faire trébucher.

Ce jour-là, ceux qui aiment la nature telle qu'elle est pourront enfin en profiter.   

Une histoire de chasse

Il y a deux semaines, quelque part dans le boisé du Tremblay, j'avais repéré un terrier de rat musqué au bord d'un ruisseau anonyme. Son entrée est submergée, mais un rond incongru dans une eau au demeurant stagnante m'avait mis la puce à l'oreille. Finalement, après quelques minutes d'attente pour en avoir le cœur net, l'habitant avait fini par se montrer. 

Depuis, quand je passe par là, je jette un œil au cas où. Il y a trois jours justement, je m'en approchais avec ma blonde. Allant voir en éclaireuse, elle m'a lancé un "il est là", puis un "ah non, c'est autre chose" qui m'a fait presser le pas. En arrivant, j'ai d'abord vu beaucoup d'agitation dans l'eau et un jeune rat musqué pas très habile en natation, un flotteur plus qu'un nageur. Soudainement, un autre animal s'est approché de lui à la nage. Trop occupé à essayer de l'identifier, je n'ai pas trop compris ce qui se passait alors. Après coup, je comprends que le juvénile venait de se faire attaquer par un vison d'Amérique. Ensuite, le vison m'a vu et le rat musqué a profité de l'hésitation de son prédateur pour plonger dans son terrier. 

Le vison n'a pas renoncé pour autant. Il s'est mis à arpenter les berges en amont et en aval, tantôt à la nage, tantôt à gué, à la recherche de sa proie. Le manège a duré ainsi pendant une bonne quinzaine de minutes, jusqu'à ce que, d'un seul coup, il se fasse charger sur la berge par un rat musqué beaucoup plus gros que lui, probablement l'un des parents. Il y a eu un bref moment de chahut dans les hautes herbes, puis tout le monde a disparu.