Trois façons de voir le sureau


Le sureau est en fleur. Les plus contemplatifs se contenteront de le regarder s'illuminer au soleil et attendront l'automne pour cueillir les baies que les oiseaux en route pour le sud auront bien voulu laisser. Légèrement âpres, sucrées et acides, elles sont délicieuses dans la compote de pommes, une tarte, un clafoutis ou un autre dessert à pâtes. Pour les faire prendre en gelée, se lever de bonne heure ne suffit pas, il faut leur fournir la pectine qu'elles n'ont pas. Et si la gelée ne prend pas, le jus peut aromatiser plein de choses.
Les plus courageux ou les plus indifférents à la floraison du sureau cueilleront les fleurs et les feront frire après les avoir trempées dans la pâte. Il faut aimer la friture parce que les fleurs ne goûtent pas grand chose, pour ne pas pas dire rien.
Les plus prévoyants et les plus fragiles les prépareront façon "carnet d'herboriste" en prévision de la saison du rhume. Il leur faudra aussi une bonne dose de foi car s'il existait un remède efficace contre le rhume, ça se saurait depuis le temps. À la rigueur, on peut soulager ses symptômes, mais rien dans le sureau ne semble prévu pour ça. Et pour ce qui est de le prévenir comme certains le prétendent, pourquoi pas mais pour être vraiment efficace, il faudrait le voir arriver. On peut toujours boire des tisanes de fleurs; elles sont très bonnes, elles.   

Le lézard sans nom


En tout cas en français, parce qu'en latin c'est Holbrookia propinqua et Keeled Earless Lizard en anglais Pourtant les plages du Mexique et du Texas où il vit sont aussi éloignées de Rome que de Paris, je ne comprends pas.
Avec ce petit lézard d'une dizaine de centimètres, le seul danger est de s'asseoir dessus quand on va se faire bronzer à la plage. Heureusement, il est vif comme l'éclair. S'il vous fait un clin d’œil en guise de salut, ne lui renvoyez pas car il risque de profiter du vôtre pour disparaître.
Allez, souris, t'es filmé !      

Aujourd'hui, je vous montre mon tatoo

Si je ne l'avais pas encore fait, ce n'est pas par pudeur, mais parce qu'il n'est pas très réussi; on le devine plus qu'autre chose. C'est ce qui arrive quand on voyage léger et qu'on se fie au hasard pour faire des rencontres. Pas de cache, pas d'appât, pas d'embuscade, rien de provoquer, que du naturel !
On pose un pied devant l'autre sans faire trop de bruit, les sens aux aguets; on se laisse guider par un rocher, un vieil arbre tordu un peu plus loin, une fleur plus colorée que les autres, un chant d'oiseau qu'on ne connait pas. Les prétextes ne manquent pas. Parfois, ça se passe à deux pas de chez vous. Cette fois-ci, c'était au bord d'une route du Texas.



Le tatou à 9 bandes (Dasypus novemcinctus) est vraiment un animal étrange. À première vue, on peut avoir du mal à le situer dans le règne animal. C'est pourtant bien un mammifère. Il est de la famille des dasypodidés, qui compte 21 espèces réparties en 9 genres.

Photo de Jerry Segraves
Sous licence CC BY 2.0 via Wikimedia Commons.


Photo de Cliff
Sous licence CC BY 2.0 via Wikimedia Commons
Tous les membres de cette famille habitent l'Amérique du Sud, parfois dans des zones très restreintes; certaines espèces s'aventurent un peu plus au nord; c'est le cas du tatou à neuf bandes dont l'aire de distribution s'étend jusqu'au centre des États-Unis.
Toutes les espèces ont en commun d'être protégées par une carapace constituée de plaques osseuses recouvertes d'une couche cornée. Le nombre et l'organisation des plaques varient d'une espèce à l'autre; ce peut être des écailles contiguës ou, comme dans le cas du tatou, des bandes imbriquées les unes dans les autres et liées entre elles par des replis de peau.   
Cette armure n'est pas la seule originalité du tatou. Le mode de reproduction est lui aussi assez particulier. Chez le tatou à neuf bandes, 1+1 donne toujours 4. C'est une véritable usine à clones.
En effet,  l'ovule, une fois fécondé, se scinde en quatre œufs qui donneront quatre embryons génétiquement identiques. Ce phénomène, qui s'appelle la polyembryonie, est assez rare chez les mammifères. Chez l'humain, elle conduit à la formation de jumeaux identiques, mais elle est accidentelle et ne produit pas plus de deux individus.