Un 26 juillet sur le Western Brook Pond (Terre-Neuve)



Le Western Brook Pond fait partie d'une série de grands lacs alignés perpendiculairement à la côte ouest de Terre-Neuve. Si aujourd'hui, il correspond bien à la définition d'un lac ou d'un étang puisqu'il est coupé de la mer (le golfe du Saint-Laurent en l'occurence), le terme semble péjoratif pour désigner cette étendue d'eau longue d'une quinzaine de kilomètres, profonde de 150 mètres et bordée par des falaises de 600 mètres de hauteur.
Il s'en faut de peu - peut-être un léger réchauffement climatique comme nous savons si bien les faire - pour qu'il retrouve le statut de fjord qu'il a perdu quelques millénaire auparavant. Je ne sais pas exactement quand ses congénères et lui ont cessé d'être des fjords. Par contre, j'ai appris qu'il y a 12000 ans environ, alors que le golfe du Saint-Laurent avait enfin réussi à se libérer de la dernière glaciation, ils étaient encore des vallées creusées par les glaciers et que Terre-Neuve n'avait rien à envier au Groenland. En préparant ma ballade, j'ai également appris que les roches qui m'entouraient appartenaient aux Laurentides, cette chaîne de montagne plus haute que l’Himalaya qui traversait le supercontinent Rodinia, il y a un milliard d'années, et dont la majeure partie constitue la rive nord du Saint-Laurent. 


Un 25 juillet au parc provincial de Blow Me Down



Côte ouest de Terre-Neuve, le relief s'est accentué mais d'anciens glaciers se sont arrangés pour arrondir les angles aussi bien des sommets que des vallées à la forme en U si caractéristique de leur passage.




Ici, les plages ne sont pas de sable blanc, mais les plantes qui y vivent ont les mêmes problèmes que sous les tropiques. Ce n'est pas l'eau qui manque, mais elle est salée et donc difficile à absorber; c'est une question de gradient osmotique. Alors, au lieu de dépenser de l'énergie pour l'absorber, il est plus simple de limiter son évaporation en épaississant l'épiderme des feuilles et en le recouvrant d'une cuticule cireuse.   

Caquillier édentulé

Mertensie maritime

Scutellaire toque

Patience pâle

Un 24 juillet à Twillingate (Terre-Neuve)

Il y a environ 470 millions d'années, le continent Laurentia (grosso modo l'Amérique du Nord actuelle) se rapprochait du continent Gondwana entraînant la fermeture de l'océan Iapetus qui les séparait. La collision des deux plaques tectoniques et la subduction (glissement d'une plaque sous l'autre) qui l'accompagnait ont provoqué une intense activité volcanique au milieu de Iapetus qui a abouti à la création d'un arc insulaire volcanique.
Qui dit éruption volcanique sous-marine, dit lave en coussins, une formation causée par le refroidissement brutale du basalte au contact de l'eau. C'est justement ce que ma blonde et moi recherchions dans une falaise de Twillingate quand notre attention a été attirée par un pipit d'Amérique.

On devine des formes arrondies qui correspondent aux coussins de lave, déformées par des événements géologiques ultérieurs
Pipit d'Amérique
Un peu plus loin, nous admirions les fondations granitiques de cet ancien arc insulaire quand notre attention a été attirée par des plants d'orpin rose. Pas moyen de profiter tranquillement du paysage !

Le granite de Twillingate s'est formé à la suite du lent refroidissement d'intrusion de magma dans la croûte océanique 
Il contient des inclusions d'amphibolite (noire) dont l'origine n'est pas certaine, peut-être des dykes dans le granite en refroidissement 

Orpin rose