Au ras des pâquerettes

Après la rencontre au sommet d'hier, en voilà une au ras des pâquerettes... ou devrais-je dire des vesces jargeaux (Avec ou sans x ? Nom propre ou adjectif ? Je n'ai pas trouvé la réponse, tout le monde évitant prudemment d'utiliser le pluriel). 
     

Rencontre au sommet

C'était le 27 août dernier dans le parc national des Monts Valin. Il avait neigeoté durant la nuit, le plafond était bas, mais nous étions décidés à faire la randonnée des sommets. Et puis, comme le dit une maxime ramenée d'Europe du Nord par des amis: "il n'y a pas de mauvais temps, seulement des mauvais vêtements". 

Partis tôt comme d'habitude pour éviter l'agitation bruyante de nos congénères, nous sommes arrivés, la tête et le reste dans les nuages, au pic de la Hutte. Tant pis pour le point de vue qui aurait pu être la cerise sur le sundae, mais nous étions là pour la nature et nous en avons eu.

Alors que nous nous apprêtions à redescendre, notre marche a été interrompue par l'irruption au bord de la passerelle d'une famille de neuf Tétras du Canada. C'était la deuxième fois que j'observais cette espèce; la première étant 15 minutes plus tôt en montant, probablement le même groupe. Puisque nos routes voulaient se croiser, nous nous sommes assis sur les marches de la passerelle pour laisser passer la troupe et profiter du spectacle. Aussi curieux, mais plus grégaire que nous, la famille a fini par nous rejoindre, tout en picorant à droite et à gauche bleuets et quatre-temps, puis a décidé de marquer une pause avec nous. Nous n'avions jamais été témoin auparavant d'un tel rapprochement délibéré de la part d'animaux autres que les puces, les poux et quelques autres parasites. C'est, plus tard, en nous renseignant sur l'espèce que nous avons appris que ce comportement était particulier aux tétras du Canada. Il a même été mis à profit par les chasseurs qui les tuaient avec un bâton (que peut-on espérer d'autre de l'homme ?)  

Les Monts Valin


Eric Gaba + YanikB / CC BY-SA
C'est le nom que l'on donne à cette chaîne de petites montagnes, au nord du fjord du Saguenay, qui culmine à 984 mètres au pic Dubuc. Les monts Valin ne sont qu'une infime partie du massif des Laurentides qui borde toute la rive Nord du Saint-Laurent et s'étend de l'Outaouais jusqu'au Labrador. Usées par le temps et des glaciers disparus, on a du mal à croire que ces montagnes ont déjà été aussi hautes que l’Himalaya, peut-être plus. C'était il y a un milliard d'années sur un supercontinent d'avant la Pangée appelé Rodinia. Depuis, bien des océans se sont ouverts et refermés, et beaucoup d'eau et de glace ont coulé. De la splendeur des Laurentides d'autrefois, il ne reste plus que leur socle de roches magmatiques. 

Mais bon, il n'y a pas que la taille qui compte, et à 48° de latitude nord, sous un climat continental, même à 900 mètres d'altitude, la température annuelle moyenne ne dépasse pas les -2°C et il tombe 5,5 mètres de neige par an. Rien d'étonnant alors que 65 % des plantes soient  boréales et que 5 % soient alpines.