Carte postale du Mont-Tremblant

L'hiver est aux portes de Montréal; nous l'avons trouvé au Parc national du Mont-Tremblant, à 2 heures de route vers le nord. 1510 km2 pour nous seuls ou presque; en trois jours, nous n'avons rencontré que quatre écureuils roux, deux geais bleus, deux pics chevelus, un pic mineur et une dizaine de mésanges à tête noire. Pour ce qui est de nos congénères, à part nos traces sur lesquelles nous sommes parfois repassés, rien à signaler. Sans le craquement de la neige glacée sous nos pieds et le claquement épisodique du bois causé par le soudain refroidissement, nous pouvions entendre le silence.

De nos jours, on ne peut plus prétendre être surpris par la météo. N'empêche, les premiers -20°C ne sont jamais très agréables et les premiers kilomètres à pied parcourus dans cette température comptent double. Le souffle est plus court quand le cœur est occupé à vous réchauffer. Heureusement, les capacités d'adaptation du corps humain sont fascinantes et le même effort le lendemain, à -15°C, vous fait transpirer.

L'eau le sait bien: si tu ne bouges pas, tu meurs
Même à dos de gouttelettes, la COVID ne peut pas voyager très loin par -20

Je ne me plains pas. Ce froid, je l'ai choisi et je fais partie de ceux qui peuvent s'en extraire en ouvrant une porte et en réglant un thermostat. Et si je veux me faire accroire que je suis encore capable d'une vie sans artifice, je peux toujours alimenter mon fantasme en jetant dans le foyer une ou deux bûches qu'une machine a coupé pour moi dans une forêt lointaine.

Geai bleu

Dans le sous-bois, il y avait de la neige, peut-être une quinzaine de centimètres. Pas assez pour les raquettes et c'est tant mieux, car si certains y voient une activité de loisirs "le fun" à pratiquer sur des sentiers tapés et retapés, personnellement je n'y vois qu'un moyen de locomotion nécessaire pour s'éloigner de ces mêmes sentiers sans être avalé par la neige. Il y en avait quand même assez pour que la vie s'y imprime et pour se pratiquer à la lire. Mais ce sera l'objet d'un autre billet.

Fougère de Noël

Pins blancs

Cet été, j'avais découvert le parc régional de Saint-Bernard-de-Lacolle grâce à ma blonde qui prospecte les accès à la nature les moins fréquentés. On y trouve de magnifiques pins blancs et d'innombrables thuyas de l'ouest qui poussent sur un affleurement calcaire. Il y a aussi une quantité phénoménale de balises de sentiers qui gachent vraiment le paysage, mais c'est néanmoins une belle place, assez grande pour ne pas y faire trop de rencontres. Et puis, tous ces perchoirs et abris pour le Grand-duc d'Amérique et la petite Nyctale méritaient bien que l'on y retourne pour voir si nous ne pouvions pas en surprendre au moins un. 

Finalement, la forêt est grande et comme au bout du compte c'est la nature qui décide, nous sommes rentrés bredouilles. Par ailleurs, cela fait si longtemps que je n'ai pas vu ces deux espèces de strigidés que je ne suis pas certain que mon oeil les trouverait s'il passait dessus. Peu importe, au moins il y avait du vert en forme de conifères, de mousses et de fougères de Noël, et ça fait du bien.

De toute façon, nous n'avons pas dit notre dernier mot et nous reviendrons en raquettes dans pas long, et sûrement en bottes au printemps, car quelque chose me dit que l'on peut y voir des plantes intéressantes.

La fougère de Noël (Polystic faux-acrostic, Polystichum acrostichoides) a affalé ses frondes pour pouvoir résister au poids de la neige et être la première à reprendre sa photosynthèse au printemps.

Rose avant d'être brune

Hier (ou juste sous cet article), je ne me rappelais plus le nom de cette plante qu'il me semblait pourtant avoir déjà rencontré au temps de sa splendeur.

Sur Twitter, Roger Latour, l'auteur naturaliste que l'on ne présente plus (voir Flora Urbana) et avec qui j'ai le privilège de correspondre, me suggérait une épilobe ou au moins une plante de la famille des onagracées.

Finalement, en cherchant dans mes photos du boisé du Tremblay, je l'ai retrouvée une cinquantaine de mètres plus loin et deux ans auparavant. Il s'agissait bien d'une épilobe, la colorée (Epilobium coloratum). Enfin, il me semble. Merci Roger.