Des orig(i)naux

Il y a quelques jours, nous campions, ma blonde et moi, au parc national du lac Témiscouata. C'était hors saison et en semaine, la meilleure période quand on n'aime pas partager la nature avec n'importe qui. Il y avait quelques-unes de ces mouches minuscules que l'on appelle mouches noires ou brûlots et qui vous laissent en remerciement de leur repas une goutte de sang, une belle enflure et des démangeaisons à n'en plus finir. C'était le prix à payer pour obtenir cette tranquillité que l'on ne trouve que loin des routes et des habitations.

Ce fut l'occasion d'apprendre que Grey Owl avait séjourné dans le parc, quand il n'en était pas encore un, dans une cabane au bord du lac à foin. Ce fut aussi l'occasion d'une rencontre inhabituelle avec trois orignaux. Ce n'était pas la première fois que nous croisions le chemin d'un orignal, parfois au sens littéral de l'expression. Toutefois, nos rencontres précédentes s'étaient toujours déroulées entre chien et loup, tôt le matin ou tard dans la journée, et n'impliquait qu'un seul individu ou une mère et son veau.

Cette fois-ci, nous étions en tout début d'après-midi et ils étaient trois. Nous marchions sur la rive du Grand lac Touladi, là où il donne naissance à la rivière Touladi. Invisibles pour eux et marchant en silence, nous les avons vus sortir du bois sur l'autre rive, relativement proche à cet endroit; Grey Owl aurait pu dire qu'elle était à portée de flèche. Ils donnaient l'impression de vouloir traverser et nous sommes descendus sur la rive pour les filmer tout en nous signalant à eux. Je ne m'y connais pas assez en orignal pour expliquer l'association de ces deux mâles et de cette jeune femelle en cette saison (sur la vidéo ci-dessous, vous remarquerez les bois naissants des mâles et la tache vulvaire blanche de la femelle). En revanche, j'ai pu constater de mes propres yeux que la réputation de bon nageur de l'orignal n'était pas surfaite. Je ne suis pas sûr d'avancer aussi vite en canoe.

Mouette de lac

Si les mouettes sont généralement associées au milieu marin, certaines peuvent se voir ailleurs. C'est le cas de la Mouette de Bonaparte qui niche dans les épinettes de la forêt boréale, autour d'un lac ou d'un marais. 

Aussi, ne soyez pas surpris si, comme moi, vous en observez une en compagnie de trois orignaux, sur le Grand lac Touladi du parc national du Lac-Témiscouata, au cœur des Appalaches.

Une grande mouette (la tâche noire derrière l'œil) avec un bec noir et des pattes roses suggère une mouette de Bonaparte. Si elle n'a pas la tête noire, c'est qu'il s'agit d'un adulte en dehors de la période de nidification ou d'un immature. Le brun dans les ailes et le mois de juin oriente vers un immature. 

Maîtres-composteurs

Le raton laveur de cette nuit a fait le tri et n'a laissé que la peau d'orange, les filtres à café et les tulipes fanées. 

J'ai le privilège d'avoir un jardin; j'ai donc un composteur. Cette relation de cause à effet, simple et utile à plus d'un égard, est pourtant beaucoup moins répandue que d'autres plus discutables sur le plan environnemental ou économique comme : "j'ai un jardin, donc j'ai une piscine" ou "j'ai un jardin, donc j'ai une tondeuse".

Ce composteur me permet de réduire énormément les quantités de déchets d'origine végétale (fruits, légumes, rebuts de jardin, papier, essuie-tout et mouchoirs) que je confie à ma ville et de nourrir le jardin, contribuant ainsi à une espèce de cercle vertueux.

C'est un composteur que j'ai construit avec des restes de planches (voir ici) et que je referai plus simple et pratique quand il sera temps. Par exemple, je l'ai doté d'un couvercle qui s'avère inutile avec le recul. Aujourd'hui, je préfère laisser la pluie humecter le compost et les ratons laveurs venir se nourrir dedans, participant ainsi à son aération en fouillant les déchets. Je l'ai aussi fait plus haut que large; ce qui ne facilite pas la manipulation de son contenu. En fait, j'aurais dû faire comme mon grand-père: un trou rectangulaire dans le sol, entouré de quatre planches, dans un coin du jardin.    

J'ai beau ne pas avoir l'autorité et les compétences d'un maitre-composteur européen, tout fonctionne très bien, sans autre odeur que celle de l'humus et à une vitesse qui me surprend parfois, pourvu que les températures soient positives. Il faut dire qu'il grouille de travailleurs: lombrics; cloportes, mille-pattes et autres créatures invisibles à l'œil nu.