Des rouilleux de passage

🎧 Article avec ambiance sonore :

Une Quiscale rouilleux

Chez nous, à Longueuil (Québec), les quiscales rouilleux ne font que passer. Ils sont en route pour la forêt boréale dans laquelle ils nichent, généralement à proximité d'un point d'eau. Pour avoir une chance de les observer, il faut être là au bon moment, car ils ne s'éternisent pas. C'était notre cas, il y a trois jours. 

En fin d'après-midi, des grincements monocordes en provenance du bois nous ont prévenus de leur présence. Ils étaient là, mâles et femelles, sautant d'un billot à l'autre dans le bois inondé, à la recherche de nourriture. À peine plus gros qu'un carouge à épaulettes et bien plus petits que leurs cousins bronzés, ils partagent néanmoins avec ces derniers ce regard foudroyant que même un écureuil gris n'ose soutenir. Le lendemain, ils n'étaient déjà plus là.  

Un Quiscale rouilleux

Je t'ai vu


Hier, je n'étais pas seul à explorer le jardin. Il y avait aussi un crapaud d'Amérique qui, dès qu'il m'a aperçu, s'est enfui ventre à terre pour s'immobiliser et reprendre son souffle sous les premières pousses. Dans le cas des crapauds, l'expression ventre à terre n'est ni une figure de style, ni un synonyme de vitesse.  Bedonnants et courts sur pattes, les pauvres font ce qu'ils peuvent pour échapper à ceux qui leur voudraient du mal et misent plus sur leur mimétisme et les glandes à venin qui les recouvrent que sur leur vitesse. 
Au jardin, les observations de crapaud sont régulières, mais occasionnelles, peut-être une fois par année et généralement à cette époque ; cela doit correspondre à quelque chose. Mon hypothèse est que la dispersion post-nuptiale des crapauds, la couverture végétale encore incomplète du jardin et mes visites printanières plus assidues concourent à la rencontre. 

Vers la fin, tout s'accélère

Avant, le combat était plus égal. À la fin de la journée, on comptait à peine plus d'arbres abattus que d'hommes fourbus. À la scie ou à la hache, on y pensait à deux fois avant de faire couler la sueur et la sève.

Aujourd'hui, il suffit à un seul homme de tirer sur le cordon de sa tronçonneuse pour coucher une quinzaine de gros arbres en une journée de travail. L'odeur de l'essence a remplacé celle des résines et le vacarme des moteurs couvre le craquement sinistre des arbres qui tombent.